No, This Doesn’t Break His Heart

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«L’indignation est à son comble face à ce qui s’avère être une des décisions les plus cruelles prises par l’administration Trump jusqu’ici», explique Alexandre Sirois.

L’ancien directeur de la CIA, Michael Hayden, a publié sur Twitter le week-end dernier une photo du camp de concentration d’Auschwitz. «D’autres gouvernements ont séparé des mères de leurs enfants», a-t-il écrit. Il comparait, vous l’aurez compris, la politique controversée de l’administration Trump aux méthodes de l’Allemagne nazie.

Cette réaction épidermique était extrêmement maladroite. Mais elle démontre à quel point l’indignation est à son comble face à ce qui s’avère être une des décisions les plus cruelles prises par l’administration Trump jusqu’ici.

Même l’ancienne première dame du pays, Laura Bush, est sortie de sa réserve pour dénoncer l’actuel président. «Je comprends le besoin de renforcer et protéger nos frontières internationales, mais cette politique de la tolérance zéro est cruelle. Elle est immorale. Et ça me brise le coeur», a-t-elle écrit. Son texte a été publié par le Washington Post. Il n’est, bien sûr, pas passé inaperçu.

Melania Trump s’est aussi prononcée sur cet enjeu controversé. «Mme Trump déteste voir des enfants séparés de leur famille et espère que les deux camps politiques pourront enfin se réunir pour mener à bien la réforme de l’immigration», a déclaré sa porte-parole, Stephanie Grisham.

Donald Trump est persuadé qu’il faut réduire le nombre d’immigrants qui entrent aux États-Unis. Tout particulièrement ceux qui traversent illégalement la frontière. Et il rêve toujours de construire «un grand, grand mur à la frontière sud» de son pays.

D’où ce plan machiavélique qui, semble-t-il penser, lui permettra d’atteindre deux objectifs.

Premièrement, l’administration Trump veut avoir un effet dissuasif. Elle croit que si elle sépare les parents des enfants chaque fois qu’une famille traverse la frontière, plusieurs migrants potentiels renonceront à entrer aux États-Unis.

Deuxièmement, la Maison-Blanche veut imposer ses idées en matière d’immigration aux membres démocrates du Congrès américain. Elle semble convaincue qu’en mettant de l’avant une politique que ces élus trouvent insupportable, il lui sera plus facile de les convaincre, par exemple, de débloquer 25 milliards pour construire un mur à la frontière.

Selon cette logique, si le Congrès approuve un des deux projets de loi à l’étude actuellement en matière d’immigration, les parents et les enfants ne seront plus séparés à la frontière.

Donald Trump le veut à tout prix, son mur. On le savait. On se rend maintenant compte qu’il est prêt à vendre son âme pour l’obtenir.

Ce plan machiavélique ne date pas d’hier. La politique de la tolérance zéro a été officialisée en avril par l’administration Trump. On a appris hier qu’en mai et en juin, 2342 mineurs ont été séparés de leurs parents en l’espace de cinq semaines. On parle, en moyenne, de 66 enfants par jour!

Séparer les enfants de leurs parents est inhumain. La détention d’enfants, d’ailleurs, est déplorable. Mais en plus, d’après ce qu’on voit et ce qu’on entend ces jours-ci, les méthodes mises en oeuvre sont accablantes.

On parle de centres de détention où les enfants se retrouvent, nombreux, dans ce que plusieurs qualifient de cages. Selon certaines photos, ils couchent sur des matelas à même le sol, les uns près des autres. Et, d’après ce qu’a raconté la présidente de l’Académie américaine de pédiatrie, Colleen Kraft, aucun contact physique n’est permis avec ces enfants de la part d’adultes. Il est interdit, en somme, de les consoler. Et leurs parents ne sont pas là pour les rassurer.

«Les besoins fondamentaux d’un jeune enfant, qui a besoin de faire confiance aux adultes, n’étaient pas satisfaits. Cela contredit tout ce qui, savons-nous, est nécessaire à la bonne santé d’un enfant», a confié Mme Kraft au Washington Post après avoir visité un des centres.

Tout ça ne semble pas émouvoir le moins du monde le président américain. Il met la faute sur le dos des démocrates, mais c’est un mensonge.

Une simple décision de sa part permettrait de mettre fin à ce cauchemar. Ce qui ne semble pas sur le point de se produire. Au contraire. La secrétaire à la Sécurité nationale Kirstjen Nielsen a même hier fermement défendu la position de son administration. «Nous ne présenterons pas d’excuses parce que nous faisons notre travail», a-t-elle dit.

Si cette terrible politique fend le coeur de Laura Bush et d’un grand nombre d’Américains, elle ne brise apparemment pas celui de Donald Trump.

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