Obama’s Nation Divided

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« Je rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau, mais à la nature de leur caractère. »

Plus d’un demi-siècle après le célèbre discours de Martin Luther King, en 1963, son rêve ne s’est pas encore réalisé. Toutefois, si l’injustice, la discrimination et les tensions raciales sont bien visibles aux États-Unis en 2016, le président Obama a raison de dire que la situation s’est améliorée.

Bien sûr, il reste du travail à faire. Un boulot qui doit commencer par une prise de conscience des inégalités raciales par toute la majorité blanche. Mais aussi par un dialogue interracial. Le temps presse, car la confiance de la population noire envers l’autorité diminue chez nos voisins du Sud.

Un récent sondage du Financial Times indique que 34 % des Afro-Américains se disent confiants dans l’évolution des relations raciales dans leur pays… comparativement à 59 %, en 2008, à l’arrivée au pouvoir du premier président noir à la Maison-Blanche.

De quoi nourrir la foi des cyniques et des dénigreurs de l’égalité entre les races.

Après les événements tragiques des dernières semaines, plusieurs ont craint un retour en arrière et une explosion des tensions raciales. Ne cédons pas au pessimisme.

Certes, les États-Unis portent toujours les stigmates de l’esclavage, de la ségrégation et de la violence envers les Noirs. Mais la société américaine a changé. Fini l’époque de la terreur du KKK, des lynchages tolérés et de l’humiliation quotidienne. On n’a qu’à revoir la photo horrifiante du visage défiguré d’Emmett Till, un adolescent kidnappé, tué, puis jeté dans une rivière au Mississippi, en 1955, pour constater le long chemin du combat pour les droits civiques. Les images de jeunes Noirs abattus devant le regard indifférent des forces de l’ordre étaient courantes.

On nous répondra qu’aujourd’hui, la discrimination est plus insidieuse. Peut-être. Or, même chez les bigots et les partisans du statu quo, la rhétorique du « Blanc modéré » a changé. Le discours paternaliste envers la communauté noire ne passe plus. En témoigne le cafouillage de l’ex-maire de New York, Rudy Giuliani, avec ses critiques du mouvement Black Lives Matter à la télévision dimanche dernier.

Pour se réconcilier, il faut être capable de tendre la main à l’autre, malgré nos différences et nos rancunes.

Pour sensibiliser la majorité à la réalité d’une minorité, il faut créer des ponts et avoir le coeur ouvert, pour reprendre l’expression du président Obama dans son discours à Dallas. Or, depuis une semaine, c’est l’inverse qui se produit.

D’un côté, les associations policières refusent de reconnaître le problème du profilage et de la discrimination dans leurs troupes, malgré des données accablantes qui démontrent la vulnérabilité de la population noire. De l’autre côté, des organisateurs de Black Lives Matter refusent de s’asseoir avec des politiciens blancs élus, comme le maire de Toronto. Rien pour faire avancer leur cause.

Samedi dernier, le photographe Jonathan Bachman a saisi un moment magique lors d’une manifestation de Black Lives Matter à Baton Rouge. Cette photo risque de devenir emblématique du climat interracial. Malgré la domination des membres de l’escouade tactique, qu’on croirait tout droit sortis d’un remake de RoboCop, c’est l’attitude calme et stoïque de la jeune femme noire qui happe notre regard.

Loin du cliché du militant radical et violent, cette femme symbolise une affirmation aussi douce que rassurante. L’image n’en est que plus puissante. Parce qu’elle nous permet d’espérer une solution de rechange à la radicalisation pour enrayer ce cancer américain.

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