The US and Iran Don’t Want War But …

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Les Etats-Unis et l’Iran ne veulent pas la guerre, mais…

Alors que Washington et Téhéran font monter la tension, la communauté internationale craint que la situation ne devienne incontrôlable.

Les présidents iranien, Hassan Rohani, et américain, Donald Trump, s’accusent mutuellement depuis l’attaque des deux tankers en mer d’Oman le 13 juin. EPA/DPA/Chris Kleponis

Par Ph.M.

Le 19 juin 2019 à 06h30

Tous les jours la tension monte un peu plus entre les Etats-Unis et l’Iran. Piqué au vif d’avoir été nommément accusé par Washington – qui a diffusé mardi dernier de nouvelles photos censées démontrer l’implication des gardiens de la Révolution – comme responsable de l’attaque ayant visé le 13 juin deux tankers dans la mer d’Oman, Téhéran est passé à la contre-attaque.

La République islamique a fait part lundi dernier de son intention de franchir bientôt la limite prévue par l’accord de limitation de son programme nucléaire en matière d’accumulation d’uranium enrichi nécessaire à la fabrication de bombes atomiques. Cet avertissement est destiné particulièrement aux Européens, accusés par Téhéran de ne rien faire pour limiter les effets des sanctions économiques américaines qui ont entraîné le départ d’Iran des grandes entreprises occidentales.

Le Pentagone annonce « l’envoi de 1 000 militaires supplémentaires »

Certes, il était probablement en préparation avant l’affaire du sabotage des pétroliers. Mais les Iraniens, dont l’économie est asphyxiée et aux prises avec une inflation galopante, n’ont pas voulu attendre plus longtemps pour faire d’une pierre deux coups : défier les Américains et mettre les Européens face à leurs responsabilités.

Quelques heures après l’annonce de Téhéran sur le nucléaire, le Pentagone a annoncé à son tour « l’envoi de 1 000 militaires supplémentaires à des fins défensives pour faire face au comportement hostile » de l’Iran. Puis la République islamique a remis ce mardi une bûche dans la chaudière en affirmant avoir démantelé un « nouveau réseau » d’espions agissant pour le compte des Etats-Unis. Peu importe qu’en la circonstance les preuves manquent, puisque celles exhibées par les Américains pour impliquer l’Iran ne sont pas plus probantes…

Un incident peut mettre le feu au poudre

Même si à Washington comme à Téhéran, on assure ne pas vouloir la guerre, la situation inquiète sérieusement les autres puissances. Allié de l’Iran, le russe Vladimir Poutine appelle tout le monde à « la retenue » tandis que la Chine demande aux Américains et Iraniens de « garder la tête froide » et de « ne pas ouvrir la boîte de Pandore ».

Si Londres s’est rangé derrière Washington, l’Union européenne demande prudemment des précisions sur les circonstances de l’attaque des pétroliers. Désireux d’éviter une « escalade », Emmanuel Macron a, lui, appelé Téhéran à être « patient et responsable ».

Bien qu’entouré des « faucons » Mike Pompeo (secrétaire d’Etat) et John Bolton (conseiller à la sécurité nationale), et même s’il a juré de mettre le régime de Téhéran à genoux, Donald Trump fera tout pour éviter un engagement militaire. Le président iranien Hassan Rohani a aussi assuré dans une allocution à la télévision nationale que son pays « ne veut faire la guerre à aucun pays ».

Reste qu’à force de gravir l’échelle de la tension, un incident pourrait mettre accidentellement le feu aux poudres. C’est ce que redoute la communauté internationale, consciente des dégâts qui en résulteraient aussi bien du point de vue militaire qu’économique : c’est dans cette partie du globe que transite le tiers du pétrole mondial acheminé par voie maritime.

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