The Resignation of the Speaker of the House of Representatives Reflects Republican Rifts

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Etats-Unis : la démission du président de la Chambre des représentants reflète les déchirures républicaines

Les tensions internes au Parti républicain ont fini par emporter John Boehner, « speaker » (président) de la Chambre des représentants depuis 1990. Il a annoncé sa démission vendredi 25 septembre. Celle-ci entrera en vigueur à la fin du mois d’octobre. M. Boehner devrait également abandonner son poste de représentant de l’Ohio, occupé sans interruption depuis vingt-cinq ans.

M. Boehner était confronté, depuis des mois, à une guérilla de l’aile droite du parti républicain, qui s’oppose aux compromis passés par le « speaker » avec le camp démocrate, notamment pour assurer le fonctionnement de l’Etat fédéral. Cette aile droite, minoritaire, représentée par le Freedom caucus, juge également que le leadership républicain de la Chambre ne défend pas assez les valeurs conservatrices.

Assauts répétés

M. Boehner avait su repousser les assauts de ses rivaux républicains en janvier 2013, puis à nouveau en janvier 2015, au lendemain de la victoire la plus large remportée par le Grand Old Party depuis 1928. En septembre, ces élus très idéologiques avaient encore essayé, en vain, de le renverser.

Ce sentiment insurrectionnel alimente en partie le succès des outsiders candidats à l’investiture républicaine pour la présidentielle de 2016, Donald Trump, Ben Carson, ou Carly Fiorina.

Il a été entretenu par l’impuissance du Parti républicain à supprimer, par exemple, la réforme de santé à laquelle le président Barack Obama a attaché son nom, à imposer la construction de l’oléoduc Keystone, ou à bloquer (avant la décision d’un juge fédéral) les décrets présidentiels pour faciliter la vie des migrants illégaux présents sur le sol américain.

Il s’est focalisé, au cours de cet été, sur la question de l’avortement, après la diffusion, par une association hostile à l’interruption volontaire de grossesse, de films mettant en cause le planning familial. Ces films, qui font l’objet de controverses, accusent cette institution de se livrer au commerce de tissus humains prélevés sur des fœtus.

Combat de trop

Alors que les institutions fédérales seront à l’arrêt dès le 1er octobre si le budget pour l’année à venir n’est pas voté par le Congrès, l’aile droite du Parti républicain souhaite subordonner son vote à l’arrêt des subventions versées au planning familial, une position inacceptable par le Parti démocrate.

Face à cette menace de « shutdown » (la « fermeture » du gouvernement), M. Boehner se rangeait plutôt dans le camp du chef de la majorité du Sénat, Mitch McConnell, qui estime que la bataille contre l’avortement ne doit pas remettre en cause la continuité de l’Etat fédéral.

Ce combat a été celui de trop, manifestement, pour le « speaker » républicain. Ce catholique fervent, qui avait œuvré de longue date pour qu’un pape puisse s’exprimer devant le Congrès, a simplement attendu le lendemain de la visite historique de François, jeudi, pour faire part de sa décision. Volontiers émotif, M. Boehner n’avait pas pu cacher ses larmes à deux reprises en présence du pape.

Membre du « gang des Sept »

Évincé par les rebelles de son parti, M. Boehner avait fait preuve lui-même d’indiscipline en arrivant au Congrès, en 1990, après avoir été élu dans le 8e district de l’Ohio, son Etat de naissance. Issu d’une famille modeste (il est le deuxième d’une fratrie de douze enfants), il était alors, à 41 ans, membre du « gang des Sept », un groupe de jeunes parlementaires scandalisés par la découverte des largesses financières que s’autorisait une partie des élus.

Remarqué par le chef de la minorité républicaine, Newt Gingrich, il a travaillé activement à la rédaction du Contrat pour l’Amérique, la plate-forme conservatrice qui a accompagné la poussée électorale de 1994.

John Boehner était alors devenu un responsable éminent du Grand Old Party, jusqu’à la chute de son mentor, à la suite de multiples controverses, en 1998. Réélu sans interruption dans l’Ohio, il s’est appuyé sur son travail de parlementaire pour retrouver une légitimité. Une œuvre de longue haleine couronnée en 2010 par son accession au poste de « speaker » grâce à la vague des Tea Parties, qui arrache aux démocrates le contrôle de la Chambre. Cette même vague ultra-conservatrice à l’origine, aujourd’hui, de sa démission.

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