Fiscal Cliff: The Cliff of Shame

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Ce qui se passe à Washington ce weekend ressemble, aux yeux d’une grande majorité d’Américains, à une honte et à un scandale, mais ne représente peut-être pas, encore, une catastrophe.

Certes, sauf accord avant minuit le 31 décembre entre les Républicains et les Démocrates du Congrès sur un projet de réduction du déficit, un plan automatique, accepté 18 mois plus tôt comme un épouvantail législatif, sera mis en œuvre. Il implique un « fiscal cliff », un précipice fiscal, de 500 milliards de hausses d’impôts généralisées et de coupes budgétaires sanglantes qui, outre une injustice sociale et fiscale, constituent aussi le plus sûr moyen d’interrompre la convalescence de l’économique américaine et de la replonger dans la récession.

Le conflit actuel est centré sur une augmentation d’impôts plutôt modérée pour les revenus supérieurs à 250 000 dollars, promise pendant toute sa campagne par Barack Obama et toujours refusée mordicus par la majorité républicaine de la Chambre des Représentants. Les deux partis semblent se rapprocher, ce dimanche, d’une entente vers un seuil de 500 000 dollars, en dépit de l’engagement du président à apposer son veto sur tout texte élevant la barre au dessus de 250 000 dollars. Tiendra t-il parole ?

Il est peu probable, en tous cas, qu’un accord soit trouvé avant les 12 coups de minuit, auquel cas, les Démocrates proposeront le 2 janvier une loi réduisant les effets fiscaux les plus douloureux pour les Américains moyens ; En cas d’échec, une nouvelle loi sera proposée le 4 janvier, date d’entrée en fonction de la nouvelle Chambre dont la majorité républicaine a été réduite par les dernières élections de novembre. Un rétablissement in extremis qui sauvera les meubles, et évitera la récession, mais pas une nouvelle faillite politique américaine.

Obama pensait rappeler une bonne fois pour toute aux républicains le verdict des dernières présidentielles. Armé de sa majorité affaiblie à la Chambre, le parti ne semble pas décidé à en finir avec quatre ans de guerre de tranchée, faute de pouvoir ramener à la raison la base électorale extrémiste de ses élus du Congrès. La prochaine échéance n’est autre que le débat sur le relèvement du plafond de la dette américaine, occasion d’une nouvelle offensive de la mouvance Tea Party, en février.

Les républicains pourraient-ils payer le prix fort de leur intransigeance lors des prochaines élections de 2014 ? La sanction des électeurs sera amortie par le découpage électoral invraisemblable qui transforme les circonscriptions en bastions idéologiques inexpugnables.

Si les bourses mondiales commencent à chuter lundi matin, c’est autant pour sanctionner les atermoiements budgétaires américains que l’incapacité des Etats-Unis à décider de son sort au sein de ses institutions démocratiques. Cela devient, effectivement, très inquiétant.

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