Bush in India ... to Cement His Place in History
Editorial by Yves Thréard
Translated By Kate Brumback
March 2, 2006
Le Figaro - Home Page (French)
President Bush Speaks in New
Delhi's Old City, Friday.
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Afghanistan, India, Pakistan. The voyage begun yesterday by George W. Bush in South Asia is not solely for diplomatic purposes. A few months before the midterm elections, which are very important for the Republican Party if it wants to retain a majority in the Congress, is also meant to have an impact on the other side of the Atlantic. Seen from the United States, Afghanistan and Pakistan are lands of terrorism. As for India, a nuclear power, it is not a natural ally for Washington. The American president is thus looking to show his courage, and to show, two years before he retires from the White House, that he is not abandoning places he reached out to after the attacks of September 11, 2001. In short, Bush is working for history.
At home, he is at his lowest point in the polls: never since the Second World War has a president been so unpopular, except for Nixon during Watergate. The Americans, who supported the war in Iraq in the beginning, disapprove of it today: two thirds of the GIs on the ground want to go home. Finally, he is at the center of numerous polemics in his country: poor management of Hurricane Katrina; implication of his entourage in fraud, security and lobbying scandals: aborted retirement, immigration and education reforms; and his contested plan to sell six American ports to a company in Dubai. The clouds are gathering, his political choices and his ethics put to the test.
But, in spite of the internal American "vertigo" described by Bernard-Henry Lévy in his latest book [More], Bush continues to respond to the allure far-flung places, because it is beyond U.S. borders that his ambition lies: establishing a new international order. Though tracking Islamists and imposing democracy in Afghanistan and Pakistan resembles a Herculean task, bringing New Delhi closer to Washington is not out of reach.
Recently in the leading group of non-aligned countries, India, which knew how to flatter the Soviet Union, long had a tense relationship with the United States. That is not the case today for this "emerging" country, which is seeking outlets for its flourishing economy, support against the mounting Islamist threat and a new international status. Between communist China and the powder keg that is the Middle East, America, for its part, needs a solid partner in Asia, a State that can help its influence on the continent.
But this will not be an easy alliance to seal. The plan has run up into the nuclear issue. As for New Delhi's request to join the G8 or become a permanent member of the U.N. Security Council, they are not about to be fulfilled. These subjects are on the agenda for the visit of George W. Bush, who knows that his desire to change the world must pass through India and its one billion inhabitants.
French Version Below
Bush en Inde pour l'histoire
L'éditorial par Yves Thréard
02 mars 2006
Afghanistan, Inde, Pakistan. Le voyage commencé hier par George W. Bush en Asie du Sud n'a pas qu'une vocation diplomatique. A quelques mois des élections de mi-mandat, capitales pour le camp républicain s'il veut garder la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat, ce séjour doit aussi marquer les esprits outre-Atlantique. Vus des Etats-Unis, l'Afghanistan et le Pakistan sont des terres de terrorisme. Quant à l'Inde, puissance atomique, elle n'est pas un allié naturel de Washington. Le président américain cherche donc à manifester son courage. Et à montrer, à deux ans de sa retraite de la Maison-Blanche, qu'il n'abandonne pas pour autant les chantiers qu'il a ouverts après les attentats du 11 septembre 2001. Bref, Bush travaille pour l'histoire.
Chez lui, il est au plus bas dans les sondages : jamais depuis la Seconde Guerre mondiale un président n'avait été aussi impopulaire, hors Nixon pendant le Watergate. Les Américains, qui le soutenaient au début de l'offensive en Irak, le désapprouvent aujourd'hui : les deux tiers des GI engagés sur le terrain veulent rentrer. Enfin, il est la cible de nombreuses polémiques dans son pays : mauvaise gestion de l'ouragan Katrina ; mise en cause de son entourage dans des affaires de fraude, de renseignements, de lobbying ; réformes avortées des retraites, de l'immigration, de l'enseignement ; ou encore projet de vente contesté de six ports américains à un groupe de Dubaï. Les nuages s'amoncellent, ses choix politiques et son éthique mis à rude épreuve.
Mais, foin du «vertige» intérieur américain décrit par Bernard-Henry Lévy dans son dernier livre, Bush continue de répondre à l'appel du large. Car c'est hors des frontières que se cache son ambition : établir un nouvel ordre international. Si traquer les islamistes et imposer la démocratie en Afghanistan et au Pakistan ressemble à un travail d'Hercule, rapprocher New Delhi de Washington n'est pas un objectif hors d'atteinte.
Naguère dans le peloton de tête des pays non alignés, l'Inde, qui savait flatter l'Union soviétique, a longtemps entretenu des rapports tendus avec les Etats-Unis. Il en va tout autrement aujourd'hui pour cette nation «émergente» qui cherche des débouchés à son économie florissante, des soutiens contre la montée du péril islamiste et un nouveau statut international. Entre la Chine communiste et la poudrière du Moyen-Orient, l'Amérique, de son côté, a besoin d'un partenaire sûr en Asie, d'un Etat pivot de son influence sur le continent.
L'alliance n'est pas simple à sceller. Elle bute sur le dossier nucléaire. Quant aux requêtes de New Delhi pour intégrer le G 8 ou côtoyer les membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU, elles ne sont pas près d'aboutir. Ces sujets sont au menu du séjour de George W. Bush. Qui sait que sa volonté de changer le monde passe nécessairement par l'Inde et son milliard d'habitants.