Le Monde,
France
Congress 'Capitulates' to Bush on Torture
EDITORIAL
Translated By Kate Brumback
September 26, 2006
France - Le Monde - Original Article (French)
The
pressure exerted over the past few weeks by George Bush, to obtain a law from
the Congress to validate decisions he made in the name of his "war on
terror," is about to bear fruit.
Republican
senators who had resisted the White House say that they have reached a
compromise that respects human rights. But the truth is that this apparent
victory hides a capitulation on a vital point: the President of the United
States sees himself as having the right to authorize the CIA to employ methods
of interrogation that respect neither American law nor international law
codified under the Geneva Conventions. It is quite clear, that the agency will
still resort to torture, as it has very likely done for the last four or five
years, in detention centers located outside of the United States and kept
secret.
Clearly, this
affair is not over, since the vigilance of the American press has unleashed a debate
forcing the senators to reconsider their position. Their leader, John McCain, a
former prisoner of war in Vietnam and until now, an unfailing defender of
international legality, guaranteed on CBS on Sunday, September 24, that Congress
will have the power to challenge any presidential directive that it judges does
not comply with the spirit of the law. Furthermore, another part of the text
that takes away the right of habeas
corpus for detainees in the "war on
terror" - primarily prisoners at the Guantanamo Bay naval base - is being challenged by Arlen Specter, Chairman of the Senate’s
Judiciary Committee and a Republican defender of human rights.
There is
little chance, however, that the provision allowing the U.S. President to
declare excessive rules in regard to common rights will be challenged during
the vote, which will soon take place in the Senate and House of
Representatives. The Democrats themselves are overly-cautious, just six weeks
before midterm elections that could enable them to retake the majority in the
House, which they lost in 1994. For his part, McCain, who was a candidate for
the Republican presidential nomination in 2008, is being careful not to
alienate the right wing of the party, which lost him the primaries in 2000.
At a time
when an "intelligence community" report, divulged by The New York Times, estimates that the Iraq occupation
has not lessened the terrorist threat, but has, on the contrary, made it worse,
Mr. Bush is using his usual card: to play on the fear of terrorism before
thinking of ways to counter it. If the United States passes a law authorizing
the use of torture, their enemies will have won a victory.
French Version Below
Bush et la torture
Article paru dans l'édition du 26.09.06
La
pression exercée par George Bush, depuis plusieurs semaines, pour obtenir du Congrès une loi validant les décisions qu'il a prises au nom de sa "guerre à la terreur" est sur le point de porter ses fruits. Les sénateurs républicains qui ont résisté à la Maison Blanche affirment lui avoir imposé un compromis respectueux des droits de l'homme. La vérité est que cette victoire apparente cache une capitulation sur un point essentiel : le président des Etats-Unis se voit reconnaître le droit d'autoriser la CIA (Agence centrale de renseignement) à employer des méthodes d'interrogatoire ne respectant ni la législation américaine, ni le droit international codifié par les conventions de Genève.
En clair, elle pourra recourir à la torture, comme elle le fait, très probablement, depuis quatre ou cinq ans, dans des lieux de détention situés hors des Etats-Unis et tenus secrets.
Certes, l'affaire n'est pas terminée, puisque la
vigilance de la presse américaine a déclenché une polémique obligeant les sénateurs à réexaminer leur position. Leur chef de file, John
McCain, ancien prisonnier de
guerre au Vietnam et défenseur jusqu'à maintenant incontesté de la légalité internationale, a assuré, dimanche 24 septembre, sur la chaîne télévisée CBS, que le Congrès aura le pouvoir de récuser toute directive présidentielle qu'il ne jugerait pas conforme à l'esprit de la loi. En outre, un autre volet du texte, supprimant le droit d'habeas corpus pour les détenus de la "guerre à la terreur"
- principalement les prisonniers de la base navale de Guantanamo Bay -, est contesté par le président de la commission des affaires judiciaires du Sénat, Arlen Specter, républicain attaché à la défense des droits de l'homme.
Il y a peu de chances, toutefois, pour que soit remise en question, lors du vote qui doit intervenir prochainement au Sénat et à la Chambre des représentants, la disposition permettant au président des Etats-Unis d'édicter des règles exorbitantes du droit commun. Les démocrates eux-mêmes sont timorés, à six semaines des élections de mi-mandat, qui pourraient leur permettre de reconquérir la majorité à la Chambre, perdue par eux en 1994. De son côté,
M. McCain, candidat à l'investiture républicaine pour
la présidentielle de 2008, est soucieux de ne pas s'aliéner la droite du parti,
qui lui avait fait perdre les primaires en 2000.
Au moment où un rapport de la "communauté du renseignement", divulgué par le New York Times, estime que l'occupation de l'Irak n'a pas affaibli la menace terroriste, mais l'a, au contraire, aggravée, M. Bush joue sa carte habituelle : faire
passer la peur du terrorisme avant toute réflexion sur les moyens de le combattre. Si les Etats-Unis inscrivent dans leur législation une loi autorisant l'usage de la torture, leurs ennemis auront remporté une victoire.