Growth: A Year Full of Dangers for Trump

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Croissance : l’année de tous les dangers pour Trump

La croissance reste le meilleur atout de Donald Trump pour sa campagne de réélection. Alors qu’elle faiblit, le président américain semble déterminé à doper la consommation des ménages, son principal moteur. Mais cette stratégie a ses limites.

A plus d’un an de l’élection présidentielle américaine, la campagne bat déjà son plein. Et Donald Trump sait que son meilleur allié reste la croissance. Si le président américain n’a pas tenu toutes ses promesses de 2016, il continue de bénéficier d’un contexte économique favorable et présente, aux yeux d’une majorité d’électeurs, un bilan positif dans ce domaine, couronné par le plus faible taux de chômage depuis un demi-siècle.

Mais les signaux d’une possible récession se multiplient. La croissance ralentit, les investissements des entreprises chutent lestés par les incertitudes autour de la guerre commerciale, la production industrielle est en berne et les perspectives inquiètent. Donald Trump va donc tout mettre en oeuvre pour repousser la crise. Cela passe par une pression accrue sur la réserve fédérale et son président, Jerome Powell. Mais les gouverneurs de la Fed tiennent à leur indépendance et il est peu probable qu’ils suivent le président américain dans ses demandes radicales (une baisse d’un point des taux directeurs).

Il n’est pas certain, en outre, que les baisses de taux aient un impact positif sur la consommation. Elles pourraient même être contre-productives. Selon les sondages publiés après la baisse de fin juillet , les consommateurs ont interprété ce mouvement comme l’anticipation d’un retournement économique, et non comme un soutien à l’économie. Et la confiance des ménages a reculé dans la foulée. Ces anticipations pourraient avoir un effet sur la consommation dans les mois à venir.

Or, cette dernière reste, pour le moment, le moteur de la croissance américaine. Au deuxième trimestre, si celle-ci a légèrement ralenti , les dépenses des ménages ont, elles, bondi de 4,3 %, portées par la consommation de biens durables (+12,9 %). En juillet, les ventes de détail ont progressé de 0,7 % quand les économistes n’attendaient qu’une hausse de 0,3 %.

Croissance à crédit ?

Le fléchissement de la consommation serait catastrophique pour la Maison Blanche, qui va donc chercher à la doper, au moins jusqu’à l’élection, au risque d’aggraver un déficit budgétaire qui bat déjà tous les records . « Nous regardons plusieurs types de réductions fiscales », déclarait Donald Trump il y a quelques jours , avant de tempérer ses propos et de préciser que la relance n’était pas encore pour tout de suite. Parmi les options envisagées : une baisse des cotisations et des charges sociales, qui n’a pas les faveurs de Donald Trump car elle est invisible pour le consommateur-électeur, de nouvelles baisses d’impôts, alors que les effets de la réforme fiscale ont aujourd’hui disparu, ou encore le retour sur certains tarifs douaniers, qui peuvent frapper le consommateur…

Le président américain est aussi tenté de satisfaire la base de son électorat par des aides sectorielles. Il se doit notamment de choyer les agriculteurs, durement frappés par sa guerre commerciale. La Maison Blanche a déjà versé 28 milliards de dollars de subventions au secteur pour compenser les représailles chinoises, sur le soja notamment. Donald Trump a aussi signé un décret effaçant la dette étudiante de quelque 25.000 anciens combattants handicapés ou blessés sur le front. Une mesure estimée à 750 millions de dollars. Les observateurs attendent toutefois des mesures pour les classes moyennes, qui avaient fait pencher le scrutin en 2016 et ont été les oubliées de la réforme fiscale.

Ces gestes électoraux ne suffiront pas à pallier un ralentissement de la consommation, qui apparaît de plus en plus structurel. Tout d’abord, pour beaucoup, la consommation américaine reste largement artificielle, portée par le crédit. David Rosenberg, chef économiste de Gluskin Sheff, parle même d’une « bulle du crédit » et note que les salaires réels (après inflation) stagnent en fait depuis plusieurs mois. En juillet, ils ont même reculé de 0,3 %, selon les chiffres du Département du Travail.

Un autre phénomène inquiète les économistes et confirmerait cette thèse : la faiblesse de la consommation chez les plus fortunés. Dans une société sans chômage, où les revenus des plus riches ont nettement plus augmenté, en proportion, que ceux de toute autre classe sociale, la consommation des plus favorisés devrait être au plus haut.

Les riches consomment moins

Ce n’est pas le cas. Les classes aisées ont tendance à placer davantage leur argent qu’il y a quelques années et à privilégier les placements peu risqués. L’immobilier de luxe connaît sa plus mauvaise année depuis la crise de 2008. Les grands magasins destinés à une riche clientèle, comme Nordstrom ou Barney’s sont en difficulté. Et les ventes aux enchères d’art ont reculé sur la première moitié de l’année, pour la première fois depuis une dizaine d’années (-22 % chez Christie’s, -10 % chez Sotheby’s).

Plusieurs explications à cela : des facteurs conjoncturels, avec les incertitudes sur la guerre commerciale, mais aussi structurels. La crise de 2008 a laissé des traces et incite à la prudence, l’allongement de l’espérance de vie et les failles du système de retraite nécessitent d’épargner davantage, et les carences du système de santé incitent même les plus riches à économiser, dans la crainte d’un coup dur.

Peu importe, donc, d’éventuels plans de relance de Donald Trump : la consommation risque bien de fléchir. La Maison Blanche pourra toujours se consoler et contempler les chiffres des dernières années électorales. Traditionnellement, l’année d’une présidentielle, la consommation résiste. Cela a toujours été le cas depuis les années 1980, à l’exception de la crise de 2008.

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