Unsavory Midwives

Edited by Gillian Palmer

 

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Peut-on tomber à moitié enceinte ? Washington ne semble pas près de trancher adéquatement la question. Il y a quelques années, l’administration George W. Bush se livrait délibérément à un mensonger diagnostic de grossesse – les armes de destruction massive prétendument détenues par Saddam Hussein – pour faire accoucher l’Amérique d’une guerre aussi injuste que dévastatrice, contre l’Irak. Barack Obama a bien retenu la leçon : trop bien même ?

Risible en effet serait l’actuelle valse-hésitation des États-Unis s’il ne s’agissait d’une question aussi épouvantable que celle de savoir si le régime Assad a, ou non, usé de l’arme chimique contre les rebelles de Syrie. À cette interrogation, Washington répond, pour l’heure, par un brumeux probablement : terme qui laisse objectivement une bonne place au doute, et qu’aurait très bien pu remplacer le savoureux yaani (couci-couça) de chez nous. Toujours est-il que selon le Renseignement US, l’utilisation de gaz toxiques, notamment du sarin, n’aurait eu lieu qu’à petite échelle(?). Si bien que le seuil de tolérance que s’est fixé l’unique superpuissance mondiale n’est pas encore atteint. Pour que soit enfoncée la ligne rouge, faudra-t-il donc attendre une réédition syrienne de l’horreur de Halabja, cette ville kurde que gazait allègrement Saddam ?

Mais pour en rester aux irruptions de l’obstétrique dans le jeu des nations, sommes-nous vraiment en droit, nous Libanais, de nous offusquer de toutes ces finasseries sémantiques alors que nous sommes incapables de faire avorter, à temps, les catastrophes en menaçante gestation dans notre propre pays?

De là où la guerre des autres se déroulait sur le sol libanais, les envois de combattants en Syrie ont déjà réussi à nous mener, en attendant pire peut-être, au stade des affrontements interlibanais en terre étrangère. Particulièrement regrettable – et éminemment explosif, de surcroît – est le slogan de guerre sainte invoqué pour de tels errements : slogan que les extrémistes sunnites ont fini par reprendre au pionnier en la matière, à savoir un Hezbollah massivement engagé aux côtés de la dictature baassiste. Et qui, pour tenter de se refaire une virginité de résistant voué à la lutte contre Israël, compromet une fois de plus la sécurité nationale en envoyant des drones titiller un ennemi des plus chatouilleux en se gardant, cette fois, de revendiquer la paternité de cette opération.

Doublement pernicieux est, dans un pays tel que le nôtre, l’alibi du jihad. Il camoufle bien mal la priorité donnée aux directives de puissances étrangères, au détriment de l’intérêt national. Et il viole outrageusement la formule pluricommunautaire qui a présidé à la naissance du Liban. En définitive, il en va de la fidélité à la mère patrie comme de la maternité ordinaire : toutes deux se prêtent mal aux demi-mesures.

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