Jeb at the Zoo

<--

Le spectacle à n’en plus finir de la course présidentielle américaine qui aboutira en novembre 2016 a franchi une étape importante lundi avec l’entrée en scène officielle de Jeb Bush, le fils de l’un et le frère de l’autre. Candidature républicaine parfaitement prévisible, du reste, que l’ancien gouverneur de la Floride a retardée le plus longtemps possible pour pouvoir profiter au maximum d’une décision controversée de la Cour suprême déplafonnant le financement des campagnes électorales. Avec le résultat qu’il entre dans la course avec des fonds d’une ampleur indécente de centaines de millions de dollars.

Si M. Bush a d’évidence du succès auprès des donateurs, son ascendant sur les militants est plus instable. Ce qui intrigue. Comme Hillary Clinton, qui a prononcé samedi à New York un grand discours plein de ferveur progressiste assumée, M. Bush est doté d’un patronyme qui est un boulet en même temps qu’il lui confère un certain poids de notoriété. Son problème principal est cependant ailleurs, s’agissant de réunir autour de sa candidature un Parti républicain de plus en plus déconnecté idéologiquement de la société américaine.

Jeb Bush a toujours campé bien à droite. Gouverneur de la Floride de 1999 à 2007, il a réduit les taxes et les impôts de 19 milliards, laminé la fonction publique de 11 %, rapetissé la portée des programmes antidiscriminatoires d’action positive et le nombre de cliniques pratiquant l’avortement, tout en votant une loi favorable au lobby des armes. Et son frère George est adulé par un grand nombre de militants évangélistes, frange très influente du parti, pour son conservatisme « born again ». Ce n’est apparemment pas suffisant…

Pour autant, il éprouve aujourd’hui du mal à convaincre les républicains les plus conservateurs qu’il est l’un des leurs — heurtant leurs obsessions anti-Washington sur deux fronts en particulier : d’abord parce qu’il est favorable à la régularisation du statut des immigrants illégaux (son épouse est mexicaine, d’ailleurs, et il s’est converti au catholicisme), ensuite parce qu’il appuie l’établissement de normes nationales d’enseignement dans les écoles secondaires…

Alors quoi ? La course à l’investiture républicaine est un zoo de dix candidats tous plus à droite les uns que les autres. Possible que, pour rameuter les militants et arracher l’investiture, Jeb Bush se sente finalement obligé de rivaliser d’ultraconservatisme avec les Rand Paul et Marco Rubio. Auquel cas le Parti républicain continuera de se fanatiser. Le Tea Party est pourtant loin de représenter l’avenir de la société américaine. C’est aux démocrates que les vents politiques et sociaux sont favorables.

About this publication