From the Colorado Killings to the Arms Trade Treaty Conference in New York

Edited by Heather Martin

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Impossible de rester indifférent face à la tuerie du Colorado lorsque l’on travaille depuis près de cinq ans pour la régulation du commerce des armes classiques. Depuis quelques jours je suis attentivement l’évolution des commentaires sur cet acte fou, gratuit et malheureux. Laissons aux journalistes le soin de faire part des détails du massacre et des suites judiciaires pour nous intéresser exclusivement au lien éventuel entre ce qui s’est passé dans le centre des Etats-Unis et les discussions qui ont lieu en ce moment à l’ONU.

Le Colorado nous rappelle en même temps que le premier anniversaire de la tuerie de l’île d’Utoya (Norvège), que les armes ne sont pas une marchandise comme les autres. On ne peut donc pas faire l’impasse sur la nécessité d’imposer des règles strictes pour contrôler leur circulation. Il appartient à la société américaine de s’interroger sur la capacité de sa législation à prévenir ce genre de massacre. Mes premières observations me laissent penser que la perspective des élections présidentielles de cette année rend tout débat autour du sujet compliqué et biaisé. Ici encore comme dans le commerce mondial des armes, lorsque le politique est laxiste, ce sont les populations civiles innocentes qui en pâtissent.

Parle-t-on alors du Colorado lors de la conférence sur le TCA ? Fort heureusement non. Car ce serait aller dans le sens des lobbyistes américains qui posent la question du marché interne des armes aux États-Unis dans le cadre des négociations. Or celle-ci ne relève pas du champ du traité (cf chronique du 16 juillet). J’ai vu quelques tweets de militants pour un TCA fort qui pensent devoir « utiliser » le désastre du Colorado pour appeler à une évolution de la position américaine. Cela ne peut que générer des confusions et desservir la mobilisation pour le TCA.

En effet, le lobbying pro-armes aux Etats-Unis qui influence la classe dirigeante et construit son travail de sape du TCA en brandissant la menace que ce traité ferait peser sur le droit constitutionnel des civils à posséder des armes à feu. Il ne faut donc pas enrichir leur argumentaire très éloigné de la réalité des négociations sur le contenu de ce traité.

Cependant, si l’on veut obtenir un traité qui sauvera des vies humaines à travers le monde, il faut réussir à faire évoluer la position des Etats-Unis sur deux points essentiels.

Le premier concerne les munitions, que le champ d’application du traité doit impérativement couvrir. Les autres Etats et les citoyens doivent le rappeler au gouvernement des Etats-Unis et à ses représentants dans les missions diplomatiques dans le monde

Le deuxième point est relatif aux critères et paramètres, c’est-à-dire l’ensemble des éléments à intégrer pour évaluer les risques liés à un transfert d’armes. Contrairement aux exigences des américains, le traité doit clairement demander l’interdiction d’un transfert lorsqu’il y a un risque substantiel qu’il viole un des critères (cf ma chronique du 4 juillet).

A quelques jours de la fin de la conférence, cette tâche semble ambitieuse. Mais le chemin parcouru par la société civile depuis plusieurs années me fait espérer un basculement de la situation. Il ne faut donc pas relâcher la pression, c’est le meilleur hommage que l’on peut rendre à toutes les victimes innocentes de la circulation irresponsable des armes.

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