Barack Obama a adressé, le 20 mars, aux dirigeants iraniens, un message solennel exprimant sa “détermination à rechercher un dialogue honnête fondé sur un respect mutuel”. Le geste est historique, tant il semble signaler le début d’un dégel, après presque trente ans d’absence de relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la République islamique.
Trente ans, c’est-à-dire depuis la spectaculaire prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran, qui avait scellé le basculement de l’Iran dans le rôle d’ennemi de Washington au Moyen-Orient. La diplomatie américaine semble prête à opérer un grand virage, rompant avec la décision prise en 2002 par l’équipe de George Bush de classer l’Iran dans l'”axe du Mal”, en dépit des efforts que Téhéran avait consentis contre les talibans en Afghanistan.
Ce retournement complet, s’il se confirme, évoque un précédent mémorable. En 1972, Richard Nixon avait stupéfié le monde en se rendant à Pékin pour rencontrer Mao Tsé- toung et établir, pour la première fois, des relations avec la Chine communiste. Les Etats-Unis cherchaient alors à se désengager du Vietnam et à élargir leur palette diplomatique dans la “guerre froide” contre l’Union soviétique. A la veille du voyage, Nixon avait griffonné sur un papier les priorités à aborder : “1. Taïwan – le plus crucial (en référence à la demande chinoise d’une réduction de la présence militaire américaine dans la région). 2. Vietnam – le plus urgent.”
L’époque est bien sûr différente, mais on peut imaginer que M.Obama ait rédigé la note suivante : “1. Garanties de sécurité – le plus crucial (pour le régime iranien, qui veut être assuré que Washington a cessé d’en vouloir à son existence même). 2. Irak, Afghanistan – le plus urgent (volonté américaine de trouver une issue à ces théâtres d’intervention militaire).” Le chantier est immense, et les chances de succès sont loin d’être garanties, face à un pouvoir iranien opaque et prompt à tergiverser. Rien n’indique que M. Obama puisse s’envoler de sitôt pour Téhéran. Washington veut privilégier une stratégie des petits pas.
La question centrale, passée sous silence dans le message de M. Obama, est celle des travaux nucléaires iraniens, qui se rapprochent d’une capacité militaire. La Russie est sollicitée pour accroître la pression sur Téhéran. Les Israéliens veulent des garanties, comme les pays arabes du Golfe. La diplomatie est réactivée, c’est une bonne chose. Mais le péril nucléaire iranien reste entier. Et le délai pour le neutraliser se réduit inexorablement.
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