Trump Cabinet at Risk of Conflicts of Interest

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Le cabinet Trump exposé aux conflits d’intérêts

Le Sénat examine le cas de Rex Tillerson, l’ex-PDG d’ExxonMobil, et d’autres futurs ministres.

« Ils passeront tous ! » Alors que le Sénat américain a commencé, mardi 10 janvier, à auditionner les membres choisis par Donald Trump pour composer son cabinet, le président élu, comme à son habitude, n’a pas donné l’impression de connaître le doute. Même si le milliardaire peut s’appuyer sur une majorité républicaine pour obtenir le feu vert, au regard des profils des candidats, l’exercice n’a rien d’une formalité.

Walter Shaub, le responsable du Bureau d’éthique du gouvernement, a fait part de ses préoccupations sur le fait que « plusieurs candidats n’ont toujours pas fait l’objet de vérification éthique ». Par ailleurs, certains membres pressentis du cabinet n’ont pas encore publié leur déclaration de revenus. Mais le cas le plus polémique est sans conteste celui de Rex Tillerson, qui doit devenir le prochain chef de la diplomatie américaine après avoir dirigé pendant dix ans ExxonMobil. M. Tillerson a accepté le 4 janvier de couper tous les liens économiques et financiers avec le pétrolier. Il devait recevoir au cours des dix prochaines années 2 millions d’actions, environ 174 millions de dollars (163 millions d’euros). Si sa nomination est confirmée, il s’est engagé à transformer la valeur de ces actions en bons du Trésor, qui seront transférés dans un fonds géré de façon indépendante. M. Tillerson a promis de vendre les 600 000 actions qu’il détient.

Situation inédite

Mais cela risque de ne pas suffire à lever tous les soupçons de conflits d’intérêts. En effet, les liens que M. Tillerson a tissés pendant des années avec différents chefs d’Etat pour obtenir des contrats d’exploitation pétrolière créent une situation inédite. La relation la plus problématique est celle entretenue avec le président russe, Vladimir Poutine, qui l’a lui-même décoré de l’ordre de l’Amitié. Sous la direction de M. Tillerson, ExxonMobil a noué d’importants intérêts économiques en Russie à partir de 2011, et après l’imposition de sanctions économiques à la Russie en 2014 pour protester contre l’annexion de la Crimée, il n’a cessé de faire le siège de la Maison Blanche pour obtenir la levée de ces mesures.

Autre cas compliqué : celui de Wilbur Ross, qui dirigeait jusqu’à présent son propre fonds d’investissement dans les entreprises non cotées (private equity), investissant ces dernières années dans plus de 178 entreprises. Or, M. Ross, en tant que secrétaire au commerce, va se retrouver à la tête d’une administration chargée de superviser les lois et les accords commerciaux qui peuvent concerner ces sociétés. Quant à Steven Mnuchin, pressenti pour devenir secrétaire au Trésor, il a annoncé le 11 janvier qu’il allait vendre son portefeuille boursier. Cet ex-dirigeant de Goldman Sachs détient encore des actions de son ancienne entreprise.

Tom Price, qui a été choisi pour diriger le département de la santé et des services sociaux, lui, pourrait faire l’objet d’une enquête sur un portefeuille de valeurs pharmaceutiques d’un montant de 300 000 dollars. Ces titres ont fait l’objet de transactions, alors que M. Price faisait dans le même temps du lobbying à Washington, ce qui pouvait influer sur les cours de Bourse de ces sociétés. Andrew Puzder, qui pourrait se retrouver à la tête du département du travail, était PDG de la chaîne de restauration rapide CKE Restaurants, dont les coûts sont étroitement liés à l’évolution des salaires et à la durée du travail. Enfin, Elaine Chao est pressentie pour diriger le ministère des transports, alors que son père est un gros armateur. Elle dispose toutefois d’un atout dans ses auditions : son mari n’est autre que Mitch McConnell, le leader de la majorité républicaine au Sénat.

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