Méchants banquiers américains, gentils français?
Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. A son tour Citigroup vient de bénéficier du plan d’aide américain, alors que ses dirigeants sont poursuivis en justice par un groupe d’investisseurs. Et les banques françaises? Sont-elles toutes blanches comme neige?
Citigroup va mal, BNP va bien. La deuxième banque commerciale américaine Citigroup vient de bénéficier d’un plan d’aide massif de l’administration américaine : 306 milliards de dollars en échange d’une prise de participation. Il se trouve que Citigroup fait l’objet d’une « class action » menée par un groupe d’investisseurs qui l’accuse d’avoir dissimulé ses engagements sur les marchés spéculatifs. Les plaignants étaient payés en actions Citigroup. Or l’action valait 52 dollars en 2007 et n’en vaut plus que 8 aujourd’hui. Ces braves gens en veulent particulièrement à Robert Rubin, ancien secrétaire d’Etat au Trésor de Bill Clinton entre 1995 et 1999. Ce jeune homme, un moment pressenti pour faire partie de l’équipe d’Obama, aurait dissimulé avec le staff dirigeant de Citigroup les engagements de la banque à hauteur de 70 milliards de dollars. Cette exposition au risque des marchés dérivés aurait fait dégringoler le cours de l’action.
De fait, les marchés dérivés sont des marchés purement spéculatifs. Comme tout le monde spécule sur la valeur des monnaies, des taux d’intérêt, des actions, les banquiers couvrent, s’assurent sur les marchés dérivés, et pour cela embauchent des Jérôme Kerviel. Les sommes engagées sur les marchés dérivés sont astronomiques, de l’ordre de milliers de milliards de dollars. Du coup Citigroup va supprimer 52000 emplois dans le monde, dont seulement, si l’on peut dire, 1500 à la City.
Méchants banquiers américains, gentils français?
A la BNP, on n’est pas des bisounours pour autant
A coté de la mauvaise banque, la bonne. BNP est la banque des gentils. Elle ne s’est pas trop mouillée dans l’immobilier américain. C’est la moins touchée par la crise. Elle annonce 4.5 milliards d’euros de bénéfices pour les 9 premiers mois de l’année. Elle passe des provisions pour plus de 1.5 milliards d’euros, mais reste largement bénéficiaire. Certes, elle ne dédaigne pas les 2.5 milliards d’euros que vient de lui prêter l’Etat, pour relancer le marché des prêts interbancaires.
Pour autant, luttera-t-elle contre les paradis fiscaux ? Non, dit Baudoin Prot, son PDG, supprimer les paradis fiscaux n’est pas envisageable. Lorsque nous travaillons sur des places comme Jersey, le Luxembourg ou la Suisse, nous évitons le blanchiment d’argent. Mais, ajoute-t-il en substance, et à juste titre, les paradis fiscaux ne disparaîtront que lorsque les Etats auront la même politique fiscale. Que messieurs les assassins commencent ! Bref, les banquiers qui sont de simples intermédiaires, ont toujours les mains blanches. Dommage qu’ils n’aient pas de mains.
La bonne nouvelle du jour : l’investissement publicitaire est en baisse presque partout dans le monde, particulièrement aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest.
Mardi 09 Décembre 2008 – 08:20
Bernard Maris
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