The Dismissal of General McChrystal: Checkmate

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Après avoir traité d’incompétents les civils ayant de l’autorité sur l’armée américaine, le général Stanley McChrystal a été démis de ses fonctions par le président Barack Obama en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Pour bien saisir l’importance du geste posé par le chef de l’exécutif américain, il faut rappeler que c’est la première fois en soixante ans que l’occupant de la Maison-Blanche vire le patron des opérations se déroulant sur le front. Avant Obama, Harry Truman avait renvoyé dans ses foyers le général Douglas MacArthur alors qu’il supervisait les troupes américaines en Corée.

Le président Obama a justifié sa décision en arguant qu’il fallait rappeler aux uns comme aux autres que la ligne de commandement étant ce qu’elle est, les civils ont l’ascendant sur les militaires. Dans un long entretien accordé au magazine Rolling Stone, McChrystal ainsi que des membres de son entourage ont multiplié les piques envers le vice-président Joe Biden, de l’envoyé spécial dans la région Richard Holbrooke, et de toute l’équipe de la sécurité nationale. Autrement dit, pratiquement aucun civil ne trouvait grâce à leurs yeux. Bref, cet entretien a été la goutte qui a fait déborder le vase.

On évoque cela, la goutte, parce qu’en fait le général McChrystal était dans le collimateur de la Maison-Blanche depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Sa nomination, il y a sept mois, à la tête des forces combattant les talibans s’était accompagnée d’une addition de 30 000 soldats aux troupes déjà sur place. La présidence s’attendait donc à une amélioration sensible de la situation. Or c’est tout le contraire. Les insurgés sont actuellement plus forts, plus résistants qu’ils l’étaient avant l’arrivée de McChrystal. Quoi d’autre? Sa personnalité étant ce qu’elle est, ce gradé était en train de perdre la pire chose qui soit: la confiance de ses troupes.

Pour renverser la vapeur, Obama a nommé le général David Petraeus à sa place, soit celui-là même qui a arrêté la stratégie que suivent les Américains en Afghanistan, celui-là même qui avait connu le succès que l’on sait en Irak. Le retour de Petraeus dans le théâtre afghan a été bien reçu par les militaires. Cela étant, tous les commentateurs s’accordent pour dire que le gouvernement se doit maintenant de faire le ménage ailleurs.

Car il est vrai qu’en dehors de la scène strictement militaire, tout part à vau-l’eau. Responsable de la reconstruction du pays, Richard Holbrooke peine à remplir sa tâche, ses relations avec le président Hamid Karzaï étant exécrables. Elles le sont également entre ce dernier et l’ambassadeur des États-Unis à Kaboul. Pour faire court, disons qu’entre les autorités américaines et Karzaï, les tensions l’emportent sur la bonne entente. En clair, après McChrystal, Obama est condamné à revoir de fond en comble les liens qui existent avec son homologue afghan.

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