In the US, Guns Are Always Sure To Win

<--

Barack Obama a besoin du Congrès pour faire passer un renforcement de la législation sur les armes à feu. Mais il rencontre des réticences jusque dans son propre camp, rappelle Jonathan Mann, journaliste à CNN.

Cette semaine, Barack Obama a fait monter à bord de son avion Air Force One les familles des victimes de la fusillade de Newtown pour les amener à Washington. Et les faire rejoindre ainsi sa campagne pour de nouvelles mesures de contrôle des armes à feu, que les législateurs sont en train d’adoucir et qu’ils pourraient même abandonner complètement.

“Qu’ils veuillent l’entendre ou non, nous continuerons d’être là, et d’élever la voix” a déclaré Jillian Soto, dont la soeur, Vicki Soto, a été tuée en décembre dans le massacre de l’école, où 20 élèves et cinq autres professeurs ont perdu la vie. “Nous allons les appeler, leur envoyer des e-mails, leur écrire des lettres, organiser des rassemblements, nous assoir dans et devant leurs bureaux, jusqu’à ce qu’ils nous parlent et écoutent ce que l’on a à leur dire.”

Au lendemain de la tuerie de Newtown, dans le Connecticut, Obama avait promis d’utiliser tous ses pouvoirs pour réduire la violence par armes à feu. Mais tout ce que Washington veut faire doit forcément prendre la forme d’une loi, que seuls les législateurs peuvent faire adopter.

Convaincre le Congrès a été la première priorité d’Obama, depuis le début de son second mandat en janvier. Il a sillonné le pays pour pousser les Américains à faire pression sur leurs représentants. “Nous devons être plus exigeants avec nous-mêmes et vis-à-vis du Congrès, a-t-il martelé. Nous devons croire que, de temps en temps, nous mettons de côté la politique pour faire simplement ce qui est juste.”

Trois des principales propositions du président se sont heurtées à une opposition forte et immédiate de la part des partisans des armes. L’interdiction des chargeurs de haute capacité et des fusils semi-automatiques conçus sur le modèle des armes militaires a déjà été quasiment abandonnée. La troisième proposition, qui vise à étendre l’actuel système de contrôle à tous les acheteurs d’armes potentiels, même s’ils ne passent pas par les magasins traditionnels, a été allégée de manière significative pour tenter de le faire adopter.

Mais même le projet de loi le plus faible qui soit a rencontré des problèmes. Pendant des jours, plusieurs Républicains ont menacé d’utiliser des manoeuvres législatives pour empêcher un vote au Sénat, contrôlé par les Démocrates. Et même quand arrivera le moment du vote, l’adoption du texte est loin d’être certaine. Y compris dans le propre parti du président, de nombreux sénateurs sont de fidèles supporters des armes à feu. A la Chambre des représentants, contrôlée par les Républicains, le sort du projet de loi semble encore plus compromis.

Nos sondages indiquent que certaines des propositions du président bénéficient d’un large soutien dans l’opinion, mais les inquiétudes autour de la violence par armes à feu ont diminué depuis décembre, lorsque les massacres faisaient la une des journaux. Parallèlement, l’opposition a progressé. Au début de l’année, 53% des Américains qui possèdent une arme dans leur foyer estimaient que le gouvernement essayait de leur retirer leur droit à la détenir. Leur part a grimpé à 62%.

Comme chacun le sait, la constitution américaine garantit à ses citoyens le droit de porter une arme, ce que protège jalousement un lobby des armes bien organisé. Cette semaine, les familles des victimes ont été poliment reçues par les législateurs, qui n’ont pas changé d’attitude pour autant. Aux Etats-Unis, les armes sont toujours sûres de gagner. Le président, lui, ne l’est pas.

About this publication