Le Monde,
France
Bush, the Historian and the Algerian War
“The historian offered a copy of the book's new edition to Henry Kissinger, about whom he is preparing a biography. The former Secretary of State then sent a copy of the book to Mr. Bush, insisting that he read it immediately.”
By Special Correspondent Marc Roche
Translation By Pascaline Jay
January 24, 2007
France - Le Monde - Original Article (French)
Turville,
U.K.: Will a book about the Algerian War show George W. Bush a way out of the conflict in Iraq? Over three years after
the Pentagon screening of The Battle of
Algiers by Italian director Gillo Pontecorvo, the American President
admitted in mid-January that over the Christmas holidays, he read carefully the
1977 book, A Savage War of Peace:
Algeria 1954-1962 (New York Review Books ) written by historian Alistair Horne . The latter offered a copy of the book's new edition to Henry
Kissinger, about whom he is preparing a biography. The former
Secretary of State then sent a copy of the book to Mr. Bush, insisting that he read
it immediately.
Alistair Horne.
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The saga
of a handful of Algerian maquis (rebels), poorly armed but using the
weapon of terror brilliantly, who defeated the French military which was at the time one of the
strongest in NATO, remains the prototype of a war for national liberation, insisted the author, after receiving Le Monde in his house in Turville, a small
village located close to Oxford. While refusing to imprison himself in
paradigms of the past, in the forward to the 2006 edition, this specialist of French
contemporary history highlights four commonalities between the Algerian War and
the current situation in Iraq.
A
SENSITIVE NERVE
First of
all, in regard to French military superiority, the NLF (National Liberation
Front) concentrated its attacks on local police forces, government administrators
and senior officials. This resulted in a drop in morale and an increase in
defections, which forced the French Army to protect them rather than chase down
the rebels.
Secondly,
the porousness of the Moroccan and Tunisian borders facilitated the transfer of
weapons to the NLF. Today in Iraq, Syria and Iran play this role.
Third,
the use of gegene (French military slang meaning electrical torture) badly
shook national unity. According to Alistair Horne, the torturous acts committed
at the Abu Ghraib prison and which were revealed in 2004, had the same negative
impact.
Lastly,
in his eye, the problem of troop withdrawal from Iraq arises in similar fashion.
At the
Pentagon on April 19 2005, Sir Alistair was carrying out research on Henry
Kissinger. He was to have lunch with Secretary of Defense Donald Rumsfeld, who
canceled at the last minute. The author left him a copy of his book, in which
he highlighted the important passages. The reply of Mr. Rumsfeld was immediate: As you know, the United States doesn't practice
torture in Iraq. The historian responded with another letter, in which he
insisted on the immoral,
counter-productive and catastrophic aspect of such abuses as far as the media
is concerned. The American Secretary's reply, which was just as immediate,
was sibylline [prophetic]: "You
and I are of the same opinion."
What surprised me was the rapidity
with which he replied, considering his job and how busy he must be. Evidently,
I struck a nerve, indicates
the historian, who says he's unaware of any lessons Bush could draw from his
book.
French Version Below
Le
président américain, l'historien britannique et la
guerre d'Algérie
LE MONDE
| 23.01.07 | 14h38
TURVILLE
ENVOYÉ SPÉCIAL
Un livre
sur la guerre d'Algérie va-t-il permettre à George Bush de sortir du guêpier irakien ? Plus de trois ans après la projection au Pentagone
de La Bataille d'Alger, le film du cinéaste italien Gillo Pontecorvo, le
président américain a reconnu à la mi-janvier avoir lu avec attention, pendant
les fêtes de Noël, A Savage War and Peace : Algeria 1954-1962 (New York
Review Books) écrit, en 1977, par l'historien britannique Sir Alistair Horne.
Ce dernier avait offert un exemplaire de la nouvelle
édition de son livre à Henry Kissinger, dont il prépare une biographie. Puis l'ancien
secrétaire d'Etat en avait envoyé une copie à M. Bush en insistant pour qu'il
la lise immédiatement.
"La
saga d'une poignée de maquisards algériens, pauvrement armés mais utilisant
avec brio l'arme de la terreur pour vaincre l'armée française, à l'époque l'une
des plus fortes de l'OTAN, reste le prototype de la guerre de libération
nationale",
insiste l'auteur, en recevant Le Monde dans sa maison de Turville, un
petit village situé près d'Oxford. Tout en affirmant son refus de se laisser
emprisonner par les schémas du passé, ce spécialiste
de l'histoire de France contemporaine distingue, dans l'avant-propos à l'édition
2006, quatre points communs entre la guerre d'Algérie et la situation actuelle
en Irak.
"UN NERF SENSIBLE"
Tout d'abord,
face à la supériorité militaire française, le FLN (Front de libération
nationale) a concentré ses attaques contre la police indigène, les
administrateurs, les hauts fonctionnaires, avec comme résultat une chute du
moral, une hausse des défections et la nécessité pour l'armée française de les
protéger au lieu de poursuivre les rebelles. Deuxièmement, la porosité des
frontières marocaines et tunisiennes a facilité l'acheminement
en armes au FLN. La Syrie et l'Iran jouent ce rôle de
nos jours en Irak. Troisièmement, le recours à la "gégène" qui a ébranlé durablement l'unité nationale. Pour Alistair
Horne, les sévices commis à la prison d'Abou Ghraib, révélés en 2004, ont eu le
même impact négatif. Enfin, à ses yeux, le problème du
retrait des troupes se pose en termes similaires.
Le 19 avril 2005, Sir Alistair effectue des recherches sur Henry
Kissinger au Pentagone. Il doit déjeuner avec le secrétaire à la
défense, Donald Rumsfeld, qui annule à la dernière minute. L'auteur lui fait
remettre une copie de son livre en soulignant les passages importants. La
réplique de M. Rumsfeld est immédiate : "Comme
vous le savez, les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture en Irak." L'historien
renvoie un courrier en insistant sur le "caractère
immoral, contre-productif et catastrophique sur le plan médiatique de telles
exactions". La réponse du ministre américain, tout aussi rapide, est sibylline : "Vous et moi partageons en fait la même
opinion."
"Ce
qui m'a le plus surpris, c'est la célérité de la réponse chez cet homme très pris par sa charge. A l'évidence, j'ai touché un nerf sensible", indique l'historien, qui ignore
les enseignements qu'a pu tirer le président Bush de ses écrits.
Marc Roche