The Moon is Dead, Long Live Mars!

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La lune est morte, vive Mars! Jacques Villain member of the academie de l’air et de lespace

Les différentes annonces du président Barack Obama sur la conquête spatiale déconcertent. Un objectif toutefois demeure : permettre aux États-Unis de disposer d’un lancer lourd d’ici dix ans pour remplacer la navette dont le dernier vol est prévu cet automne. Mais, une chose est certaine, l’Amérique n’a plus les moyens de se payer seule un programme d’exploration spatiale.

En février, le président Barack Obama mettait un terme au programme Constellation de retour sur la Lune. Les raisons de cet abandon sont multiples : coûts, financement insuffisant, manque d’innovation mais surtout crise économique. Et contrairement à Apollo, Constellation ne bénéficiait pas d’un grand soutien du public. Mais, comme pour consoler la Nasa de la perte de Constellation, ou rassurer les élus de Floride ou du Texas, Obama s’est engagé à augmenter son budget de 6 milliards de dollars sur cinq ans ! Effet d’annonce comme souvent dans le passé pour ses prédécesseurs ou volonté réelle d’aller de l’avant ? L’avenir le dira.

Si le retour sur la Lune n’est plus considéré, l’objectif général reste bien de poursuivre l’exploration humaine du système solaire qui se ferait alors par étapes successives : vers 2025, envoi de vaisseaux autour de la Lune puis débarquement sur un astéroïde et, vers le milieu des années 2030, envoi d’hommes autour de Mars puis sur la planète rouge. Il n’exclut pas le retour sur la Lune mais indique que « Buzz (Aldrin) y est déjà allé ». Alors qu’en 2004 la Nasa avait avancé 200 bonnes raisons de retourner sur la Lune, six années plus tard, la Lune est devenue sans intérêt. Le vol habité américain a bien du mal à se fixer un cap à long terme et à s’y tenir.

Mais pour les quinze ans à venir, la vision spatiale du nouveau président se résume, pour l’essentiel, à retourner aux études et à exploiter la Station spatiale internationale tout en incitant le secteur privé à investir dans les vols habités. Mettre l’accent sur la recherche et le développement de technologies, notamment pour de futurs lanceurs lourds, n’est pas nouveau. C’est la énième fois depuis vingt-cinq ans que l’on assiste à la mise en place d’une telle stratégie qui n’a d’ailleurs jamais permis d’aboutir à des résultats probants. Ce qui fait aussi débat est la volonté du président de voir des sociétés privées s’engager en partenariat avec la Nasa dans les vols habités. Là encore, ce n’est pas nouveau. En 2006, l’administration Bush avait lancé le programme Commercial Orbital Transportation Services (Cots) impliquant l’industrie privée pour desservir l’ISS. En fait, il s’agissait essentiellement de soulager les finances de la Nasa qui comptait dégager, de la sorte, plus de crédits pour Constellation. Mais, le scepticisme règne actuellement aux États-Unis sur la capacité de l’industrie privée à se substituer, au moins en partie, à la Nasa dans le domaine des vols habités.

Toutefois, un objectif demeure. Alors que la navette sera retirée du service, les Américains ne pourront aller dans l’espace que grâce au Soyouz russe. Il s’agit donc de limiter cette dépendance au minimum en développant un nouveau vaisseau qui ne verra probablement pas le jour avant dix ans. Déjà, les Russes augmentent les prix. Facturé 26 millions de dollars par astronaute, jusqu’en mai 2009, le prix d’un siège de Soyouz a grimpé à 51 millions et depuis avril 2010, il est de 56 millions pour les vols de 2013 et 2014. Cependant, résultat d’un compromis, Obama concède à la Nasa la réalisation d’une version simplifiée de la capsule Orion du programme Constellation pouvant servir de vaisseau de sauvetage de l’ISS.

Il n’est donc pas évident que l’investissement privé puisse prendre le relais de celui de la Nasa avant longtemps. Aujourd’hui, personne, pas même des sociétés comme Lockheed Martin, Boeing ou EADS, ne peut se payer le développement d’un vaisseau, d’un lanceur spatial à hauteur de 10 à 15 milliards d’euros et encore moins la réalisation d’une infrastructure dans l’espace ou sur la Lune ou Mars. En tout cas, une chose est sûre : la pénurie des crédits devrait accroître la coopération internationale. Et c’est peut-être ce que l’on pouvait souhaiter de mieux à la conquête spatiale. La décision d’Obama montre à l’évidence que même les États-Unis n’ont plus les moyens de se payer, seuls, un programme d’exploration humaine de l’espace. La conquête spatiale américaine est donc à un nouveau tournant de son histoire. Elle va prendre une dizaine d’années de réflexion pour se donner les moyens d’aller plus loin. Souhaitons, en tout cas, que ce nouvel objectif visé par le président Obama soit partagé et que l’on s’y tienne.

Les différentes annonces du président Barack Obama sur la conquête spatiale déconcertent. Un objectif toutefois demeure : permettre aux États-Unis de disposer d’un lancer lourd d’ici dix ans pour remplacer la navette dont le dernier vol est prévu cet automne. Mais, une chose est certaine, l’Amérique n’a plus les moyens de se payer seule un programme d’exploration spatiale.

En février, le président Barack Obama mettait un terme au programme Constellation de retour sur la Lune. Les raisons de cet abandon sont multiples : coûts, financement insuffisant, manque d’innovation mais surtout crise économique. Et contrairement à Apollo, Constellation ne bénéficiait pas d’un grand soutien du public. Mais, comme pour consoler la Nasa de la perte de Constellation, ou rassurer les élus de Floride ou du Texas, Obama s’est engagé à augmenter son budget de 6 milliards de dollars sur cinq ans ! Effet d’annonce comme souvent dans le passé pour ses prédécesseurs ou volonté réelle d’aller de l’avant ? L’avenir le dira.

Si le retour sur la Lune n’est plus considéré, l’objectif général reste bien de poursuivre l’exploration humaine du système solaire qui se ferait alors par étapes successives : vers 2025, envoi de vaisseaux autour de la Lune puis débarquement sur un astéroïde et, vers le milieu des années 2030, envoi d’hommes autour de Mars puis sur la planète rouge. Il n’exclut pas le retour sur la Lune mais indique que « Buzz (Aldrin) y est déjà allé ». Alors qu’en 2004 la Nasa avait avancé 200 bonnes raisons de retourner sur la Lune, six années plus tard, la Lune est devenue sans intérêt. Le vol habité américain a bien du mal à se fixer un cap à long terme et à s’y tenir.

Mais pour les quinze ans à venir, la vision spatiale du nouveau président se résume, pour l’essentiel, à retourner aux études et à exploiter la Station spatiale internationale tout en incitant le secteur privé à investir dans les vols habités. Mettre l’accent sur la recherche et le développement de technologies, notamment pour de futurs lanceurs lourds, n’est pas nouveau. C’est la énième fois depuis vingt-cinq ans que l’on assiste à la mise en place d’une telle stratégie qui n’a d’ailleurs jamais permis d’aboutir à des résultats probants. Ce qui fait aussi débat est la volonté du président de voir des sociétés privées s’engager en partenariat avec la Nasa dans les vols habités. Là encore, ce n’est pas nouveau. En 2006, l’administration Bush avait lancé le programme Commercial Orbital Transportation Services (Cots) impliquant l’industrie privée pour desservir l’ISS. En fait, il s’agissait essentiellement de soulager les finances de la Nasa qui comptait dégager, de la sorte, plus de crédits pour Constellation. Mais, le scepticisme règne actuellement aux États-Unis sur la capacité de l’industrie privée à se substituer, au moins en partie, à la Nasa dans le domaine des vols habités.

Toutefois, un objectif demeure. Alors que la navette sera retirée du service, les Américains ne pourront aller dans l’espace que grâce au Soyouz russe. Il s’agit donc de limiter cette dépendance au minimum en développant un nouveau vaisseau qui ne verra probablement pas le jour avant dix ans. Déjà, les Russes augmentent les prix. Facturé 26 millions de dollars par astronaute, jusqu’en mai 2009, le prix d’un siège de Soyouz a grimpé à 51 millions et depuis avril 2010, il est de 56 millions pour les vols de 2013 et 2014. Cependant, résultat d’un compromis, Obama concède à la Nasa la réalisation d’une version simplifiée de la capsule Orion du programme Constellation pouvant servir de vaisseau de sauvetage de l’ISS.

Il n’est donc pas évident que l’investissement privé puisse prendre le relais de celui de la Nasa avant longtemps. Aujourd’hui, personne, pas même des sociétés comme Lockheed Martin, Boeing ou EADS, ne peut se payer le développement d’un vaisseau, d’un lanceur spatial à hauteur de 10 à 15 milliards d’euros et encore moins la réalisation d’une infrastructure dans l’espace ou sur la Lune ou Mars. En tout cas, une chose est sûre : la pénurie des crédits devrait accroître la coopération internationale. Et c’est peut-être ce que l’on pouvait souhaiter de mieux à la conquête spatiale. La décision d’Obama montre à l’évidence que même les États-Unis n’ont plus les moyens de se payer, seuls, un programme d’exploration humaine de l’espace. La conquête spatiale américaine est donc à un nouveau tournant de son histoire. Elle va prendre une dizaine d’années de réflexion pour se donner les moyens d’aller plus loin. Souhaitons, en tout cas, que ce nouvel objectif visé par le président Obama soit partagé et que l’on s’y tienne.

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