The World Is Better Off without John Bolton (But Only a Tiny Bit)

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Bon débarras ! Le départ du belliqueux conseiller à la sécurité nationale de Trump éloigne les risques de guerre avec l’Iran. Mais pas de quoi s’extasier : le vrai problème de la politique étrangère américaine se trouve encore dans le bureau Ovale.

Pas de doute, le monde respire mieux sans John Bolton. Qu’il ait claqué la porte de la Maison-Blanche (selon sa version) ou qu’il en ait été chassé par Trump (selon celle de ce dernier, bien moins crédible étant donnée la relation élastique du président américain à la vérité), le résultat est le même : le Conseil de sécurité nationale de la première puissance militaire de la planète n’est plus dirigé par un obsédé des solutions guerrières. Pour Bolton, sans trop caricaturer sa pensée, il n’était pas un problème que des bombes ne pussent résoudre. Et parmi les problèmes sur lesquels butaient les Etats-Unis, l’Iran arrivait en tête, explosif.

Ce serait cependant aller un peu vite en besogne que d’imaginer que la politique étrangère américaine va soudainement revenir à la raison. Si, ces dix-huit derniers mois, celle-ci a été aussi erratique, ce n’est pas du fait du belliciste Bolton : c’est avant tout à cause du chaos qui règne sous la chevelure orange de l’occupant de la Maison-Blanche.

Aucun grand changement n’est à espérer, de ce point de vue. Car qui pourrait jouer les garde-fous du président ? Il n’y a rien à attendre du secrétaire d’Etat (l’équivalent d’un ministre des Affaires étrangères) Mike Pompeo, que le départ de Bolton propulse en première ligne sur les affaires étrangères. L’homme est réputé « faucon », même si ses positions varient selon les vents et les tweets venus de la Maison-Blanche. Il ne s’est jamais opposé à Trump : il s’adapte aux humeurs changeantes du président, il met en forme ses désirs sans jamais les contredire.

Il n’y a pas non plus grand-chose à escompter de celui que Trump va choisir pour remplacer Bolton à la tête du Conseil de sécurité nationale. Car pour s’entourer, Donald Trump est très constant dans les mauvais choix. Il ne nomme en effet que des fans, des fous (John Bolton, Steve Bannon…) ou des malhonnêtes (Paul Manafort, Michael Flynn, Scott Pruitt…). C’est le pire DRH qu’on puisse imaginer…

Pas de quoi sabler le champagne…

Sur le dossier iranien, le plus sensible, la raison voudrait qu’on remette sur les rails (quitte à le renommer et à le durcir légèrement) l’accord multilatéral limitant la capacité nucléaire de Téhéran et que Trump a dénoncé en mai 2018. Mais on voit mal ce dernier s’engager sur cette voie, à moins d’un an et demi des élections américaines. Car à ses yeux, le véritable tort de cet accord, c’est de porter la marque de son prédécesseur honni, Barack Obama. Et puis, même si Trump souhaite reprendre langue avec les Iraniens, ses chances de trouver un nouveau « deal » sont minces, tant il est piètre négociateur.

Au moins peut-on se consoler en se disant qu’avec le départ de Bolton, une page se tourne, celle des roulements de tambour de la guerre. Pas de quoi pour autant sabler le champagne dans les chancelleries du monde entier : tant que le narcissique et impulsif Trump sera à la Maison-Blanche, l’espoir de relations internationales apaisées et constructives devra attendre.

Pascal Riché

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