Tunis Hebdo,
Tunisia
African Americans 'Dread' Growing Power of Latinos
By T.H.
Translated By Sandrine Ageorges
June 5 – June 11 Issue
Tunisia - Tunis
Hebdo - Home Page (French)
In August 1963, 250,000 people marched on Washington to demand jobs
and freedom for millions of black Americans. Is the movement to legalize
Latinos undercutting the achievements of these earlier protesters? (above).
May 1 protest in Los Angeles. Are Latinos somhow supplanting Blacks? (below)
Three students from Clinton High School picket their school as it becomes the
first state-supported school in Tennessee to integrate, August 1956. (above) .
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The
United States, as we all know, is a country of immigrants. Three main
communities shape today's population: the Whites, the Blacks and the Latinos.
If the first category is the most privileged in terms of civil rights, the
other two communities have always more or less been marginalized, even if the
Constitution grants them (on paper) equal rights and duties as their fellow
fair-skinned citizens.
The social status quo that
has been maintained during recent decades appears to be headed for turbulent
times, and is likely to threaten the "home front." The vast protests held by Latinos
during March and April to demand legalization for millions of underground immigrants
is seen by some observers as a warning bell. And the warning is underlined by
the new-found influence of America's Latino community. The law of numbers in the
country of Uncle Sam - as is true everywhere - is a powerful influence on he
politics of the State.
This boisterous demonstration
of strength by this overwhelming human tide is a matter of great concern to the
Black community. African-Americans seriously dread seeing a Latino breakthrough
detrimental to their own social and economic situation, which is already
regarded as serious. They especially fear that the programs and the reforms adopted
in their favor during the 1960s, after the tremendous sacrifice and violence suffered
by the Civic Rights Movement – will be abandoned - purely and simply to benefit
the newer immigrants of Hispanic origin, relegating Blacks to the rank of third-rate citizens.
Blacks refuse to compare recent
Latino protests to their movement in the 60's. African Americans recall that
they weren't immigrants, but fully-fledged American citizens that took to the
streets after suffering centuries of slavery, rape, lynching and discrimination. We didn't choose to come to the United States, we were brought here as
slaves. And we were deprived of our basic rights although we were citizens of
this country. Many of these problems have remained unresolved since the 60's. But
now we may relegated to the status of a secondary concern, said one Black
university professor.
The Black community dreads
above all that it will see its economic condition worsen due to competition
from Latinos. In 2004, 72% of America's Black community between the ages of 20
and 30 having had abandoned high school and were unemployed, while only 19% of Hispanics
were in a similar position. Latinos survive better because of their
accommodating attitude toward employment, which fir in nicely with capitalist ethics:
they accept working long hours at low salaries. They hardly ever complain and rarely
avail themselves of the social protections that normal employees would.
To summarize, Black
Americans are worried and are asking themselves: Will the power of Latino
immigrants diminish the value of their secular struggle and speed their
marginalization?
French Version Below
Les
Noirs, citoyens
de
«troisième zone» après les Blancs et les Latinos
Les Etats-Unis d'Amérique sont, comme chacun le sait, un pays d'émigrés. Trois
grandes composantes ethniques forment aujourd'hui les plus gros bataillons de
la population: les Blancs, les Noirs et les Latinos. Si les premiers sont les
plus favorisés sur le plan des Droits civiques, les deux autres communautés ont
toujours été plus ou moins marginalisées, même si la Constitution leur accorde
(sur le papier) les mêmes droits et les mêmes devoirs que leurs concitoyens de
peau claire.
Le
statu quo social qui a pu se maintenir sans accroc durant ces dernières décennies,
semble devoir connaître dans un avenir proche une période de turbulences,
susceptibles de fragiliser le «front intérieur». Les manifestations monstres
organisées en mars-avril derniers par les Latinos, exigeant la régularisation
de la situation des millions d'immigrés clandestins, sont jugées par tous les
observateurs comme une alerte sérieuse, qui met en exergue le nouveau poids que
représente aujourd'hui aux USA la communauté de souche espagnole; la loi du
nombre étant, au pays de l'Oncle Sam comme ailleurs, un argument massue dans l'orientation
politique et économique de l'Etat.
Cette
bruyante démonstration de force, menée de façon ostentatoire par une marée
humaine déchaînée, inquiète au plus haut point la communauté noire américaine.
Les «Américains africains» redoutent sérieusement que la «percée latino» se
fasse à leur détriment et aggrave leur situation économico-sociale déjà très
précaire. Ils craignent surtout que les programmes et les réformes adoptés en
leur faveur dans les années soixante, suite à l'ampleur des revendications,
souvent violentes, de leur mouvement —Le «Mouvement pour Les Droits Civiques»—
soient abandonnés purement et simplement au profit des nouveaux immigrés d'origine
hispanique, reléguant les Noirs au rang de citoyens de «troisième zone»;
Les
Noirs s'insurgent que les manifestations» récentes des immigrés latino soient
comparées à leur Mouvement de 1960. Ils rappellent qu'ils n'étaient pas des
immigrés, mais des citoyens américains et qu'ils avaient subi des siècles d'esclavage,
de viols, de lynchages et de discrimination avant de descendre dans la rue.
«Nous n'avons pas choisi de venir aux Etats-Unis: on nous y a amenés comme
esclaves. Et on nous a privés de nos droits fondamentaux, alors même que nous
étions citoyens de ce pays. Il existe encore beaucoup de problèmes non résolus
depuis les années 1960. Nous allons, peut-être, être relégués à l'arrière-plan»,
souligne un universitaire noir.
La
Communauté noire redoute par-dessus tout de voir sa condition économique
empirer par la concurrence latino. En 2004, aux Etats-Unis, 72% des Noirs âgés
de 20 à 30 ans ayant abandonné le lycée étaient au chômage, alors que seulement
19% des Hispaniques étaient dans cette situation. Ces derniers s'accommodent
des pires difficultés par leur attitude conciliante face au monde du travail,
laquelle coïncide parfaitement avec l'éthique de l'entreprise capitaliste: ils
acceptent de faire de longues journées de travail pour de bas salaires. Ils ne
se plaignent guère et ne réclament pas les avantages de la protection sociale
dont bénéficient les salariés en règle.
Pour
tout résumer, les Noirs américains s'inquiètent et s'interrogent: la puissance
des immigrants latinos risque de dévaloriser la lutte séculaire et d'accentuer
leur marginalisation.
T.H