Sgt. Bergdahl’s Indictment a Source of Embarrassment for Obama

 

 

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L’inculpation du sergent Bergdahl, source d’embarras pour Obama

Le sergent Bowe Bergdahl, un jeune soldat américain qui s’est retrouvé aux mains des talibans, puis du réseau Haqqani pendant cinq longues et rudes années, après avoir quitté volontairement sa base militaire en Afghanistan, a été inculpé «pour désertion» et «mauvaise conduite face à l’ennemi», a rapporté mercredi un porte-parole de l’armée de terre américaine, lors d’une conférence de presse.

C’est une fort mauvaise nouvelle pour le président Obama, qui avait scénarisé en grande pompe l’annonce de sa libération à la Maison-Blanche, en recevant ses deux parents et en tenant une conférence de presse à leur côté. Une pluie de critiques venue des rangs républicains s’était immédiatement abattue sur la présidence au moment du retour du jeune Bergdahl, négocié par l’administration en échange de la libération de cinq prisonniers de Guantanamo. Les adversaires de Barack Obama l’avaient accusé d’avoir mis en danger la sécurité nationale en procédant à l’échange – malgré la tradition américaine de ne pas négocier sur les prises d’otages, et s’étaient indignés de ne pas avoir été associés à la décision. Sa conseillère à la Sécurité nationale, Susan Rice, s’était fait étriper dans les médias, pour avoir défendu la décision d’Obama et affirmé que le sergent avait eu un service «honorable».

Une atmosphère de lynchage, selon son avocat

Visiblement, l’armée de terre ne semble pas convaincue puisqu’elle a décidé de poursuivre le jeune homme. Bergdahl comparaîtra devant un tribunal militaire équivalent à un grand jury. C’est cette instance qui déterminera si l’affaire doit aller ensuite devant une Cour martiale à part entière, ou si elle se contentera d’une négociation. S’il était condamné pour désertion et mauvaise conduite face à l’ennemi, Bowe Bergdahl pourrait en principe écoper d’une peine de prison à vie. Il pourrait être privé des salaires que l’armée avait continué de lui verser pendant son incarcération. Il pourrait aussi être forcé de démissionner ou subir une réduction de grade.

Seul Américain sous les drapeaux à être capturé par des rebelles en Afghanistan, Bowe Bergdahl avait été porté disparu de son poste, dans l’est du pays, en juin 2009. Certains soldats qui étaient en poste avec lui ont affirmé qu’il avait quitté son unité volontairement, mettant en danger les soldats partis à sa recherche.

Son avocat Eugene Fidell soutient que Bowe Bergdahl est fier de porter l’uniforme mais qu’il est devenu un bouc émissaire des opposants à la fermeture de la prison de Guantanamo.

La polémique sur sa libération risque en tout cas de reprendre de plus belle, avec les accusations pesant sur lui. L’équipe Obama a tenté de contre-attaquer en soulignant que les charges pesant sur lui ne changeaient rien au fait qu’il fallait le ramener au pays. «On ne sous-traite pas notre justice chez les talibans», a un responsable du ministère de la Défense au New York Times.

L’avocat du jeune soldat, Fidell a dénoncé une atmosphère de lynchage autour de son client, appelant à laisser la justice suivre son cours. Citant un rapport du général Kenneth Dahl, qui a été chargé d’interroger le jeune homme après son arrivée sur une base militaire au Texas, où il est resté cantonné ces derniers mois, il a souligné que ce document offrait des conclusions nuancées susceptibles d’aider son client. Le rapport conclut notamment que Bergdahl n’avait pas l’intention de quitter l’armée de manière permanente. Ses motivations restent toutefois peu claires.

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