Le Monde,
France
'Spirit of War Subsides'
“Last evening in America ... the spirit of war subsided, with its procession of speculating Texas oilmen and maniacal fundamentalists.”
By Dominique Dhombres
Translated By Leslie Thatcher [via Truth Out]
November 8, 2006
France - Le Monde - Original Article (French)
Last
evening in America promised to be an agreeable one. From the outset, one knew
that the Democrats were going to have a breakthrough. But real bliss began
at dawn, when the spirit of war subsided, with its procession of speculating
Texas oilmen and maniacal fundamentalists.
It was as
beautiful as Plato's unveiling of the planetary soul. Just as the
long-awaited event had begun to materialize, was your humble servant gripped by
panic in the wee hours of the morning - just as he had to submit his news
article - staring at American news channels to the point that he no longer knew
what he was writing? Not at all! Reading the news is the prayer of modern man,
Hegel said.
Watching
the U.S. news channels through the night when a great nation changes its mind is
not at all disappointing. The American channels had, as for every election,
installed hellish stage sets, with commentators who gave the impression that
they knew each and every representative, senator or governor from birth to the least
significant positions on Iraq, tax policy, or anything you would care to know
about. The graphics were mind-boggling. On CNN - in real time - one could
accompany the Democrats in their rise to power in the House of Representatives,
which they won, and in the Senate, which remained in the balance. The past
declarations on Iraq uttered by all and sundry were recalled, dissected and analyzed
from a wider perspective – in terms of the great change of opinion regarding
this war.
It was
all done with the admirable professionalism of American TV - not forgetting of
course, the astonishing bad faith of Fox News and some others.
Once upon
a time, they had misinformed the public about Saddam Hussein's weapons of mass
destruction. And without budging, they continued to relay statements from the
brain-washing machine installed at the White House and Pentagon. But on this
occasion they were obliged, the poor unfortunates, to reveal the names of the victorious
Democrats and those of the Republicans who had fallen for their compulsive warmongering, and whose defeats were most often made possible because they had contented themselves with
proclaiming their party's official line on Iraq. In not seeking a change on
course - they failed to satisfy.
Early in
the evening, we saw Hillary Clinton's victory in the State of New York. Bill
Clinton stood behind her with his face illuminated. Then, a decisive seat in
the Senate was won in Pennsylvania. Generally, the legislative mid-term
elections bore everyone. Not this time. Because it wasn't only about foreign
policy, which is rare in itself, it was also about war and peace. American
voters no longer trust George Bush with either.
French Version Below
Bush ne sait faire ni la guerre ni la paix, par Dominique Dhombres
08.11.06
La nuit
américaine s'annonçait plaisante. Depuis le début, on savait que les démocrates
allaient faire un carton. Mais le vrai bonheur commençait à l'aube, lorsque l'esprit de la guerre reculait,
avec son cortège de pétroliers texans agioteurs et de fondamentalistes maniaques.
C'était beau comme le dévoilement de l'âme du monde chez Platon. Votre serviteur a-t-il tellement regardé les chaînes américaines qu'il ne sait plus ce qu'il écrit, pris dans la panique du petit matin, lorsqu'il doit rendre sa copie alors que l'événement tant annoncé pointe seulement son nez ? Pas du tout ! La lecture du journal est la prière de l'homme moderne, disait Hegel.
Regarder les chaînes d'info, la nuit, lorsqu'un grand pays change d'avis, n'est pas mal non
plus. Les chaînes américaines avaient, comme chaque fois, installé des plateaux d'enfer, avec
des commentateurs qui donnaient l'impression de connaître chaque représentant, sénateur ou gouverneur depuis sa naissance et jusqu'à la moindre de ses positions sur l'Irak, la fiscalité, tout ce qu'il vous plaira. Les graphiques étaient époustouflants. On assistait en direct sur CNN à la montée en
puissance des démocrates à la Chambre des représentants, qu'ils remportaient, et au Sénat, qui balançait encore. Les déclarations préalables des uns et des autres sur l'Irak étaient rappelées, disséquées, analysées dans la perspective d'ensemble du grand tournant de l'opinion concernant cette guerre.
C'était fait avec le professionnalisme admirable des télés américaines, sans oublier la mauvaise foi, tout aussi sidérante, de Fox News et quelques autres. Elles avaient désinformé, jadis, sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Elles continuaient, sans broncher, à relayer la machine à décerveler installée à la Maison Blanche et au Pentagone. Mais elles étaient bien obligées, les malheureuses, d'égrener les noms des républicains tombés pour bellicisme compulsif et des démocrates vainqueurs, le plus souvent, parce qu'ils s'étaient contentés d'ânonner la ligne officielle du parti sur l'Irak, laquelle se limite à réclamer un changement de cap, ce qui ne mange pas de pain.
Tôt dans la nuit, on avait vu la victoire d'Hillary Clinton dans l'Etat de New York. Bill Clinton, le visage illuminé, se tenait derrière elle. Puis, un siège décisif de sénateur était gagné en Pennsylvanie. Généralement,
les élections parlementaires à mi-mandat présidentiel ennuient tout le
monde. Pas cette fois. Car il s'agissait non seulement de politique étrangère, ce qui est rare, mais aussi de la guerre et de la paix. Les électeurs américains n'ont plus confiance en George Bush pour faire l'une ou l'autre.
Dominique
Dhombres