Obama Trapped by Immigration Reform

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Le président américain devrait annoncer la semaine prochaine des décrets pour donner une solution aux millions de sans-papiers, en majorité mexicains, qui vivent aux Etats-Unis. Au risque d’un affrontement avec les républicains.

Obama ira-t-il au clash avec les républicains? Au risque d’un affrontement majeur avec le Congrès, le président américain a annoncé son intention de signer une série de décrets pour régulariser la situation de plusieurs millions de sans-papiers, en majorité mexicains, qui vivent aux Etats-Unis.

Après la réforme de l’assurance santé, l’Obamacare, la réforme de l’immigration était l’une des priorités du second mandat de Barack Obama. C’est aussi l’un de ses principaux échecs.

Alors que les démocrates ont perdu la majorité dans les deux chambres aux élections de mi-mandat, le président américain a annoncé son intention d’agir rapidement pour apporter une solution à la question des sans-papiers. Il a dit toutefois souhaiter que le Congrès adopte une loi sur le modèle de celle votée par le Sénat en 2013 mais enterrée à la Chambre des représentants. S’exprimant depuis la Birmanie où il est en déplacement, le président a rappelé, ce vendredi, qu’il a donné plus d’un an à la Chambre des représentants pour avancer sur cette question.

Quelles seraient les mesures envisagées?

Selon certains responsables américains, les parents d’enfants ayant la citoyenneté américaine ou un permis de séjour permanent (carte verte) pourraient se voir offrir, pour une durée déterminée, des papiers leur permettant de travailler légalement et d’être protégés contre une expulsion.

Combien de personnes seraient concernées?

Quelque cinq millions de clandestins pourraient être concernés sur un total estimé de 11,7 millions de sans-papiers aux Etats-Unis, d’après les révélations du New York Times. Leur nombre exact dépendra des critères fixés par Barack Obama, notamment le nombre d’années de présence aux Etats-Unis.

D’autres mesures du plan, qui comporte 10 points selon Fox News, concerneraient notamment la sécurité à la frontière, la rémunération des policiers à la frontière avec le Mexique et les visas pour les étrangers hautement qualifiés.

Comment vont réagir les républicains ?

Les informations du New York Times ont suscité de nouvelles déclarations de défiance du Grand old party (GOP, le surnom du parti républicain). “Nous nous battrons bec et ongles contre le président s’il persévère”, a déclaré jeudi le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner. “Toutes les options sont sur la table”, a-t-il ajouté, sans dévoiler sa stratégie exacte.

Des conservateurs au sein du GOP le pressent d’utiliser la loi de finances que le Congrès doit impérativement adopter d’ici le 11 décembre pour bloquer toute initiative présidentielle, en y glissant un article coupant les fonds nécessaires à la mise en place du plan de régularisations. Mais cette tactique controversée pourrait conduire à une impasse et à la fermeture partielle de l’Etat fédéral (“shutdown”). Un scénario déjà éprouvé en octobre 2013 et que les chefs républicains veulent éviter à tout prix afin, maintenant qu’ils ont la majorité, d’apparaitre, dans la perspective de la présidentielle de 2016, comme un parti de gouvernement et non d’obstruction. “Nous ne fermerons pas l’Etat fédéral et nous ne menacerons pas de faire défaut sur la dette nationale”, a coupé court Mitch McConnell, chef des républicains du Sénat.

Pourquoi Obama est-il en porte-à-faux sur l’immigration?

Barack Obama est dans une situation délicate face à l’électorat hispanique. Bien qu’il ait proclamé à la veille de sa réélection faire de l’immigration une priorité, il n’a pas su s’imposer face aux réticences de la majorité des républicains sur la question. Résultat, un sentiment de trahison chez les 25 millions d’électeurs inscrits d’origine hispanique. L’annonce, en septembre, du report à une date ultérieure – “après les élections” – de réforme annoncée depuis 2008 a provoqué la consternation. Un sentiment aggravé par le fait qu’en cinq ans, l’administration Obama a expulsé autant de sans-papiers que George Bush en huit ans. S’il veut que les Hispaniques restent fidèles au parti démocrate – ils ont voté à 71% pour Obama en 2012 -, il a donc intérêt à redresser la barre.

C’est pourquoi les démocrates, enjoignent aujourd’hui le président de concrétiser sa promesse. “N’oublions pas que ce sont les républicains du Congrès qui avaient également bloqué des projets de réforme en 2006 et 2007”, soulignent les élus.

Et les républicains ?

Le sénateur John McCain, partisan d’une réforme du système d’immigration depuis plusieurs années, a plaidé pour que Barack Obama donne une nouvelle chance au Congrès pour avancer sur le dossier. Il faisait pourtant partie de la poignée de sénateurs républicains qui avaient lancé avec des collègues démocrates, un projet bipartisan de réforme de l’immigration historique en 2013. Ils étaient conscients de leur déficit de popularité auprès de la minorité hispanique après leur seconde défaite consécutive à l’élection présidentielle, en novembre 2012. Marco Rubio, prétendant officieux à la Maison Blanche en 2016, avait lui-même soutenu cette réforme. Mais il avait fini par se ranger à la position chaque jour plus frileuse de son parti sur la question.

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