Why Trump Can Beat Clinton Despite the Polls

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Pourquoi Trump peut battre Clinton (même si aucun sondage ne le prédit)

Les enquêtes d’opinion le donnent largement perdant face à sa rivale démocrate. Il ne faut pourtant pas vendre la peau du milliardaire avant de l’avoir battu.

Le 2 octobre dernier, Dana Milbank, éditorialiste au “Washington Post”, avait titré un de ses articles sur la primaire républicaine : “Trump va perdre, où je mange cette chronique”. Trump est désormais certain d’obtenir la nomination du parti républicain, et bon joueur, Dana Milbank a indiqué qu’il travaillait sur la recette selon laquelle il préparera la page du quotidien en vue de l’avaler.

A la décharge du journaliste, il n’était pas le seul à parier sur l’existence d’un feu de paille trumpesque. Lorsque le milliardaire s’est lancé dans la course à la Maison-Blanche, l’été dernier, rares étaient ceux qui pariaient sur sa victoire.

Trump a mangé un par un ses rivaux, en commençant par le plus célèbre d’entre eux, le frère et le fils d’ex-présidents, Jeb Bush et en terminant cette semaine par Ted Cruz et John Kasich. Aujourd’hui, les journalistes, les experts, les parieurs (à 2 contre 1), les sondeurs misent sur sa défaite face à Hillary Clinton. Leur raisonnement : une grande majorité des Américains, de gauche, du centre, mais aussi de la droite “raisonnable” préféreront au final confier la Maison-Blanche et les codes nucléaires à l’expérimentée Hillary Clinton plutôt qu’à ce dingo.

Lui est convaincu du contraire : il déjouera une fois de plus les pronostics. Et ce n’est absolument pas une hypothèse farfelue, même s’il s’engage dans la bataille avec un niveau de popularité extrêmement bas, le plus bas constaté depuis plus de 30 ans.

Clinton est mauvaise

Hillary Clinton mène une très mauvaise campagne. Cette primaire démocrate, qui s’annonçait comme une promenade de santé face à des candidats de petite envergure (ne parlait-on pas alors de “Blanche-neige et les sept nains”), s’est avérée une route bien tortueuse et cahoteuse. Alors que Trump triomphe déjà du côté républicain, Clinton n’a pas encore réussi à forcer l’abandon de son principal rival, Bernie Sanders, un homme de 74 ans qui se définit comme “socialiste”, ce qui n’est pas, a priori, la meilleure carte de visite pour percer en politique aux Etats-Unis.

Bernie Sanders, le “socialiste” de la campagne américaine

Tiraillée entre son passé centriste et la nécessité de séduire la gauche du parti, elle passe son temps à se contredire. Au Département d’Etat, elle s’était battue pour le Traité commercial transpacifique, la voici hostile au même traité. En mars, dans une envolée écolo, elle annonçait qu’elle allait remplacer aux Etats-Unis le charbon par des énergies renouvelables mais en mai, traversant la Virginie-Occidentale, région minière, elle a dû rétropédaler, parlant de malentendu, expliquant qu’il fallait se battre contre la fermeture des mines…

Hillary Clinton ne parvient pas à entraîner la jeunesse démocrate. Qui aurait imaginé, au début de la campagne, que les jeunes électeurs démocrates, y compris les jeunes femmes, pencheraient massivement pour le vieux Sanders ?

L’atout de Sanders : son succès chez les jeunes

L’ex-première dame va finir par gagner les primaires, sans aucun doute, mais sortira de l’épreuve avec une image écornée. Elle est apparue comme la candidate du passé, la figure de l’establishment, l’alliée de Wall Street. Et selon un récent sondage, encore six Américains sur dix ne la trouvent pas “honnête et digne de confiance”.

Hillary Clinton va maintenant s’en prendre frontalement à Donald Trump, le démoniser. Elle va également devoir “trianguler”, comme l’avait fait son mari en 1992, pour séduire les électeurs de l’autre camp. Mais elle se heurte à un problème de taille : comment pêcher des voix de droite tout en cherchant à séduire la jeunesse de gauche mobilisée par Sanders, mais déjà tentée par l’abstention ?

Le pari de Trump

En face d’elle, Donald Trump. Il part avec un vrai handicap, profond. Il est rejeté par les femmes, les Hispaniques, les jeunes. Plus des trois quarts des sondés, dans chacun de ces trois groupes, ne l’apprécient pas. Il n’est pas sans atouts.

Il est riche comme Crésus. Il part avec de l’élan, étant le vainqueur incontesté de la primaire républicaine. Il est bourré d’énergie. Il est très populaire chez les ouvriers, du moins les hommes, un réservoir électoral qu’il espère déplacer en masse vers les urnes en novembre, ce qui n’a pas été le cas lors des dernières élections.

Il n’a pas gagné sur un programme d’idéologue mais sur un positionnement populiste, élastique, et qui peut séduire au-delà du camp républicain. Il se présente comme l’outsider, l’indépendant, celui qui n’a pas peur du “politiquement correct” (ce qu’il a amplement prouvé en proférant de multiples horreurs sexistes, xénophobes, violentes…). Il a fait une campagne franchement à droite, mais a aussi pris soin de formuler des idées qui pourraient aussi plaire aux Américains moins conservateurs. Ainsi, à la différence de ses concurrents plus idéologues, il n’est pas fermé aux programmes sociaux ou d’éducation.

De même, il plaide en faveur de l’investissement public pour “restaurer la grandeur des Etats-Unis” : “La Chine et ces autres pays, ils ont des trains à grande vitesse. Nous n’avons rien”, répète-t-il. Et lorsqu’il propose de ne plus jouer le rôle de gendarme du monde, cela peut séduire des électeurs quel que soit leur bord, lassés des aventures internationales engagées par Washington.

Pilonner Clinton

En vue de gagner, Trump compte bâtir une plateforme à sa sauce, “non idéologique”. Il entend insister sur des sujets transpartisans (éducation…) sur le fond, et policer un peu son image, sur la forme. Et surtout, pilonner Hillary Clinton.

C’est sa meilleure chance de sortir de sa propre impopularité, Hillary Clinton étant elle aussi détestée par une très grande partie de l’Amérique (pas la même). La machine médiatique américaine, qui aime les campagnes serrées, ne manquera pas de l’aider dans cette entreprise.

Il va continuer à se présenter sans relâche comme le candidat neuf et allant, face à la triste politicienne du passé, la candidate du statu quo. La campagne des primaires, enfin, a montré combien Trump avait l’art de maîtriser les sujets portés sur la table du débat : c’est sur les terrains qu’il choisissait que ses concurrents se positionnaient. On ne peut pas en dire autant d’Hillary Clinton, qui courait bien souvent derrière les sujets lancés par Sanders…

Malgré les sondages, qui donnent tous Trump largement perdant, il est bien trop tôt pour l’enterrer : l’homme a prouvé pendant les primaires qu’il était capable de faire trembler le terrain politique traditionnel à son avantage. On aurait tort d’y voir un simple coup de chance.

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