Plus royaliste que le roi
La France
de Sarkozy est-elle en train de s’aligner sur l’Amérique, celle de Bush, un
cheval perdant ? Tout le laisse croire du moment que nous assistons à des
indices d’un changement stratégique majeur destiné, entre autres, à l’abandon
de la défense européenne autonome pour une intégration de plus en plus complète
à l’OTAN.Cette nouvelle «amitié transatlantique» n’a pas manqué d’irriter
Poutine.
Ajouter à
cela les ingérences diplomatiques élyséennes, sans nuance aucune, dans le
problème nucléaire iranien allant jusqu’à menacer Téhéran de «pires
conséquences».Un changement de cap radical de la diplomatie française, depuis
l’intronisation de Sarkozy, au risque de désarçonner plus d’un observateur
averti, provoquant ce commentaire peu amène du prestigieux New-York Times : «Le
président Sarkozy a fait le mauvais geste au mauvais moment en évoquant la
possibilité, dans son premier grand discours de politique étrangère, d’un
recours à la force contre le programme d’armement nucléaire de l’Iran».
Charles de Gaulle doit se retourner dans sa tombe, lui qui a tout fait pour
donner à la France une certaine liberté d’action vis-à-vis des Etats-Unis,
poursuivie par tous ses successeurs et que Chirac a su et pu davantage
consolider.D’où l’immense prestige acquis par la France au sein du monde
arabo-musulman.Prestige que le nouveau parvenu franco-hongrois a entrepris de
dilapider pour plaire davantage au tandem israélo-américain.
L’insolite,
c’est que l’Iran est bien loin de la zone d’influence française et on ne voit
pas en quoi la possession par l’arrogant Mahmoud Ahmedinejad de la maîtrise du
nucléaire peut-elle déranger, en quoi que ce soit, Paris. Pourtant, il y a
quelques décennies, celle-ci a offert sur un plateau d’argent la bombe atomique
à Israël afin de mieux assujettir ses voisins arabes.
Le plus
grave c’est que le Quai-d’Orsay ne cesse —depuis l’avènement à sa tête de
Bernard Kouchner, un transfuge du PS, atteint, tout comme son maître, de la
bougeotte— d’alimenter la tension internationale et attiser le feu de la
discorde dans le Golfe suite aux menaces militaires de l’Iran. Pourtant, Carter
ne cesse de clamer que ce pays «ne constitue pas une menace directe pour
Israël». La tactique de Kouchner s’apparente à ce qu’on appelle communément «le
chaud et le froid».Des déclarations sulfureuses dignes d’un novice, suivies, le
lendemain, de lapidaires rectificatifs ou de faux démentis.Il s’agit d’une
«spécialité kouchnérienne» à défaut d’une stratégie visionnaire, quitte à faire
déchaîner des vagues médiatiques.
La piètre
position de la France à l’égard de l’Iran a valu à son ministre des Affaires
étrangères, à la langue pendue, d’avoir été, tout récemment, chahuté à
Washington par des pacifistes alors qu’il tenait une conférence de presse en
compagnie de Rice.Accusé de «suivisme» primaire, le furtif duo
Sarkozy-Kouchner, un véritable courant d’air, ne cesse de s’attirer en prime, à
travers le monde, énormément d’animosité, surtout de la part des victimes de
l’Oncle Sam aux couleurs républicaines. Dans les démarches de ce couple, on ne
trouve aucune miette de ce «realpolitik» qui a fait, jusqu’à quelques mois
auparavant, la force de l’Hexagone et procurer de la considération au
Quai-d’Orsay.
On aurait
pu, quand même, admettre ces actives approches pro-américaines hors normes si,
par exemple, Bush avait, un tant soit peu, le vent en poupe.Mais, il est
perdant sur tous les plans, à l’intérieur comme à l’étranger.L’image de marque
des Etats-Unis n’a jamais été aussi ternie et pour longtemps encore. C’est le
pire des présidents que les Etats-Unis aient connu dans leur histoire ! Et
malgré tous ces avatars, Sarkozy en est fasciné.Pis encore, il trouve le moyen
de s’associer à ce Texan qui risque d’être poursuivi pour crime contre
l’humanité en Irak, et que même la brave Cécilia a refusé de rencontrer et de
lui serrer la main !
Qu’en
sera-t-il, alors, quand les Démocrates débarqueront, d’ici treize mois, à la
Maison-Blanche ?Dès lors, Paris sera-t-il acculé à réajuster sa politique et
notre Sarko à retenir ses fanatiques ardeurs américaines, à moins qu’il ne
trouve, chez eux aussi, des affinités… C’est ce qu’on appelle faire la
pirouette ! ?
M'Hamed
BEN YOUSSEF