Le Figaro,
France
'A Turning Point in the History of Our Planet'
“The United States cannot entertain the idea of a negotiated solution with 'delinquent countries' while simultaneously threatening 'regime change,' which only encourages them to acquire a weapon of peerless dissuasion.“
EDITORIAL By Pierre Rousselin
Translated By Sandrine Ageorges
October 10, 2006
France - Le Figaro - Original Article (French)
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The nuclear test just conducted by the Stalinist regime
in North Korea is one of those events that mark a turning point in the history
of our planet.
If it has provoked unanimous condemnation, it is
because it promises to destabilize the Far East, but also and specifically, because
it underlines the global scale of the failure of non-proliferation. It is a
failure that can no longer be hidden.
In Asia, Pyongyang's possession of the nuclear bomb is
likely to spark an arms race. South Korea, whose capital is within reach of the
North's artillery, Japan, Taiwan and even China - which has proven unable to
reason with its ally - can no longer ignore the threat of a paranoid regime
with a nuclear capacity on their doorsteps. From this moment forward, each one
has the right to protect itself from potential attack.
Taking
into account North Korea's propensity to export sensitive weapons such as ballistic
missiles or nuclear weapons, the immediate danger is not limited geographically.
The risk of proliferation is multiplied by a power of 10 by the desperation of
the regime, which will not forgo any method of acquiring hard currency to enable
it to survive.
The
accession of Pyongyang to the rank of a nuclear power, the 9th such nation, is
especially an event of great symbolism, and the consequences of the event will
be felt well beyond the regional context. On every continent, nations that aspire
to play a role in the global power structure are watching what happens when a country
frees itself from the constraints of non-proliferation.
Iran is clearly of primary concern. If nothing is done
beyond verbal condemnation to halt Pyongyang's race for nuclear weapons, how
can we expect to stop the Islamic Republic from acquiring them too? The North
Korean test was also a test for Iran.
Like other capitals, Teheran noted that India and
Pakistan didn't suffer long upon joining the club of nuclear powers. Didn't
Washington offer to cooperate with New Delhi just scant years after India left
the Nuclear Nonproliferation Treaty? If the North Korean precedent remains
unanswered, Iran will be the next country to cross the threshold, and others
will soon follow.
[Guardian Unlimited, U.K.]
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It is uncertain whether time remains to stop this mad
race. But one thing is certain: that the United States cannot entertain the
idea of a negotiated solution with "delinquent countries" while simultaneously
threatening "regime change," which only encourages them to acquire a weapon
of peerless dissuasion.
The military option being out of the question in the
case of North Korea, as it is for Iran, it is urgent
to redefine the rules of the game. To reestablish the credibility of what
remains of the non-proliferation regime, a mechanism of incentives and
penalties to be applied to all countries must be quickly arrived at.
French
Version Below
La non-prolifération en échec
L'éditorial
de Pierre Rousselin .
10
octobre 2006
L'essai
nucléaire auquel vient de procéder le régime stalinien de Corée du Nord est un
de ces événements qui marquent un tournant dans l'histoire de notre planète.
S'il
a suscité une condamnation unanime, c'est parce qu'il annonce une
déstabilisation de l'Extrême-Orient mais aussi, et surtout, parce qu'il marque
l'échec du régime de non-prolifération à l'échelle mondiale. Un échec qu'il n'est
plus possible de dissimuler.
En
Asie, la détention par Pyongyang de la bombe atomique risque de déclencher une
course aux armements. La Corée du Sud, dont la capitale est à la portée de l'artillerie
du Nord, le Japon, Taïwan et même la Chine, qui vient de se montrer incapable
de faire entendre raison à son allié, ne peuvent ignorer la menace que
constitue la présence à leurs portes d'un régime paranoïaque disposant de la
capacité nucléaire. Chacun est désormais en droit de se prémunir contre une
éventuelle attaque.
Le
danger immédiat n'est pas limité géographiquement, compte tenu de la propension
nord-coréenne à exporter ses armements sensibles, qu'il s'agisse de missiles
balistiques ou de matières nucléaires. Le risque de prolifération est décuplé
de la part d'un régime aux abois qui ne reculera devant aucun trafic pour
obtenir des devises lui permettant de survivre.
L'accession
de Pyongyang au rang de neuvième puissance nucléaire est surtout un événement d'une
portée symbolique dont les conséquences se feront sentir bien au-delà du
contexte régional. Sur tous les continents, les pays qui aspirent à jouer un
rôle de puissance mondiale sont en train d'observer ce qu'il se passe lorsque l'on
s'affranchit des règles de la non-prolifération.
L'Iran
est évidemment le premier concerné. Si rien n'est fait, au-delà des
condamnations verbales, pour arrêter la course de Pyongyang à l'arme nucléaire,
comment empêchera-t-on la République islamique de se doter à son tour de la
bombe? L'essai nord-coréen est aussi un test pour l'Iran.
Comme
d'autres capitales, Téhéran a déjà pu constater que l'Inde et le Pakistan n'avaient
pas souffert longtemps de leur accession au club des puissances nucléaires. New
Delhi ne s'est-il pas vu proposer par Washington une coopération, quelques
années seulement après être sorti du traité de non-prolifération nucléaire
(TNP)? Si le précédent nord-coréen est laissé sans réponse, l'Iran sera le
prochain pays à franchir le seuil et d'autres suivront après lui.
Il
n'est pas certain qu'il soit encore temps d'arrêter cette course folle. Mais
une chose est sûre : les États-Unis ne peuvent prétendre à une solution
négociée avec ces « pays voyous » tout en continuant à brandir la
menace d'un «changement de régime», qui ne peut que les inciter à se doter d'une
dissuasion sans faille.
L'option
militaire étant exclue dans le cas nord-coréen, comme elle l'est pour l'Iran,
il est urgent de redéfinir les règles du jeu, en prévoyant un mécanisme de
sanctions et d'incitations applicable quel que soit le pays, afin de rétablir
la crédibilité de ce qu'il reste du régime de non-prolifération.