Kurds in Syria: Trump’s Abandonment Threatens Europe

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Kurdes de Syrie : l’abandon de Trump qui menace l’Europe

L’offensive militaire turque «Source de paix» contre les forces kurdes syriennes (YPG), alliées de l’Occident, met en péril le maintien en détention de milliers de djihadistes de l’EI.

Au deuxième jour de l’offensive militaire turque contre les Kurdes de Syrie du nord, plus de 60 000 civils ont déjà pris les routes de l’exode, accentuant la confusion dans cette région sensible.

Pourtant, malgré le tollé international, rien n’indique un arrêt rapide de l’opération lancée par le président turc Erdogan. Décryptage d’une grave crise en quatre questions.

Qui sont les Kurdes des YPG ?

Les Unités de protection des peuples (YPG) sont des forces armées de Kurdes syriens luttant pour obtenir leur autonomie au nord de la Syrie. Parce qu’elles furent les premières à combattre Daech, la coalition internationale conduite par les États-Unis en a fait ses alliées pour lutter contre l’ennemi commun djihadiste. Depuis la défaite de l’EI (Etat islamique), les YPG occupent le terrain, veillant à ce que des braises de l’organisation terroriste ne se ravivent à nouveau.

Surtout, ils contrôlent la détention dans des camps de plusieurs milliers de djihadistes et leurs familles, que les pays européens rechignent à rapatrier. Applaudies par l’Occident notamment pour inclure les femmes dans leurs rangs, les YPG espéraient que le rôle crucial joué pendant et après la lutte contre Daech assurerait à leur cause le soutien de la communauté internationale.

Pourquoi la Turquie attaque-t-elle la région ?

Erdogan veut à tout prix éviter un effet domino kurde. « Si les YPG n’exercent pas de menace physique réelle sur la Turquie à l’heure actuelle, les Kurdes syriens sont proches des Kurdes de Turquie pour des raisons tribales, familiales, linguistiques, politiques, explique Jean Marcou, enseignant-chercheur à Sciences-po Grenoble. La Turquie a peur que se constitue sur sa frontière syrienne, une zone kurde autonome qui constituerait une base arrière de la guérilla du PKK. » Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé terroriste par Ankara et l’Union Européenne, livre depuis 30 ans à Ankara une guerre qui a fait plus de 40 000 morts.

L’offensive dont rêvait tant Erdogan lui permet aussi d’étendre son contrôle sur la frontière et son influence dans la résolution du conflit, tout en soignant sa popularité interne. « Ayant accueilli 3,6 millions de réfugiés syriens depuis 2011, le président turc est confronté aujourd’hui à un fort mécontentement de l’opinion publique, l’une des raisons de ses récents revers électoraux, analyse Jean Marcou. Dès lors, il explique que ses offensives militaires visent à créer une zone de sécurité afin d’y réinstaller les réfugiés syriens. Mais ce projet ne paraît guère réaliste, pour des raisons humanitaires, matérielles comme financières ».

Trump a-t-il trahi les Kurdes ?

Au lieu de créer une zone de sécurité comme convenu, Donald Trump a subitement annoncé dimanche le retrait des troupes américaines — pourtant peu nombreuses —, décidé à quitter le bourbier moyen-oriental dans lequel les États-Unis sont enlisés depuis vingt ans. Quitte à laisser à la merci de l’armée turque et à ses supplétifs — des milices composées en bonne part… d’anciens djihadistes! — ces alliés auxquels il doit beaucoup.

« Contre Daech, la coalition internationale n’a procédé qu’à des frappes aériennes et n’a pas envoyé de troupes combattre sur le terrain, affirme Marcou. Les seuls à combattre vraiment l’Etat islamique sur le terrain de façon déterminée ont été les YPG ».

Quelles répercussions pour l’Europe ?

Face aux assauts turcs, la priorité des forces kurdes n’est plus de veiller à la bonne détention des djihadistes, mais de se défendre pour assurer leur survie. « Pour déstabiliser la Turquie, les YPG seraient tentés de libérer les milliers de djihadistes de l’EI détenus dans leurs camps, assure la politologue et experte de la Turquie, Jana Jabbour. Cela représente un danger pour l’UE qui pourrait assister au retour de ses nationaux radicalisés en Syrie et être victime d’une nouvelle vague d’attentats terroristes ».

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