Duel Between 2 Hated Candidates To Succeed Obama

<--

«Si des petites filles ont veillé ce soir […], je voudrais leur dire que je deviendrai peut-être la première femme présidente, mais que l’une d’entre vous sera la prochaine», a finalement triomphé Hillary Clinton à Philadelphie. Avec «l’effet femme», «elle fait l’Histoire», commente le Financial Times. «Madame la candidate présidentielle», résume en une formule Le Devoir de Montréal. «Clinton captures historic nomination», ajoute le Washington Post. De son côté, RTL Belgique, également saisi par cette image de la candidate entourée de jeunes filles, précise qu’elle «acceptera formellement sa nomination jeudi soir en clôture de la convention démocrate, avant de repartir en campagne dès le lendemain avec son colistier Tim Kaine pour espérer l’emporter le 8 novembre face au républicain Donald Trump».

Lire aussi: Hillary Clinton, première femme candidate à la Maison-Blanche

Dans la foulée, le Wall Street Journal se livre à une très savante analyse des forces en présence, pour conclure qu’en réalité, même si Trump devance actuellement de peu sa rivale dans les derniers sondages, le jeu demeure très ouvert, comme le montrent les graphiques animés des Echos. Mais beaucoup de voix sont cependant inquiètes. Comme le relève par exemple Le Point, un «clown à temps partiel et sociopathe à temps plein, va devenir notre prochain président».

Lire aussi: C’est officiel: Donald Trump est le candidat du Parti républicain

L’affirmation est signée Michael Moore, réalisateur activiste et ardent supporter de Bernie Sanders, auteur notamment de Bowling for Columbine, qui, sur son blog, détaille les «cinq raisons pour lesquelles Trump va gagner». Il ajoute: «Jamais de toute ma vie je n’ai autant souhaité me tromper.» Alors, comme en écho à ses propos, «les derniers sondages indiquent que le milliardaire rattrape son retard» sur sa rivale démocrate, dont USA Today a surtout remarqué que son mari lui a livré «une ode» à Philadelphie, redevenant son «meilleur ami», ironise la BBC. Cela suffira-t-il? Rien n’est moins sûr. Une opinion parue dans le Los Angeles Times prévoit même «un coup d’Etat» similaire à ce qui s’est passé en Turquie si Trump parvient à la Maison-Blanche. Conclusion: «Les électeurs doivent l’arrêter avant que les militaires ne doivent le faire eux-mêmes.»

Pour l’heure, cela ne change rien à l’affaire et aux polémiques en cours… Quel que soit le résultat final, selon le site Japan Today, elle «devrait être en prison» à cause de la fuite de ses courriels de secrétaire d’Etat et lui «menace l’existence même de l’Amérique». «Ce ne sont pas là que des opinions marginales» qui révèlent «l’amer clivage politique de la nation». Et cela signifie surtout que le 9 novembre prochain, «des dizaines de millions d’Américains se réveilleront en réalisant que quelqu’un qu’ils détestent sera devenu le 45e président des Etats-Unis».

Dans ce contexte, on peut en rajouter à l’incertitude avec Radio France internationale, qui rappelle que «les électeurs latino-américains seront 27 millions à voter lors de l’élection présidentielle […]. Ils représentent 12% de l’électorat total, une minorité très prisée par […] les candidats à la Maison-Blanche, et notamment dans trois Etats clés des Etats-Unis, les fameux swing states: la Floride, le Colorado et le Nevada. Leurs électeurs sont réputés indécis et la communauté hispanique, fortement représentée, pourrait faire pencher la balance. Mais elle se déplace peu aux urnes.»

Bref, ce sera serré, ce combat de mal-aimés! Le Monde l’écrivait déjà au début du mois de juin: «De l’affrontement qui s’annonce, on ne sait que deux choses. La première est qu’il n’aura rien d’un débat académique sur les mérites des propositions de l’une et de l’autre. Donald Trump a, dès le début, donné le ton de la saison politique 2016: l’insulte personnelle, le propos raciste, les menaces physiques, les mensonges éhontés, l’ensemble emballé au nom du refus d’un politiquement correct qu’on finira par regretter, et qui serait celui des «élites». La seconde est que rarement, depuis 1945, deux candidats à la présidentielle ont eu des cotes de popularité aussi basses. Ni Hillary Clinton ni Donald Trump ne sont des postulants aimés.»

De surcroît, «l’une et l’autre sont des candidats faibles. Jugée manipulatrice et peu sincère, Hillary Clinton incarne la quintessence d’une élite politique proche des milieux financiers, exactement ce que rejette l’électorat. Vulgaire, volontiers démagogue et sans la moindre expérience politique, Donald Trump est porté par des électeurs masculins, plutôt pauvres et majoritairement, sinon exclusivement, blancs, à l’opposé de l’évolution démographique du pays.» Reste que pour le quotidien français, Hillary Clinton «mérite sa victoire».

Ah bon, et pourquoi donc? Parce que «la bataille pour l’accès des femmes aux plus hautes responsabilités, elle la mène depuis sa jeunesse. Personne ne peut lui contester un passé militant exemplaire. Elle a la passion de la chose publique. Technocrate hypercompétente, elle a acquis la patience et la science du compromis qui sont en politique la voie de la réforme. Constamment soumise à une pression médiatique sans pitié depuis l’élection de Bill Clinton à la présidence (1992-2000), elle a fait montre d’une ténacité sans égale. Cette femme s’est forgée dans l’épreuve: elle encaisse et sait répondre, dignement.»

C’est exactement ce qu’a voulu prouver Bill Clinton lors de son discours à la convention démocrate, au point que la Frankfurter Allgemeine Zeitung se contente de ce titre sibyllin: «Bills Hillary». La Stampa de Turin évoque aussi longuement cette «dynastie», qu’elle résume à un binôme: «Le pouvoir et l’amour à l’américaine». Comme une série télé? «Bureau Ovale, saison 3, épisode 19 – L’effet de rebond obtenu par Donald Trump au sortir de la convention de Cleveland» jouera-t-il également au final «pour Hillary»? «A partir de là, nous assisterons à un combat à quasi armes égales…» conclut le Journal du dimanche.

About this publication