Suspicious Mail

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La police américaine a intercepté une lettre destinée à la Maison-Blanche et «semblable» à celles contenant de possibles traces de ricine récemment envoyées au maire de New York.

«Ce qu’il y a dans cette lettre n’est rien comparé à ce qui vous attend.» Ce courrier envoyé au président Barack Obama est bien la preuve que le débat sur le contrôle des armes à feu aux États-Unis est loin d’être clos. la missive, contenant peut-être de la ricine – un poison déjà envoyé le mois dernier au président dans une tout autre affaire – n’a pas atteint la Maison-Blanche, car les lettres sont triées dans des locaux distincts pour des raisons de sécurité. Elle a été remise «au service antiterroriste du FBI aux fins d’analyse et d’enquête», a affirmé un porte-parole de la police chargée de la protection du président, Edwin Donovan.

La menace est prise au sérieux: la veille en effet, la police de New York avait révélé que deux lettres contenant probablement cette même substance mortelle avaient été adressées la semaine précédente au maire de New York, Michael Bloomberg. L’une a été interceptée par les services postaux de la mairie, l’autre par le directeur de la campagne que Bloomberg a lancée pour le contrôle des armes à feu, «Mayors Against Illegal Guns», et qui regroupe environ 700 maires.

«Vous devrez me tuer, moi et ma famille, avant de prendre mes armes à feu»

Dans ces deux lettres, les mêmes menaces, anonymes, écrites par ordinateur. «Vous devrez me tuer, moi et ma famille, avant de prendre mes armes à feu, est-il écrit, selon NBC New York. Quiconque veut venir chez moi recevra un coup de fusil en plein visage. Le droit de posséder une arme à feu est un droit constitutionnel venant de Dieu et je l’exercerai jusqu’au jour de ma mort.» Postées de Louisiane (Sud) le 20 mai dernier, ces lettres contenaient une «substance rose-orange huileuse» selon un porte-parole de la police de New York cité par le New York Times. Plusieurs officiers qui ont manipulé l’une d’elles ont même été hospitalisés par précaution après avoir ressenti quelques symptômes. Ils sont depuis complètement rétablis.

«Le droit de posséder une arme à feu est un droit constitutionnel venant de Dieu»

Courrier anonyme

Que Bloomberg soit pris pour cible n’est pas un hasard. À la tête d’une fortune estimée à 27 milliards de dollars, l’édile de New York est l’un des plus fervents défenseurs d’une loi plus stricte sur les armes à feu. Il a notamment dépensé 12 millions de dollars pour une campagne publicitaire nationale visant à contrer l’influence du lobby pro- armes, la National Rifle Association (NRA). Interrogé sur ces lettres, mercredi soir, Bloomberg ne veut pas se laisser intimider: «12.000 personnes vont se faire tuer cette année avec des fusils et 19.000 vont se suicider avec des armes à feu, nous n’allons pas ralentir nos efforts. Et je sais que je parle au nom de presque un millier de maires» membres du groupe Mayors Against Illegal Guns, a-t-il déclaré.

Les lobbys pro-armes ont gagné une bataille, mais la guerre n’est pas finie

Dans ce débat qui divise l’Amérique, relancé après le massacre de 20 écoliers dans une école de Newtown (Nord-Est) en décembre dernier, la NRA a gagné une grande bataille. Le mois dernier, les sénateurs ont en effet rejeté une loi qui aurait rendu obligatoires les vérifications d’antécédents judiciaires et psychiatriques avant l’achat d’armes dans des foires ou sur Internet. Ils ont aussi voté contre une interdiction des armes d’assaut et des chargeurs de grande capacité. Un vrai revers pour Barack Obama.

La guerre n’est pourtant pas terminée. Les Mayors Against Illegal Guns de Bloomberg continuent de mettre la pression sur les membres des Congrès, ainsi que sur les législateurs au niveau des États, où le combat fait rage. Certains, comme le Colorado, ont adopté depuis Newtown des restrictions au port d’armes. Les sénateurs du New Jersey (Est) examinaient ce jeudi dix mesures allant dans ce sens. Et selon le quotidien britannique The Guardian, les familles des victimes de Newtown et leurs alliés ont de leur côté entamé un travail de lobbying acharné auprès du Congrès: ils espèrent obtenir un deuxième vote au Sénat.

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