Trump Will Not Be Putin’s Friend

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Les présidents américain et russe ont un besoin vital de manier en permanence la menace extérieure. Trump et Poutine se ressemblent, bien plus qu’ils ne s’assemblent.

La principale “innovation” de l’ère Trump qui débute le 20 janvier est supposée résider dans le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie ou, plus précisément, entre le 45e président américain et Vladimir Poutine. Or il y a fort à parier que cet énième reset (relance) des relations américano-russes aboutisse aux mêmes impasses que les précédents.

Petit rappel. En 2001, après une première rencontre en Slovénie, George W. Bush avait prétendu avoir “regardé dans les yeux” son homologue russe et entrevu “son âme”. Quatre ans plus tard, les deux hommes posaient assis à l’avant d’une Gaz M21 modèle 1956, photo qui reçut une récompense internationale… Tout cela pour que, lors de la conférence sur la politique de sécurité de Munich, en février 2007, Poutine glace l’auditoire en dénonçant l’agressivité des Etats-Unis et brandisse des menaces dignes de la guerre froide.

Un rapprochement improbable

Même déconvenue avec Barack Obama, auteur d’une nouvelle promesse de reset, en 2009, laquelle s’est soldée par un niveau de tension culminant après les événements d’Ukraine, qui ne cessent d’exercer leurs effets ravageurs depuis la fin de 2013. Au passage, le retour de Poutine à la présidence de la Fédération de Russie, en mars 2012, s’est fait essentiellement sur l’opposition frontale aux Etats-Unis, une veine exploitée sans discontinuer.

Enfin, la dernière initiative en date, à la fin de l’année 2016, est carrément pathétique: l’ex-président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev (85 ans) et son homologue américain George H. W. Bush (92 ans) se sont déclarés prêts à aider à améliorer les relations entre Moscou et Washington…

Avec l’avènement de Trump, on nous annonce une réorientation complète, mais qui peut y croire sérieusement? Car deux nouveaux facteurs jouent activement contre le rapprochement entre la Maison-Blanche et le Kremlin; l’un interne, l’autre externe.

D’une part, des accusations très étayées, et croissantes, font état d’une telle implication de sources russes dans des actions massives de piratage contre le Parti démocrate et sa candidate, Hillary Clinton, que la majorité républicaine au Congrès se mobilise contre les agissements inacceptables de Moscou. Après avoir jeté la suspicion sur les services de renseignement américains, qu’il considère avec dédain, le président élu doit maintenant se calmer: les républicains lui demandent instamment de traiter avec plus d’égards les agences de sécurité nationales et leurs responsables, d’autant plus qu’il revient aux parlementaires de donner leur accord aux nominations des nouveaux membres de l’administration Trump. Le président doit au minimum réduire ses incohérences afin de ménager sa majorité.

Ériger le reste du monde en épouvantail

Quant à l’autre bord, celui de Poutine, il tire également dans un sens inverse à l’apaisement. Une fois Trump élu, le président russe a atteint son objectif principal: affaiblir le camp Obama-Clinton. Pour le reste, la ligne du Kremlin demeure strictement inchangée, puisqu’elle semble triompher.

Premièrement, la Russie ne peut retrouver son poids mondial qu’au strict détriment du leadership américain – la preuve en est faite en Syrie. Deuxièmement, Vladimir Poutine a un besoin vital de manier en permanence la menace extérieure: pour maintenir son système répressif à l’intérieur, pour compenser par la force militaire le marasme économique, pour justifier ses violations territoriales en soutenant les populistes souverainistes de toute l’Europe. Bref, pour ériger le reste du monde en épouvantail. En résumé, Trump et Poutine se ressemblent, bien plus qu’ils ne s’assemblent.

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