Donald Trump’s Wall Illusion

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Le mur en trompe-l’œil de Donald Trump

Le mur du président américain ressemble à un miroir aux alouettes, une promesse électorale déjouée par les réalités du terrain. A la frontière avec le Mexique, les barrières existent déjà. Mais elles sont souvent contournées

Un mur «beau, infranchissable et solide». C’est à grands coups de slogans et de béton empilé entre les Etats-Unis et le Mexique que Donald Trump espère freiner la migration illégale et repousser les trafiquants de drogue. Mais sa promesse de campagne phare est en train de prendre l’eau, tant les obstacles sont importants.

Le financement, d’abord. Le président évalue les coûts de sa construction à 12 milliards de dollars, le Département de la sécurité intérieure à 21 milliards. Donald Trump veut faire payer le Mexique, qui refuse de dépenser le moindre peso. Le Congrès américain ne montre pas plus d’enthousiasme.

Les principales villes sont opposées au mur

La réalité du terrain, ensuite. Les principales villes frontières sont opposées au mur, conscientes qu’il ne réglera pas les problèmes. S’y ajoutent les obstacles géographiques naturels (fleuves, montagnes, déserts et canyons) et la problématique des portions de frontière qui appartiennent à des propriétaires privés, ou à une tribu amérindienne. Sans oublier les actions en justice lancées par des associations écologistes. Même John Kelly, ex-ministre de la Sécurité intérieure devenu secrétaire général de la Maison-Blanche, a admis qu’un tel mur serait difficile à construire. Enfin, sur les 3200 kilomètres qui séparent les Etats-Unis du Mexique, près d’un tiers est déjà «barricadé». Des barrières érigées par les prédécesseurs de Donald Trump.

Pour mieux comprendre ce qui se trame à la frontière, Le Tempspublie cette semaine une série de reportages effectués sur le tracé du mur. Nous sommes allés à la rencontre de la Border Patrol, à l’écoute de migrants et d’Amérindiens, ou encore d’ONG qui veulent donner une identité aux corps sans vie retrouvés dans le désert de Sonora.

Barack Obama a refoulé 2,8 millions de personnes

Donald Trump n’est pas le seul à déployer un arsenal anti-clandestins. Barack Obama, on a tendance à l’oublier, en a refoulé plus de 2,8 millions pendant son mandat, un chiffre record. Mais l’actuel président ne fait pas que s’en prendre aux auteurs de viols, de trafics et d’autres délits graves, comme il l’avait annoncé. Parmi les 12 millions de clandestins aux Etats-Unis, même ceux présents depuis plusieurs décennies peuvent désormais être expulsés, pour des délits tout à fait mineurs.

Couplé aux raids anti-clandestins et aux mesures pour limiter la migration légale, le projet de mur de Donald Trump, qu’il se réalise ou non, symbolise un changement de paradigme important: il met à terre l’image des Etats-Unis comme terre d’accueil. Cet élan isolationniste pourrait nuire à l’économie du pays.

Certes, la seule annonce du projet a provoqué une baisse des tentatives de franchissement de la frontière. Mais ceux qui sont bien décidés à passer aux Etats-Unis continueront à le faire, même au péril de leur vie. L’équation du mur se résume finalement en quelques mots, comme l’exprime parfaitement Janet Napolitano, ministre de la Sécurité intérieure sous Barack Obama: «Montrez-moi un mur de 15 mètres, et je vous montrerai une échelle qui en fait 16.»

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