Florida Primary Haunted by Crisis

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REPORTAGE – Le taux de chômage record et l’effondrement de l’immobilier dominent les enjeux du vote républicain.

De notre envoyée spéciale en Floride.

Au bord de la rivière Saint-Johns, la famille Colbert vit dans une spacieuse maison, à une demi-heure de route de l’océan: un petit coin de paradis au nord-est de la Error! Hyperlink reference not valid.. Mais pour Marvin Colbert, c’est un paradis stressant.

Ce spécialiste en équipement industriel a emménagé dans cette demeure avant d’avoir vendu sa première propriété, juste avant la crise du subprime en 2007, qui a transformé la Floride en «Ground Zero» des saisies immobilières. Au chômage depuis 2009, ses deux filles sont à l’université. Heureusement, son épouse garde un emploi bien rémunéré. La banque vient de saisir sa première maison (pour une raison que son avocat considère comme frauduleuse) et il redoute le pire pour la deuxième. Évaluée en 2008 à 800.000 dollars, celle-ci n’en vaut plus que 340.000.

L’histoire de Marvin est commune en Floride, le deuxième État le plus touché par les saisies immobilières aux États-Unis. Dans son quartier, cossu, on repère vite les maisons reprises par les banques. La notice sur la porte d’entrée, les herbes folles dans le jardin, un air d’abandon. Visiblement éprouvé, l’homme de 47 ans ne votera ni mardi ni en novembre. Washington le désespère. «Aucun candidat ne m’aidera à résoudre mes problèmes, les politiciens sont tous pareils», dit-il.

Une spirale infernale

Aux États-Unis, lorsqu’on perd son travail, la vie peut déraper rapidement. Certains se retrouvent à la rue. Chômage et saisies immobilières sont liés, de même que la couverture de santé dépend du travail, la retraite aussi. D’après un sondage Gallup, 72% des Américains craignent une nouvelle détérioration de l’économie dans l’année. Malgré des signes encourageants, la Floride accuse encore un taux de chômage à 9,9%, jamais vu depuis des décennies. En novembre, les électeurs diront s’ils sont satisfaits des efforts de Barack Obama pour redresser l’économie. , ceux qui votent républicain doivent choisir entre Mitt Romney, le grand favori, ou l’un de ses rivaux pour faire mieux que le président sur ce front. Newt Gingrich arrive deuxième dans les sondages, Rick Santorum et Ron Paul restant à la traîne. Les électeurs les moins politisés ne voient pas toujours la différence entre un démocrate et un républicain sur l’économie.

Richard, électricien, s’est retrouvé plusieurs fois au chômage depuis l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche. Mais, grâce à ses économies et à la chute de 60% de l’immobilier en Floride, il s’est offert pour 200.000 dollars une maison naguère évaluée le double. Il travaille dans l’entreprise de transport de son père en attendant de retrouver un emploi dans la construction, secteur dévasté en Floride. Richard a voté pour Obama en 2008 et réserve encore son vote pour novembre. «Le président a fait des erreurs, mais il donne l’impression d’essayer, c’est le Congrès qui bloque son action. Il a redressé General Motors. Il a fait passer la réforme de la santé. En 2008, nous nous demandions si le secteur bancaire n’allait pas disparaître, or aujourd’hui la situation s’est stabilisée», dit-il.

Ce représentant de la classe moyenne n’approuve pas les attaques contre le multimillionnaire Error! Hyperlink reference not valid., ancien patron de Error! Hyperlink reference not valid.. «Je me moque de savoir combien il paie d’impôts, ce qui m’intéresse ce sont ses compétences pour redresser l’économie», explique Richard. Error! Hyperlink reference not valid.en fait un argument de campagne, présentant Romney comme un candidat incapable de défendre la classe moyenne, première victime de la crise. En réplique, Error! Hyperlink reference not valid. sur son travail de lobbyiste à 1,6 million de dollars pour Freddie Mac, responsable de millions de saisies immobilières.

Beaucoup de Floridiens déplorent que les candidats républicains passent plus de temps à s’attaquer entre eux qu’à proposer des solutions pour redresser l’économie de l’État, portée par le tourisme, les services et la construction. La proposition de Newt Gingrich de créer une colonie sur la Lune n’a pas suscité l’enthousiasme espéré dans l’État de la Nasa. Et les foyers touchés par la crise immobilière se disent perplexes face à l’approche de Romney. Lors d’une table ronde la semaine dernière, il a assuré que les banques, responsables des crédits, «souffraient» elles aussi. En octobre, il avait professé qu’il valait mieux laisser le marché s’effondrer pour reconstruire sur des bases saines.

Ce discours passe mal en Floride, où les gens comme Marvin Colbert comptent sur le gouvernement pour encourager les programmes de refinancement de leurs emprunts et réclament plus de contrôle des banques.

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