Obama-McCain: Duel pas très Net
Par Gaël VAILLANT
leJDD.fr
>> Le duel McCain-Obama se développe aussi sur Internet. Les candidats se servent de ce média très réactif et rapide pour rassembler leurs fans, lancer des critiques dévastatrices et dans une moindre mesure remplir leurs caisses. Mais les internautes est une communauté très versatiles. Un danger que les politiques américains ne réalisent qu’aujourd’hui.
Internet est devenu depuis les dernières élections américaines, qui opposaient George Bush à John Kerry, un outil indispensable pour un candidat à la Maison blanche. Si en 2004, les politiques laissaient leurs fans s’affronter dans des clips humoristiques et potaches, les équipes de John McCain, Barack Obama et jusqu’en mai dernier Hillary Clinton ont repris en main cette bataille des vidéos partiales. Ils ne peuvent pas maîtriser leurs fans, mais les conseillers des présidentiables peuvent au moins leur donner quelques directions à suivre. Jusqu’à aujourd’hui, le candidat démocrate conserve une longueur d’avance. Son site barackobama.com, mieux référencé sur les moteurs de recherche du fait du nom original du candidat, est miné de critiques à peine voilées du programme de son adversaire.
La présentation traditionnelle du parcours du candidat est la page la moins lue de tout le site. A l’inverse, la rubrique spéciale “fight the smears” (“combattre les attaques diffamatoires”) est un succès. L’internaute peut y proposer ses réponses aux attaques et rumeurs visant Obama. Les commentaires des participants sont si argumentés que le candidat s’en sert parfois dans ses discours. Plus qu’une démocratie participative, le but affiché est le développement d’une starification. Signe de l’efficacité du concept, un site d’information en ligne a lancé en février son “Encyclopeadia Baracktannica” (copiée sur le modèle de la vénérable Encyclopeadia Britannica), où les internautes peuvent créer leurs “Obamaisms”, des néologismes suivis de définitions décalées.
McCain en retard
Le candidat républicain a pris un sérieux retard en ne lançant que le 21 juin dernier son premier jeu vidéo sur Facebook, “pork invaders” (littéralement “les envahisseurs porcins”, le nom étant inspiré d’un célèbre jeu vidéo des années 80). Le message est simple: il faut aider le “valeureux” candidat républicain à “combattre les porcs” (une expression qui peut être traduite par “faire la chasse au gaspi”). Le programme très couteux d’Obama est directement visé. Mais malgré les clips endiablés des McCain girls, l’électorat de John McCain reste assez âgé et Barack Obama profite d’une communauté jeune et très présente sur les forums de discussions -les tchats- et les grands sites participatifs. Ainsi, le clip le plus visionné de la semaine sur Dailymotion US vise John McCain: à cause de ses propos belliqueux, le candidat républicain aurait créé une supportrice aussi verte et incontrôlable qu’Hulk…
Derrière ces clips d’humour vache, se profile un autre objectif pour les candidats: les appels aux dons en ligne. Une mine d’or pour les présidentiables. En général, ce sont de “petits donateurs” qui offrent des sommes en moyenne avoisinnant les 30 dollars à leur candidat favori. Mais ces contributions modestes se sont tout de même totalisées à 9,1 millions de dollars pour Obama et McCain rien que pour janvier et février 2008…
Un impact non négligeable
Théâtre d’opérations de communication à grande échelle, Internet reste avant tout le moyen le plus rapide de présenter ses idées politiques. Les discours et autres “petites phrases” significatives sont diffusés et commentés à la vitesse de la lumière. Une réactivité très utile pour les équipes de campagne, qui peuvent ainsi modifier leur stratégie en temps réel. Derrière l’outil internet, la question de la véritable influence du média reste posée. Seules quelques études statistiques renseignent sur l’impact d’Internet. Selon le centre de recherches Pew, en janvier dernier, près d’un quart des Américains (24%) disaient “apprendre des choses sur la campagne actuelle” grâce au web. La tranche 18-29 ans en représente la majorité.
Néanmoins, les qualités du média (rapidité, réactivité) peuvent entraîner toutes les dérives. Les milliers de mails indésirables, qui présentaient Obama comme un candidat musulman, ont eu une incidence directe sur la campagne: malgré la réaction très rapide de l’équipe démocrate, une large minorité des Américains ont cru pendant deux semaines que le candidat, chrétien, était musulman. John McCain, peu investi sur Internet, est du coup moins touché par ces rumeurs certes mensongères, mais très efficaces. Des dangers que les politiques américains découvrent avec un peu de retard. Ils devront à l’avenir prendre leurs précautions avec un média qu’ils ne peuvent quasiment pas contrôler.
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