Le Monde, France
Bush, the Historian and the Algerian War

“The historian offered a copy of the book's new edition to Henry Kissinger, about whom he is preparing a biography. The former Secretary of State then sent a copy of the book to Mr. Bush, insisting that he read it immediately.”


By Special Correspondent Marc Roche   

Translation By Pascaline Jay

January 24, 2007

France - Le Monde - Original Article (French)    



A Savage War of Peace: Algeria 1954-1962

—AUDIO INTERVIEW: A conversation with historian
Alistair Horne, in which he discusses the similaries
and differences between Algeria and Iraq, Jan. 17,
00:14:45  RealVideo


A French administrator in Algeria,
killed in an insurgent attack.



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Turville, U.K.: Will a book about the Algerian War RealVideo show George W. Bush a way out of the conflict in Iraq? Over three years after the Pentagon screening of The Battle of Algiers by Italian director Gillo Pontecorvo, the American President admitted in mid-January that over the Christmas holidays, he read carefully the 1977 book, A Savage War of Peace: Algeria 1954-1962 (New York Review Books RealVideo) written by historian Alistair Horne RealVideo. The latter offered a copy of the book's new edition to Henry Kissinger, about whom he is preparing a biography. The former Secretary of State then sent a copy of the book to Mr. Bush, insisting that he read it immediately.



Alistair Horne.


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The saga of a handful of Algerian maquis (rebels), poorly armed but using the weapon of terror brilliantly, who defeated the French military which was at the time one of the strongest in NATO, remains the prototype of a war for national liberation, insisted the author, after receiving Le Monde in his house in Turville, a small village located close to Oxford. While refusing to imprison himself in paradigms of the past, in the forward to the 2006 edition, this specialist of French contemporary history highlights four commonalities between the Algerian War and the current situation in Iraq.RealVideo

A SENSITIVE NERVE

First of all, in regard to French military superiority, the NLF (National Liberation Front) concentrated its attacks on local police forces, government administrators and senior officials. This resulted in a drop in morale and an increase in defections, which forced the French Army to protect them rather than chase down the rebels.

Secondly, the porousness of the Moroccan and Tunisian borders facilitated the transfer of weapons to the NLF. Today in Iraq, Syria and Iran play this role.

Third, the use of gegene (French military slang meaning electrical torture) badly shook national unity. According to Alistair Horne, the torturous acts committed at the Abu Ghraib prison and which were revealed in 2004, had the same negative impact.

Lastly, in his eye, the problem of troop withdrawal from Iraq arises in similar fashion.

At the Pentagon on April 19 2005, Sir Alistair was carrying out research on Henry Kissinger. He was to have lunch with Secretary of Defense Donald Rumsfeld, who canceled at the last minute. The author left him a copy of his book, in which he highlighted the important passages. The reply of Mr. Rumsfeld was immediate: As you know, the United States doesn't practice torture in Iraq. The historian responded with another letter, in which he insisted on the immoral, counter-productive and catastrophic aspect of such abuses as far as the media is concerned. The American Secretary's reply, which was just as immediate, was sibylline [prophetic]: "You and I are of the same opinion."

What surprised me was the rapidity with which he replied, considering his job and how busy he must be. Evidently, I struck a nerve, indicates the historian, who says he's unaware of any lessons Bush could draw from his book.

French Version Below

Le président américain, l'historien britannique et la guerre d'Algérie

LE MONDE | 23.01.07 | 14h38

TURVILLE ENVOYÉ SPÉCIAL

Un livre sur la guerre d'Algérie va-t-il permettre à George Bush de sortir du guêpier irakien ? Plus de trois ans après la projection au Pentagone de La Bataille d'Alger, le film du cinéaste italien Gillo Pontecorvo, le président américain a reconnu à la mi-janvier avoir lu avec attention, pendant les fêtes de Noël, A Savage War and Peace : Algeria 1954-1962 (New York Review Books) écrit, en 1977, par l'historien britannique Sir Alistair Horne. Ce dernier avait offert un exemplaire de la nouvelle édition de son livre à Henry Kissinger, dont il prépare une biographie. Puis l'ancien secrétaire d'Etat en avait envoyé une copie à M. Bush en insistant pour qu'il la lise immédiatement.

"La saga d'une poignée de maquisards algériens, pauvrement armés mais utilisant avec brio l'arme de la terreur pour vaincre l'armée française, à l'époque l'une des plus fortes de l'OTAN, reste le prototype de la guerre de libération nationale", insiste l'auteur, en recevant Le Monde dans sa maison de Turville, un petit village situé près d'Oxford. Tout en affirmant son refus de se laisser emprisonner par les schémas du passé, ce spécialiste de l'histoire de France contemporaine distingue, dans l'avant-propos à l'édition 2006, quatre points communs entre la guerre d'Algérie et la situation actuelle en Irak.

"UN NERF SENSIBLE"

Tout d'abord, face à la supériorité militaire française, le FLN (Front de libération nationale) a concentré ses attaques contre la police indigène, les administrateurs, les hauts fonctionnaires, avec comme résultat une chute du moral, une hausse des défections et la nécessité pour l'armée française de les protéger au lieu de poursuivre les rebelles. Deuxièmement, la porosité des frontières marocaines et tunisiennes a facilité l'acheminement en armes au FLN. La Syrie et l'Iran jouent ce rôle de nos jours en Irak. Troisièmement, le recours à la "gégène" qui a ébranlé durablement l'unité nationale. Pour Alistair Horne, les sévices commis à la prison d'Abou Ghraib, révélés en 2004, ont eu le même impact négatif. Enfin, à ses yeux, le problème du retrait des troupes se pose en termes similaires.

Le 19 avril 2005, Sir Alistair effectue des recherches sur Henry Kissinger au Pentagone. Il doit déjeuner avec le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, qui annule à la dernière minute. L'auteur lui fait remettre une copie de son livre en soulignant les passages importants. La réplique de M. Rumsfeld est immédiate : "Comme vous le savez, les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture en Irak." L'historien renvoie un courrier en insistant sur le "caractère immoral, contre-productif et catastrophique sur le plan médiatique de telles exactions". La réponse du ministre américain, tout aussi rapide, est sibylline : "Vous et moi partageons en fait la même opinion."

"Ce qui m'a le plus surpris, c'est la célérité de la réponse chez cet homme très pris par sa charge. A l'évidence, j'ai touché un nerf sensible", indique l'historien, qui ignore les enseignements qu'a pu tirer le président Bush de ses écrits.

Marc Roche