Nuclear Power: Obama’s Utopia

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De quoi rêve le président sortant des Etats-Unis? A un monde sans armes nucléaires a-t-il plaidé, vendredi, à Hiroshima. Obama est le premier président états-unien en exercice à poser les pieds dans la ville martyre depuis 71 ans. Or, les deux seules bombes atomiques, jamais larguées dans le monde, ont été du fait des Etats-Unis. C’est aussi le seul pays au monde à avoir disposé de cette arme de destruction massive. C’était le 6 août et le 9 août 1945 contre les villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki. Quelque chose de terrible que le monde n’a jamais connu eut lieu au Japon, bouleversant définitivement la donne militaire mondiale et les stratégies de la guerre. Le président états-unien a justifié cette abomination [150.000 à 250.000 morts selon les estimations, à Hiroshima et Nagasaki] par le fait, qu’en pleine guerre les «dirigeants doivent prendre toutes sortes de décisions». Il répondait à une question de la chaîne de télévision japonaise NHK. Sans doute! Certes, de prime abord, la bombe du 6 août 1945, pouvait – à la limite – passer pour de la légitime (?) défense. Or, qu’en est-il de celle larguée sur Nagasaki, le 9 août 1945, trois jours après l’holocauste d’Hiroshima? En fait, avec leurs nouvelles armes atomiques, les Etats-Unis ne combattaient déjà plus dans la même catégorie militaire que des pays ne disposant que des seules armes conventionnelles. Aussi, la bombe contre Nagasaki ne se justifiait pas et rien ne pouvait la justifier, d’autant plus que le Japon était sur le point de capituler. Dès lors, si le concept de crimes de guerre et crimes contre l’humanité veut dire quelque chose, la deuxième bombe atomique états-unienne contre Nagasaki en est bien un et entre de plain-pied avec cette idée. Rien que pour cela, le président des Etats-Unis, Barack Obama – en visite sur les lieux du plus grand sacrifice de la Seconde Guerre mondiale – aurait dû s’excuser auprès du peuple japonais et des rescapés de cette tragédie. Il ne l’a pas fait. Il a même insisté qu’il ne fera aucune excuse sur les deux bombes atomiques larguées sur le Japon. On peut aussi interpréter cela, subséquemment: «Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas à le faire.» Dès lors, son plaidoyer pour un monde sans armes nucléaires y perd en bien-fondé et en conviction. Plaider ensuite pour la disparition des ADM, devient aisé et n’engage en rien, surtout lorsque le plaideur, est un proliférant en puissance et n’est pas prêt lui-même à faire le geste qui convainc ou montre sa bonne foi, par la réduction d’un arsenal capable de détruire 100 fois la planète. M.Obama dont le mandat présidentiel s’achève le 20 janvier prochain, n’engage ni son pays ni son successeur dans la voie qu’il préconise pour un monde sans armes nucléaires. Or, s’il existe un pays surarmé – singulièrement au plan nucléaire – ce sont bien les Etats-Unis. Selon un rapport de 2010 de l’Institut international de recherche sur la paix, de Stockholm (Sipri), les Etats-Unis demeurent un pays hors catégorie dans ce vecteur. Le Sipri a ainsi estimé les dépenses militaires en 2010 dans le monde à 1 630 milliards de dollars US. 43% par les États-Unis, 18,4% par l’Union européenne, 7% par la Chine et 3,2% par la Russie. La valeur chiffrée est encore plus édifiante avec 698 105 milliards de dollars de dépenses militaires pour les Etats-Unis, 114.300 milliards pour la Chine et 52.586 milliards pour la Russie, en nous en tenant aux trois grandes puissances nucléaires [pour plus de détails, voir les rapports du Sipri «The SIPRI Military Expenditure Database»]. Dans ces dépenses militaires, la recherche nucléaire et les technologies nouvelles occupent une place prépondérante, en particulier dans le budget défense des Etats-Unis. Selon le secrétaire adjoint états-unien à la Défense, Robert O. Work, le projet du budget défense pour 2017 est évalué à 583 milliards de dollars, ce qui le met encore très loin des dix pays du monde les plus dépensiers en matière d’armes et de recherches militaires. Selon (encore) le Sipri, les Etats-Unis disposent de 8 500 têtes nucléaires, dont 2 150 sont déployées. Aussi, plaider pour un monde sans armes nucléaires est une excellente résolution, mais encore fallait-il commencer à appliquer à soi-même cette maxime que l’on recommande pour les autres. Le moins qui puisse être dit est que les Etats-Unis ne prennent pas le chemin, ne serait-ce, que par l’allègement de leur arsenal nucléaire. Bien au contraire. S’ils ont quelque peu réduit [dans le cadre des traités conclus avec la Russie (ex-Urss)] leur stock nucléaire – de fait obsolète et ne répondant plus aux nouvelles donnes militaires – ils ont en revanche engagé des recherches dans la miniaturisation des ADM. Depuis Hiroshima, Barack Obama, plaide donc pour un monde sans armes nucléaires, au moment où son pays renforce ses capacités dans ce vecteur stratégique. On n’est pas sorti de cette litote, car, M.Obama sait fort bien, qu’il est impossible – à tout le moins dans le siècle à venir – de renoncer à une telle arme. Son pays illustre parfaitement le postulat. Aussi, à qui s’adresse le chef de la Maison-Blanche? Telle est la question!

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