Trump’s Dangerous Game

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En refusant de condamner rapidement et explicitement les actes commis par des groupes d’extrême droite, le président américain leur a offert une plate-forme. Une attitude irresponsable, alors que les tensions raciales restent vives aux Etats-Unis

Le tollé déclenché par la réaction de Donald Trump au drame de Charlottesville, en Virginie, met à nouveau en lumière sa réticence à condamner des groupes identitaires d’extrême droite. Une jeune femme de 32 ans, militante antiraciste, est morte sous les roues d’une voiture conduite par un sympathisant néonazi de 20 ans désormais inculpé de meurtre. Donald Trump s’est attiré les foudres en renvoyant dans un premier temps les deux camps dos à dos.

Sa timide réaction – il a dénoncé l’«énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence» émanant de «diverses parties» –, en lieu et place d’une condamnation forte et claire, a provoqué un tsunami de réactions. Ce n’est que dans un deuxième temps que la Maison-Blanche a cherché à éteindre l’incendie. En précisant que la condamnation incluait «bien sûr les suprémacistes blancs, le KKK, les néonazis et tous les groupes extrémistes».

L’attitude du président américain est dangereuse et irresponsable. Elle est dangereuse car en ne dénonçant pas explicitement les mouvements de haine et leurs actes ignobles, elle leur confère une légitimité, dans une Amérique où les tensions raciales sont vives. Irresponsable, car elle permet à des individus comme David Duke, un ancien dirigeant du KKK, de déclarer à qui veut l’entendre qu’il réalisera ce que le président a promis: rendre à l’Amérique sa grandeur. Les extrémistes de droite ne cachent plus se sentir pousser des ailes depuis l’élection de Donald Trump.

Pendant la campagne présidentielle déjà, il peinait à se distancier des suprémacistes blancs, qui se targuent aujourd’hui de l’avoir porté au pouvoir. Il cultive l’ambiguïté, allant jusqu’à s’entourer de fervents défenseurs de l’Amérique blanche comme Stephen Bannon, son controversé conseiller stratégique. Le vice-président Mike Pence a beau avoir tenté de calmer la controverse dimanche, le mal est fait.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, 62 des 85 attaques extrémistes recensées aux Etats-Unis étaient le fait de suprémacistes blancs. Si Donald Trump continue de louvoyer dangereusement alors que l’«alt-right» s’est déjà invitée à la Maison-Blanche, s’il continue de minimiser des actes racistes et meurtriers à travers sa rhétorique anti-étrangers, une chose est sûre: il provoquera d’autres drames comme celui de Charlottesville.

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