24 heures,
Switzerland
September 11: 'A Terrible Shock; a Disastrous Response'
By Philippe Dumartherray
Translated By Sandrine Ageorges
September 12, 2006
Switzerland - 24 Heures - Original Article (French)
President Bush delivers his September 11
address to the nation, Sept, 11. (above).
—WHITE HOUSE VIDEO: President Bush's Oval
Office address to the nation, Sept. 11, 00:16:16
[SLIDE SHOW: September 11, Five Years On].
Firefighters Walking near the base of the destroyed
World Trade Center towers, Sept. 11, 2001. (below).
A man grieves at the World Trade Center site, September 11. (above).
—BBC NEWS VIDEO: Five years of the War on
Terror; Are we safer?, Sept. 11, 00:03:23
President Bush explains to a crowd in Atlanta how he
is 'fixing' the problems' exposed by Sept. 11. (above).
The President and Mrs. Bush at memorial ceremony
at Ground Zero, New York, Sept. 11. (above).
—BBC NEWS VIDEO: Americans remember
Sept. 11, 2001,
Sept. 11, 00:02:56
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It's been five years already. Usually, anniversaries have
a tendency of plunging us back into the past, to isolate an event, to describe
it, to do the needed work of remembering, but too seldom to draw useful lessons
for the future. But with September 11, 2001, everything is different. The world
revolves around this pivotal date, which completely conditions our present
lives. Just think about the security measures surrounding air travel.
Certainly, at the time there was the trauma of the
attacks and an immense compassion for the American people, who were deeply
effected, body and soul. But then there were other tragic events that make September 11 appear as
a battle in the midst of an unfinished war. An audacious comparison perhaps,
but September
11 reminds us of the disaster at Dunkirk during the Second World War. Both events delivered a psychological shock
that exposed our weaknesses and blindness, and confronted us with a world that
had changed without our becoming aware of it.
But in large measure, September 11 is the
story of the tragic failure of the response to these traumatizing attacks. War in Afghanistan; in Iraq; a hysterical and counterproductive
struggle against terrorism, with its slip-ups that tarnished the image of our
democracies. When intelligence was required, brutal force against the
wrong targets was employed instead.
Let's be clear about this. After September 11, America
could not remain with her arms crossed, merely resorting to diplomacy. Such an
attitude would have been interpreted as a sign of weakness; as though the
world's hyperpower is incapable of defending itself. In this context, the war
in Afghanistan was undoubtedly legitimate. After all, bin Laden had found
refuge amongst the Taliban. And for the record, these same Taliban, and this
must be understood, didn't achieve power in Kabul without the benefit of
several backers, including indirect support from the United States.
Even so, there was a certain coherence to the idea of striking the enemy at the heart. The
result? pitiful. Bin Laden is still on the loose,
the Taliban are making a strong comeback and the country is again covered with
fields of poppy. Afghanistan is at the edge of collapse.
The case of Iraq is worse again. To blindness was
added a messianic ideology. Saddam was surely a criminal, but he didn't
represent a real threat. He had neither contacts with terrorist groups linked
to al-Qaeda nor weapons of mass destruction. In this bad American case file all
that remains is a helpless rage and the vengeance associated with the desire to
control Iraq's oil resources. In a word, an operation guided by ideology and meant,
moreover, to bring home a "jackpot." As delirious an adventure as was
the departure of the Crusaders a thousand years earlier. After all, their motivations
while marching to the Holy Land were not only religious.
This series of events has obviously contributed to a
hardening on all fronts. Where we should have isolated those who practice
terrorism, Washington supplied the compost of fantasy that confirmed their own thesis
and reduced reality to a black and white world. As the Americans developed
their response, they found echoes and confirmation [of their thesis] amongst stricken
populations, who were the first victims of the American steam roller.
At the end of the day, the result is stupefying. Bush's
America, victim of September 11, has become a torturer in the eyes of most of the
world's residents.
German
Version Below
11
septembre, un épouvantable choc et de désastreuses ripostes
11
SEPTEMBRE 2001 «Là où il aurait fallu utiliser
l’intelligence, on a usé d’une force brutale
dirigée de plus contre de mauvaises cibles»
PHILIPPE DUMARTHERAY, Rédacteur en chef adjoint
Publié
le 11 septembre 2006
Cinq
ans déjà. D'habitude, les anniversaires ont pour vocation de nous replonger
dans le passé, d'isoler un événement, de le décrire, de faire un nécessaire
travail de mémoire et, trop rarement d'en tirer d'utiles leçons pour le futur.
Avec le 11 septembre 2001, tout est différend. La marche du monde tourne autour
de cette date pivot qui conditionne toujours complètement notre présent.
Pensons simplement aux mesures de sécurité dans le trafic aérien.
Il
y a, certes, eu le traumatisme de l'attentat, une immense compassion pour le
peuple américain touché dans sa chair et son âme. Mais il y a eu ensuite
d'autres événements tragiques qui font que le 11 septembre apparaît comme une
bataille importante au milieu d'une guerre qui n'est pas terminée.
Rapprochement trop audacieux peut-être, le 11 septembre rappelle en pire encore
le désastre de Dunkerque au cours de la deuxième Guerre mondiale. Un choc
psychologique qui a mis à nu nos faiblesses et notre aveuglement face à un
monde qui a changé sans que nous en prenions conscience.
Mais
le 11 septembre c'est surtout l'histoire de l'échec tragique des ripostes
apportées à ces attentats traumatisants. Guerre en Afghanistan, en Irak, lutte
hystérique et contre-productive contre le terrorisme avec ses dérapages qui ont
terni l'image de nos démocraties. Là où il aurait fallu utiliser
l'intelligence, on a usé d'une force brutale dirigée de plus contre de
mauvaises cibles.
Comprenons-nous
bien. Après le 11 septembre, l'Amérique ne pouvait pas rester les bras croisés,
ne recourir qu'à la diplomatie. Cette attitude aurait été interprétée comme un
signe de faiblesse, comme l'incapacité de l'hyper mondiale à se défendre. Dans
ce contexte, la guerre d'Afghanistan était sans doute légitime. Après tout, Ben
Laden avait trouvé refuge chez les talibans. Pour la petite histoire, ces mêmes
talibans, il faut le savoir, ne sont pas arrivés au pouvoir à Kaboul sans
bénéficier de quelques soutiens. Dont ceux, indirects, des Etats-Unis.
Malgré
tout, il y avait une certaine cohérence à frapper l'ennemi au cœur. Le
résultat? Pitoyable. Ben Laden court toujours, les talibans reviennent en
force, le pays est à nouveau couvert de champs de pavot. L'Afghanistan est au
bord de l'effondrement.
Le
cas de l'Irak est pire encore. A l'aveuglement s'est ajoutée une idéologie
messianique. Saddam était, certes, un criminel. Mais il ne constituait pas une
réelle menace. Il n'avait ni contacts avec les mouvements terroristes liés à
Al-Qaida, ni armes de destruction massive. Dans le mauvais dossier américain ne
sont finalement restées que la rage impuissante et la vengeance associées à
l'envie de contrôler les ressources pétrolières irakiennes. En un mot, une
opération guidée par l'idéologie et censée de surcroît rapporter le jackpot.
Une aventure délirante comme le furent mille ans plus tôt le départ des
Croisés, dont les motivations n'étaient pas que religieuses, vers la terre
sainte.
Ces
événements successifs ont évidemment contribué à cristalliser les fronts. Là où
il aurait fallu isoler ceux qui pratiquent le terrorisme, Washington a réduit
la réalité à un monde binaire en leur fournissant un fantastique terreau où ils
ont pu confirmer leur thèse, développer leurs actions, trouver des échos et des
relais auprès de populations, premières victimes du rouleau compresseur
américain.
Au
bout du compte, le résultat est ahurissant. L'Amérique de Bush, de victime du
11 septembre, est devenue un bourreau aux yeux d'une grande majorité de
terriens.