The US in the Trap of Sept. 11

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Les Etats-Unis dans le piège du 11-Septembre

Conflit La puissance américaine sort grande perdante de la guerre au terrorisme lancée au lendemain des attentats. Trop sûre d’elle en 2001, elle en paie désormais le prix

Les attentats du 11 septembre 2001 ont provoqué la première grande guerre du XXIe siècle. Une guerre aux contours obscurs que les Etats-Unis ont entamée en riposte à l’agression spectaculaire d’une organisation djihadiste (Al-Qaida), qu’ils ont présentée comme une bataille mondiale (contre le terrorisme) et qu’ils ont utilisée pour envahir un pays étranger à l’attaque dont ils avaient été victimes (l’Irak). L’administration américaine de l’époque a tenté de retourner le terrible camouflet infligé par Al-Qaida en démonstration implacable de sa supériorité militaire. Elle y a presque réussi en conduisant en un temps record l’invasion de l’Afghanistan et le renversement du régime des talibans, coupables d’avoir protégé l’organisation terroriste. Mais elle s’est alors laissé aveugler par son succès. Pour avoir voulu étendre le champ de bataille à la Mésopotamie, elle a franchi en sa défaveur un point de bascule. Et, quatorze ans après leur victoire éclair, les Etats-Unis s’avèrent les grands perdants du conflit. La première défaite de Washington est morale. Alors que les Etats-Unis aiment à se présenter comme les défenseurs par excellence de la démocratie, ils se sont disqualifiés à cet égard de diverses façons. Notamment en violant massivement les droits de l’homme (par la pratique de la détention arbitraire et de la torture) et en entreprenant l’invasion de l’Irak sur la base d’un grossier mensonge (la prétendue présence d’armes de destruction massive dans le pays).

Un échec militaire patent en Irak comme en Afghanistan

Le deuxième échec est militaire. En Afghanistan, les Etats-Unis assistent impuissants au retour en force de leurs adversaires talibans. En Irak, ils ont dû abandonner le terrain à leurs pires ennemis chiites et sunnites. L’administration américaine tente bien désormais de s’extraire de ces deux guêpiers… mais sans succès.

Le troisième échec, enfin, est stratégique. Les Etats-Unis ont épuisé leur capital moral et leur réputation militaire au Moyen-Orient quand ils auraient pu les utiliser plus efficacement ailleurs, notamment en Asie où se dessine le monde de demain. L’occasion a été perdue. Elle ne reviendra pas. Les quinze premières années du XXIe siècle devraient rester dans l’histoire comme celles du début de la fin de la suprématie américaine.

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