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By Pierre-Yves Dugua, Washington Correspondent
November 8, 2005
Le Figaro - Home Page (French)
The unemployment rate for Blacks in the
The result of more flexible legislation that facilitates hiring, these figures help explain
In a capitalist country where private initiative is a source of economic growth, the gratuitous destruction of private property is cracked down upon strongly. Such was the case on the afternoon of April 28, 1992 in South Central Los Angeles, where violent riots broke out following the acquittal of a White police officer [four, actually] for violence inflicted upon a Black. The very next day, the mayor declared a state of emergency and instituted a curfew. Police reinforcements were hurriedly dispatched to Los Angeles, and 2,000 Californian National Guardsmen were mobilized. President Bush Senior announced, as soon as April 29, that anarchy would not be tolerated. Two days later he repeated his message to the nation in a televised speech. His message was credible: at that very moment, federal military vehicles were patrolling the streets of South Central.
—READ MORE: 1992 Los Angeles Riots[Editor's Note: What made matters even worse was that the vicious beating Rodney King had received at the hands of four White police officers had been filmed, and the entire nation had seen it played over and over again on their TV screens before the officers were acquitted. It was not only the Black population that found the not guilty verdicts incomprehensible. Many have referred to the resulting violence as an 'uprising,' rather than a riot].
This massive, rapid response is in part explained by the fact that certain rioters were armed. Several people had been killed in fires and confrontations. Businesses singled out for attacks were often owned by Koreans, determined to protect their property by gunfire if necessary. The use of force in the defense of private property is a firmly established value in American culture.
American capitalism also dictates, on principle, the obligation to defend private property. Private initiative - in other words, real estate developers, business owners, philanthropists and private foundations - are called upon to come to the rescue of the poorer neighborhoods. Americans are of the opinion that public aid spent on the ghetto's poor is worthless without first ensuring the protection of private property.
The relationship between the American citizen and the police forces is far different from that which prevails in
Black and Hispanic leaders are the first to demand that police patrol sensitive neighborhoods, because the first victims in a riot are often minority families and businesses. However, a police presence is only seen as legitimate if the population is able to identify itself with the forces of order. In this regard, administrative decentralization is very effective. Sheriffs are elected directly by the citizenry. In the large cities, police chiefs are designated by elected officials. There really is no national police force in the
In the
Indeed, the American justice system is "practical" before being "just." Keeping delinquents for years behind bars is considered useful public policy. The prison system is seen as a means of protecting honest citizens, even though it may deprive young people of their liberty for long periods of time - young people who might instead have been rehabilitated. More than two million youth under the age of 18 are arrested each year by the American police. In the
The crime rate continues its downward trend in the
* Washington correspondent for Le Figaro.
French Version Below
Aux États-Unis, la carotte capitaliste et le bâton sécuritaire
L'analyse de Pierre-Yves Dugua
08 novembre 2005
L'Amérique n'est pas à l'abri d'une crise comme celle que la
Le taux de chômage des Noirs aux Etats-Unis est passé de 9,4% en septembre à 9,1% en octobre. Dans le même temps, celui des Américains hispaniques a plongé de 6,5% à 5,8%. En un an, la proportion de chômeurs parmi les moins de 20 ans a régressé de 17,4% à 15,9% (alors que plus d'un jeune sur cinq est victime du chômage en
Obtenus grâce à une législation sociale souple, qui facilite l'embauche, ces indicateurs aident à mieux comprendre la relative stabilité sociale de l'Amérique. L'intégration graduelle de millions d'étrangers venus d'Asie et d'Amérique latine dans les années 80 et 90 pour travailler, et non pas pour chercher une protection sociale à l'européenne, est en outre facilitée par la longue tradition américaine d'immigration.
Dans un pays capitaliste où l'initiative privée est un moteur de croissance, la destruction gratuite de la propriété privée est vivement réprimée. Il en fut ainsi le 28 avril 1992 en fin d'après-midi, dans le quartier de South Central à Los Angeles, où des émeutes violentes avaient éclaté, après l'acquittement d'un policier blanc dans une affaire de violence sur un Noir. Dès le lendemain, le maire de la ville déclarait l'état d'urgence et un couvre-feu. Des renforts de police furent dépêchés par avion à Los Angeles. 2 000 soldats de la Garde nationale californienne étaient mobilisés. Le président Bush père annonça, dès le 29 avril, que l'anarchie ne serait pas tolérée. Le surlendemain, il s'adressait au pays dans un discours télévisé sur le même thème. Son message était crédible : au même moment, les véhicules militaires fédéraux sillonnaient South Central.
Cette réponse rapide et massive s'explique en partie par le fait que certains émeutiers étaient armés. Plusieurs personnes avaient trouvé la mort dans des incendies et des affrontements. Les commerces attaqués par les casseurs étaient souvent tenus par des Coréens, déterminés à défendre leurs biens avec leurs fusils. La défense de la propriété privée par le recours à la force est une valeur ancrée dans la culture américaine.
Les principes du capitalisme américain dictent aussi la nécessité de défendre la propriété privée. C'est à l'initiative privée, c'est-à-dire aux promoteurs immobiliers, aux commerçants, aux philanthropes et aux fondations privées que l'on confie le soin de sortir des quartiers pauvres de l'ornière. Aux Etats-Unis, on estime que l'aide publique aux personnes défavorisées vivant dans des ghettos ne sert à rien si, au préalable, la police ne peut pas aussi y protéger la propriété privée.
Le rapport des Américains avec leur police est très différent de celui qui prévaut en
Les leaders noirs et hispaniques américains sont les premiers à réclamer des patrouilles de police dans les quartiers chauds. Car les premières victimes des émeutes sont souvent des familles ou des commerçants issus de minorités. La présence policière n'est cependant légitimée aux Etats-Unis qu'à condition que les citoyens se reconnaissent dans les forces de l'ordre. Sur ce point, la décentralisation administrative est très positive. Les shérifs sont des élus du peuple. Dans les grandes villes, les chefs de la police sont choisis par les élus municipaux. Il n'y a pas vraiment de police nationale aux Etats-Unis, de Gendarmerie ou de CRS, de même qu'il n'y a pas davantage de ministre américain de la Police. Comme on l'a vu lors du passage de l'ouragan Katrina, Washington ne peut aider une ville ou un Etat que si la collectivité locale le demande et conserve la maîtrise de l'opération.
Aux Etats-Unis, les agents patrouillent les quartiers où ils habitent, dont ils parlent les langues et connaissent les cultures. Si, dans certains quartiers de Los Angeles, par exemple, les relations de la population noire avec la police restent mauvaises, c'est parce que les habitants ne s'identifient pas aux agents et à leurs méthodes. Un autre élément fondamental de la prévention du désordre dans les ghettos urbains, réside dans la dureté du système pénal américain. Quiconque qui tire sur un policier américain peut s'attendre à finir sa vie en prison. Dans certains Etats, l'auteur d'un tel acte, à condition que la police ne tire pas plus vite que lui, sera condamné à mort. Il est impensable aux Etats-Unis que des forces de l'ordre sous le feu de casseurs ne ripostent pas.
De fait, la justice américaine vise «l'utile» avant de viser «le juste». Garder pendant des années sous les verrous des délinquants est considéré comme une mesure d'utilité publique. La détention est perçue comme un moyen de protection des honnêtes gens, bien qu'elle aboutisse à priver longtemps de liberté des jeunes qui auraient pu être réhabilités. Plus de deux millions de mineurs sont arrêtés chaque année par les polices américaines. A ce jour, 2 225 personnes sont emprisonnées à vie aux Etats-Unis pour des crimes commis alors qu'elles étaient mineures, et elles n'ont aucune possibilité de bénéficier d'une libération anticipée.
La criminalité continue de baisser aux Etats-Unis. Les conservateurs sont convaincus que cela tient au gonflement de la population carcérale. Sur 100 000 résidents américains, 486 sont derrière les barreaux. 8,4% des hommes noirs de 25 à 29 ans sont incarcérés. Cette proportion n'est que de 1,2% pour les hommes blancs du même âge. De tristes statistiques qui n'empêchent pas les Américains de dormir.
* Correspondant du Figaro à Washington.