Trump, the Art of Division

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Trump, l’art de la division

L’homme d’affaires new-yorkais a enfin décroché l’investiture à Cleveland. Mais contrairement à Barack Obama, il ne cherche pas à rassembler. Sa stratégie consiste plutôt à séduire un électorat blanc qui, espère-t-il, votera en masse le 8 novembre prochain

Accusation de plagiat, vote houleux des délégués, absence de pontes du parti. A Cleveland, Donald Trump a décroché l’investiture sans grand panache malgré les acclamations de la convention républicaine. C’est une consécration pour l’homme d’affaires qui n’a aucune expérience politique.

Le milliardaire new-yorkais a su identifier la colère réelle d’une partie de l’Amérique et la déliquescence d’un Parti républicain sans idées et sans colonne vertébrale. La légitimité de sa nomination ne peut être remise en question. Lors des primaires, près de 14 millions d’Américains lui ont apporté son soutien. Et pourtant, le fait que Donald Trump soit à une élection de la Maison-Blanche constitue une sévère défaite pour l’Amérique.

Le candidat républicain a fait de la division son arme de prédilection. Usant une technique de communication rodée au sein des mouvements nationalistes et d’extrême droite basée sur le mensonge et la répétition, il manipule les faits et la vérité. Il n’a peut-être pas tué seul le débat d’idées, mais il a réduit les enjeux du 8 novembre à un gros coup de gueule contre les partis et institutions politiques du pays et a fortiori contre Hillary Clinton.

Le trumpisme répond pourtant bien aux préoccupations d’une époque découlant de la disruption du monde du travail par les technologies et la globalisation. Mais aujourd’hui, une présidence Trump serait la pire réponse qu’on puisse apporter aux problèmes de la première puissance mondiale. Il suffit de se rendre à l’est de Cleveland, un quartier très afro-américain dévasté par la crise de 2009, pour prendre la mesure des inégalités. Donald Trump s’érige en pourfendeur de la société multiculturelle. Il exacerbe des sentiments identitaires et raciaux à un moment critique.

Et contrairement à Barack Obama qui s’applique à réconcilier une minorité afro-américaine apeurée et des policiers déstabilisés, le tribun new-yorkais recourt aux plus bas instincts de l’électorat. Avec l’approbation d’un Parti républicain qui a raté le train du XXIe siècle en ne voyant son salut qu’à travers le renforcement de son identité blanche. En Ohio, les Noirs sont 0% à vouloir voter pour le New-Yorkais. Avec lui à la Maison-Blanche, la rue américaine pourrait devenir ingérable.

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