Texas Is About To Execute a Man for a Crime Committed by Someone Else

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Le Texas s’apprête à exécuter un homme pour un crime commis par un autre

Jeffery Wood a été condamné à mort à 22 ans pour un crime commis par son complice lors d’un braquage. Aujourd’hui âgé de 43 ans, il serait sur le point d’être exécuté.

Complice d’un braquage qui a mal tourné en 1996, Jeffery Wood a été condamné à mort pour un meurtre auquel il n’a pas assisté. Selon la justice texane qui applique la «loi des parties», il aurait dû anticiper ce qui aller survenir.

Aux Etats-Unis, le sort de Jeffery Wood, qui doit être exécuté mercredi au Texas, émeut plus que d’ordinaire. Car, en vertu d’une loi très controversée, il va payer de sa vie un homicide auquel il n’a même pas assisté. Au matin du 2 janvier 1996, le jeune homme à peine sorti d’une adolescence perturbée se trouvait en effet à l’intérieur d’une voiture à l’arrêt, dans une rue de Kerrville, tandis que son ami Daniel Reneau se préparait à dévaliser la station-service en face.

Reneau était censé s’emparer du coffre-fort du commerce et Wood devait l’aider à fuir dans les collines de ce patelin perdu entre San Antonio et El Paso. Mais le plan simpliste a déraillé quand Daniel Reneau a logé une balle entre les yeux de l’employé du magasin. Entendant la détonation, Jeffery Wood s’est rué dans le local et avait découvert le désastre. Sur les ordres de son acolyte, il avait alors démonté le système de surveillance vidéo. Puis les deux hommes avaient pris le large, emportant le coffre-fort et le tiroir-caisse.

Le quotient intellectuel d’un enfant

Rapidement identifiés grâce aux informations glanées par la police auprès des témoins, ils furent arrêtés le lendemain. Malheureusement pour Jeffery Wood, qui avait 22 ans à l’époque et en aura 43 vendredi, il existe au Texas une loi aussi originale que répressive, connue sous le nom de «law of parties» («loi des parties»). Selon ce texte, peu importe qu’un suspect ait tué ou ait eu l’intention de tuer, la seule existence d’un projet criminel auquel il était lié et l’éventualité prévisible que ce projet débouche sur un homicide suffit à lui faire encourir la même sanction que celui qui a appuyé sur la gâchette. Plusieurs pétitions ont été lancées pour sauver Jeffery Wood de cette loi des parties.

Résultat, Reneau et Wood ont écopé de la plus lourde sentence, le premier ayant été exécuté en 2002. Le Texas est de loin en tête du nombre des exécutions parmi les 31 Etats américains qui appliquent la peine de mort. Mais, même là-bas, la peine capitale de Jeffery Wood, qui a le quotient intellectuel d’un enfant, fait figure d’exception.

«Je n’ai jamais vu aux Etats-Unis l’exécution de quelqu’un ayant un aussi bas niveau de culpabilité», assure à l’AFP Kate Black, avocate du condamné. «Je pense que ce dossier illustre de façon très forte le problème posé par la law of parties». Selon elle, Wood ignorait même que Reneau, qu’il ne connaissait que depuis deux mois, portait une arme à feu. D’autres versions assurent qu’il connaissait l’existence de cette arme, mais qu’il avait demandé à Reneau de ne pas la prendre avant de se rendre à la station-service. L’équipe de défenseurs du condamné a donc saisi la cour pénale d’appel du Texas et déposé un autre recours en clémence devant la Commission des grâces et libérations conditionnelles de l’Etat. Avec l’espoir minimum d’obtenir un sursis repoussant l’injection létale.

«Je veux pouvoir le serrer dans mes bras»

A l’approche de la date fatidique, le comité de soutien du prisonnier, centré autour de sa famille, remue de son côté ciel et terre. «Jeffery Wood n’a qu’un enfant, et c’est moi !, a écrit sa fille, Paige, dans un communiqué. Je veux pouvoir le serrer dans mes bras, m’asseoir sur ses genoux, lui parler quand j’en ai besoin. J’ai été privée [de lui] à cause d’un crime commis par un autre. Dois-je continuer à être punie ainsi ?»Des associations de défense des droits de l’homme telle qu’Amnesty International appellent également la justice américaine à faire machine arrière. De même, une cinquantaine de responsables religieux ont adressé une lettre de demande de grâce au gouverneur du Texas, Greg Abbott.

Aux Etats-Unis, dix personnes – dont cinq au Texas – ont déjà été condamnées à mort pour avoir violé la loi des parties. Pour Jeffery Wood, tout se jouera donc ces prochains jours, alors qu’il a peut-être entamé sa dernière semaine de vie. Réponse mercredi au plus tard.

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