Trump, the Elephant in the Room in 2017

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Trump, l’éléphant dans la pièce en 2017

La présence d’un monstre psychopathe à la tête du plus puissant pays du monde, dont nous dépendons tous, est l’éléphant dans la pièce de cette année 2017. On a beau en rire, s’en dissocier, s’y opposer, attendre le moment de sa chute ou de son assassinat, Trump a été présent tous les jours de 2017 : ses tweets insolents, incohérents, vulgaires, mensongers et irresponsables nous assaillent au réveil le matin, ses gestes grossiers et sans filtre nous troublent, le chaos qu’il provoque partout où il passe nous fait craindre le pire, y compris la guerre nucléaire.

Et s’il était le miroir qui nous renvoie l’image terrifiante de notre société ?

Trump, miroir d’une société qui accepte de voir s’accroître sans cesse les inégalités sociales, une société dirigée par les riches et organisée pour les riches. La politique des baisses d’impôt, de la privatisation, du démantèlement de l’État, des paradis fiscaux, des multinationales, du PIB : Trump en est le champion, mais Macron aussi, Couillard aussi, Legault aussi, Trudeau aussi. C’est le dogme du néolibéralisme et du libre-échange, et toutes nos petites gauches n’y changent pas grand-chose. La misère, la pauvreté, la spoliation, le déracinement et la dépendance règnent plus que jamais.

Trump, miroir d’une société qui refuse de prendre au sérieux les changements climatiques et la menace d’effondrement du système économique et des écosystèmes, d’une société qui se dirige vers le chaos. Trump ne s’en cache pas : il dénonce la COP21, ramène le charbon, autorise les oléoducs. Les autres pays ont signé la COP21, y compris le nôtre, mais ils ne font guère autrement. Le pétrole continue à couler, les autos, les poids lourds et les avions à circuler, au point d’annuler tous les gains en efficacité énergétique, jusqu’à la dernière goutte, jusqu’à l’invasion des eaux et à la furie des tempêtes, jusqu’à la sécheresse et aux incendies incontrôlables, jusqu’à l’asphyxie et à la famine des mégacités. Chez nous, Trudeau répète bêtement qu’on peut en même temps réduire nos gaz à effet de serre et tripler l’exploitation des sables bitumineux. Il est pourtant clair que nos timides mesures d’économie verte, nos autos électriques et nos jardins communautaires ne nous épargneront pas le déluge.

Refuser la solidarité

Trump, miroir d’une société qui refuse la solidarité entre les peuples et les humains d’où qu’ils soient, qui érige des murs, qui ferme les yeux sur les migrants qui se noient, les persécutés qui fuient, la complicité pétrolière avec l’Arabie saoudite, les aspirations des deux milliards de Chinois et d’Indiens à un niveau de vie semblable à celui de l’Occident et le désespoir des jeunes Africains qui subissent l’empreinte écologique des pays occidentaux. Trump le dit effrontément : « America first, nous allons anéantir la Corée du Nord, l’Iran, le groupe État islamique, nous allons sortir les Palestiniens de Jérusalem, l’ONU est la maison des mensonges. » Mais nous faisons la même chose, plus poliment. Nous vendons des armes à l’Arabie saoudite et nous redoutons en secret le déferlement des hordes barbares de réfugiés climatiques, politiques et économiques. Nous sommes incapables de conjuguer identité nationale et solidarité internationale. Nous inventons des extrêmes droites et des extrêmes gauches pour nous donner bonne conscience.

Trump, miroir d’une société qui a totalement perverti l’idée même de démocratie avec l’argent, la manipulation de l’information, la collusion, la partisanerie et le clientélisme politiques. Trump a introduit les dirigeants des banques et des multinationales à la Maison-Blanche, inventé les fake news, il bafoue les institutions démocratiques et ne se préoccupe que de sa base électorale. Notre démocratie ici et ailleurs dans le monde est-elle si différente ? Les scandales qui se multiplient en sont la preuve. Le peuple ne décide pas, ne contrôle plus rien, est exploité et programmé.

Trump est l’éléphant (républicain !) dans la place. Derrière la rectitude politique et la bonne conscience écologique que nous affichons, nous tolérons le même type de société. Son omniprésence et son sans-gêne tout au long de cette année 2017 nous offrent un miroir accablant de notre déni et de notre démission collective.

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