Drug Trafficking: Three Malians Abducted by American Secret Service Agents

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Wal Fadjri (Dakar)

Sénégal: Trafic de drogue – Trois maliens enlevés par des agents secrets américains et exfiltrés aux Etats-Unis

Mamadou Aliou Diallo

23 Décembre 2009

Les services secrets américains viennent de réussir un sacré coup. Ils ont arrêté trois ressortissants maliens notoirement connus pour leur implication dans le trafic de drogue et leur appartenance au réseau terroriste Al Qaïda. Ces trois suspects qui ont été exfiltrés aux Etats-Unis, risquent la prison à vie s’ils sont reconnus coupables par la justice américaine.

Trois ressortissants maliens ont été appréhendés, mercredi dernier, à Accra au Ghana, par les services secrets américains et exfiltrés aux Etats-Unis. Les suspects sont poursuivis par la justice américaine pour trafic de drogue, collusion avec une organisation terroriste et financement d’activités terroristes par le trafic transnational de stupéfiants, notamment de la cocaïne. Près de 72 heures après leur arrestation, Oumar Issa, Harouna Touré et Idriss Abdelrahmane ont comparu devant un tribunal new-yorkais pour répondre de leurs actes, selon la presse américaine qui a largement commenté les péripéties quasi rocambolesques qui ont conduit à leur interpellation.

Selon le dossier d’instruction de 18 pages qui incrimine les trois suspects, il existe des liens étroits entre les cartels de la drogue sud-américains, notamment colombiens (les Farc, forces armées colombiennes : Ndlr), et la nébuleuse islamiste Al Qaïda. Un communiqué de presse publié, à cet effet, dans le Washington Post, par le procureur de New York, Preet Bharara, résume l’inquiétude des autorités américaines, devant l’alliance émergente entre le réseau terroriste Al Qaïda et les trafiquants de drogue transnationaux. ‘Les terroristes essaient de diversifier leurs sources de revenus par le trafic de drogue’.

Les trois suspects ont été arrêtés lors d’une opération coordonnée par un juge fédéral new yorkais et la Drug Enforcement Administration (Dea) basée aux Etats-Unis et au Ghana. Et ils risquent la prison à vie, s’ils sont reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés, selon la justice américaine. Leur arrestation constitue une très mauvaise publicité pour le Mali qui est déjà sur la sellette après la découverte, dans le nord malien, de l’épave d’un avion suspecté avoir transporté de la cocaïne en provenance de l’Amérique latine et de l’enlèvement d’un ressortissant français à Menaka, une localité située à environ 400 km au nord de la grande ville du nord, Gao.

Les suspects avaient été contactés au mois d’août dernier par un informateur de la Dea qui s’était fait passer pour un islamiste d’origine libanaise travaillant pour le compte des cartels de la drogue sud-américains, notamment colombiens dont les Forces armées colombiennes (Farc), qui ‘ont pris pour cible les citoyens américains avec des attentats à la bombe, enlèvements et autres actes de violence ces dernières années’. Il n’en fallait plus pour que l’un des Maliens morde à l’hameçon. Il expliquera alors en détail à l’agent de la Dea, les plans qui lui permettent de faire passer la drogue à travers les mailles de la douane sans être inquiété. Il promettra ainsi de pouvoir faire parvenir la marchandise, sans encombre, à ses associés, à travers le désert. Il lui donne le nom de Harouna Touré qu’il décrit comme le personnage principal du réseau qui a des contacts en Tunisie. Ce qui permit à l’agent de la Dea de rencontrer ce dernier et vérifier son indenté.

A en croire la presse américaine, le Malien aurait déclaré à son interlocuteur, durant cet entretien, ‘que son organisation et Al Qaïda ont collaboré dans le trafic d’êtres humains, notamment du journaliste bangladais, de citoyens indiens et pakistanais en Espagne’. Le sieur Touré aurait, par ailleurs, indiqué avoir joué un rôle, de tout premier plan, dans les tentatives de kidnapping des expatriés européens, au cours de ces dernières années. Il est d’ailleurs décrit par d’autres informateurs américains qui l’ont rencontré, au mois de novembre dernier au Ghana, comme un roi du désert, tout comme son complice, Abdelrahmane. A noter que cinq autres ressortissants maliens avaient aussi été arrêtés récemment en Espagne pour trafic de drogue et intelligence avec la mouvance islamiste d’Ossama ben Laden.

La bande sahélo-saharienne est en passe de devenir une zone de prédilection des terroristes se réclamant du réseau Al Qaida et autres trafiquants de drogue. La porosité des frontières entre les pays ayant en partage cette vaste étendue de désert et la faiblesse des moyens militaires et humains des Etats concernés, notamment le Mali, la Mauritanie, le Niger et l’Algérie, rendent difficile la lutte contre ce fléau. Les autorités américaines qui tentent, depuis des années, de combattre la criminalité transfrontalière, ont décidé d’être plus regardantes sur les activités qui se déroulent dans ce ‘no man’s land’, en infiltrant les groupuscules des malfaiteurs qui y sévissent.

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