Donald Trump: Hillary Clinton’s Trump Card

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Donald Trump, le meilleur atout d’Hillary Clinton

Il a dominé le premier débat de la présidentielle, il mène dans les sondages… Mais le milliardaire incontrôlable pourrait faire perdre son camp.

Le premier débat de la présidentielle 2016, opposant dix candidats républicains sur dix-sept dans le stade de basket de Cleveland, venait à peine de commencer que Donald Trump a montré qu’il ne suivrait aucune règle du jeu. Il a suffi pour cela que le modérateur s’adresse aux candidats pour leur demander s’ils étaient prêts à soutenir celui d’entre eux qui gagnerait les primaires républicaines. Le milliardaire a levé la main pour dire qu’il ne souscrirait pas un tel engagement, qu’il espérait bien gagner la course, mais qu’il n’hésiterait pas, en cas d’échec aux primaires, à se présenter à la présidentielle en candidat indépendant.

Si Donald Trump met sa menace à exécution, les républicains sont assurés de perdre la présidentielle. Et le hasard fait que ce serait une fois de plus au profit d’un Clinton. En 1992, en effet, le milliardaire Ross Perot s’était, lui aussi, présenté en indépendant. Face à lui, George H. W. Bush, le président républicain sortant, vice-président de Ronald Reagan pendant huit ans, et, pour les démocrates, un candidat presque inconnu, gouverneur de l’Arkansas : Bill Clinton. Perot avait réussi à la surprise générale à rassembler sur sa candidature 19 millions de voix, sans doute plutôt conservatrices. Bien plus que celles qui ont manqué à George Bush, battu par Clinton de 5 millions de voix.

Trump, ce milliardaire incontrôlable, qui consacre plus de temps à insulter ses adversaires via son compte twitter qu’à faire campagne sur le terrain, est, depuis quelques semaines, le favori des sondages. Avec 24 % contre 14 % à Scott Walker et 13 % pour Jeb Bush, il écrase pour le moment ses rivaux les plus sérieux. Son secret : il fait le show, ce qui à ce stade de la campagne électorale est sans doute le meilleur moyen de s’attirer les sympathies des téléspectateurs, sinon des électeurs.

Un grand numéro

Le spectacle qui a eu lieu jeudi soir, dans un stade de basket archicomble, n’avait rien à voir avec ce que l’on imagine d’un débat politique pour choisir un candidat à l’élection présidentielle. Pour la mise en scène, cela tenait de « Questions pour un Champion » et pour l’ambiance, d’une rencontre de NBA entre les « Cavaliers » de Cleveland et les « Bucks ». Autrement dit, on était très loin des affaires du monde et même de celles de l’Amérique.

C’est bien ce qu’a compris Donald Trump, qui, au lieu de répondre sur le fond aux questions que les animateurs se risquaient à lui poser, a fait un grand numéro d’imprécateur sur les femmes, les immigrés, les politiques. Pendant ce temps, ses concurrents répondaient sagement et sérieusement aux thèmes qui leur étaient proposés. Ce qui n’était manifestement pas de nature, du moins à ce stade de la présidentielle, et dans cet exercice à grand spectacle, à capter l’adhésion des électeurs américains.

Après les dérives du Tea Party, les républicains sont confrontés à la démagogie et au populisme d’un milliardaire misogyne, qui considère tous les immigrés comme des criminels en puissance, juge que tous les journalistes politiques ou presque sont malhonnêtes, raconte que tous les élus dont il a subventionné les campagnes lui ont largement rendu pour ses affaires ce qu’il avait dépensé pour eux, et proclame être le seul candidat à se moquer du politiquement correct. Cet homme qui pèse 4 milliards de dollars et a transformé le penthouse de sa tour de la Ve Avenue en QG de sa campagne a sans doute électrisé la présidentielle dans le camp républicain. Mais pour aboutir à quoi ? N’est pas Ronald Reagan qui veut.

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