An Odd Alliance

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Donald Trump a participé aux commémorations du Débarquement de Normandie

« Exceptionnelle » : c’est le terme utilisé à Caen par le président Donald Trump pour qualifier sa relation avec Emmanuel Macron et celle des États-Unis avec la France. C’était jeudi, pour le 75e anniversaire du débarquement de Normandie. La mémoire de cette offensive militaire exceptionnelle et du sacrifice des soldats américains morts pour libérer le continent européen du nazisme a la vertu d’apaiser les fractures qui peuvent diviser aujourd’hui les alliés d’hier. Mais la versatilité de ce président-là conduit à jauger ses actions plutôt que ses paroles.

Les États-Unis restent bien sûr un allié important de la France. La profondeur des échanges économiques et l’étroite coopération en matière de sécurité et de défense posent un cadre de relations solide, hérité de la seconde moitié du XXe siècle. Mais le monde change rapidement, et l’Amérique avec. Avec ses manières intempestives et son penchant pour les rapports de force bilatéraux, Donald Trump déstabilise deux socles de l’action de la France dans le monde : l’Europe et le multilatéralisme. Percevant l’Union européenne comme une rivale économique et une entité politique incongrue, il la menace de guerre commerciale, cherche à diviser la France et l’Allemagne et soutient bruyamment les brexiters les plus virulents outre-Manche. Sur la scène diplomatique, il a retiré son pays de l’accord de Paris sur le climat ou de l’accord sur le nucléaire iranien, affichant son désintérêt pour les Nations unies ou l’Organisation mondiale du commerce.

Sous sa houlette, les États-Unis ne veulent plus jouer les organisateurs du monde. Ils ont renoncé à une forme d’utopie commune et se concentrent sur la défense de leurs intérêts à court terme. Avec de tels amis, nul besoin d’ennemis.

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