Karl Rove’s Maneuvers

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On le croyait disparu, parti dans les valises de George W. Bush, sa créature, à la retraite. Les Démocrates avaient célébré son départ, pensant qu’avec la victoire de Barack Obama, sa carrière politique était terminée. Mais l’homme qui a permis à W. d’accéder au pouvoir (avec un bon coup de pouce de la Cour Suprême dirigée par l’archi conservateur, Chief Justice William Rehnquist), est de retour sur la scène politique. Karl Rove is back.

En avril dernier, Rove a rassemblé autour de lui, dans sa résidence de Washington, certains de ceux qui avaient, en 2004, travaillé à la réélection de Bush. Parmi ces fidèles, Mary Cheney, la fille de Dick Cheney, l’ex-veep, Fred Malek, l’ancien collecteur de fonds pour les Républicains, et quelques autres. Bien sûr Rove n’avait pas complètement disparu. Il collabore au Wall Street Journal et est analyste sur Fox News, deux médias qui occupent le devant de la scène conservatrice.

Depuis des mois, Rove a constitué une sorte de Parti Républicain de l’ombre, tissant un réseau de financiers et d’hommes de terrain très expérimentés et très puissants, afin de redonner au Parti républicain le contrôle du Congrès en novembre prochain. En particulier, Karl Rove a réuni à nouveau certains des milliardaires qui avaient soutenu George W. Bush : Harold C. Simmons, par exemple, un milliardaire texan, dont la société est une des principales dans le secteur du traitement des déchets, notamment radioactifs, opposé à une réglementation trop stricte ; Carl Lindner Jr., PDG d’American Financial Group, et quelques autres.

Rove, qui s’est dernièrement opposé à certains représentants du Tea Party, dispose d’un fonds de 32 millions de dollars qu’il utilise pour soutenir des groupes en dehors du Parti républicain et qui remplissent le rôle que le GOP, affaibli par la personnalité de son président, Michael Steele, devrait jouer. American Crossroads, un des groupes financés par l’organisation de Rove, prévoit de diffuser à la télévision plusieurs dizaines de milliers de messages anti-Démocrates, d’envoyer 40 millions de lettres à des sympathisants pour les encourager à voter, et d’activer 20 millions d’appels téléphoniques automatiques.

L’activisme de l’ancien conseiller de W. n’est pas considéré avec bienveillance par tout le monde dans le camp conservateur. Rove symbolise tout ce que les activistes du mouvement du Tea Party exècrent : l’establishment washingtonien. À plusieurs reprises, déjà, Sarah Palin a attaqué Rove, décrit comme le représentant de la «ruling class». Il n’est pas certain que les millions de dollars dépensés par Rove réussiront à faire élire des candidats républicains plus «respectables», à ce moment de l’histoire américaine où le sentiment anti-establishment, qu’il soit républicain ou démocrate, est si violent.

Richard Viguerie, depuis des décennies l’un des principaux collecteurs de fonds des Républicains rallié au Tea Party, affirmait récemment : «Après les élections de novembre, une bataille historique va s’engager pour le coeur et l’âme du Parti républicain.» En clair : «Nous réglerons nos comptes en novembre.» Ca promet quelques belles empoignades.

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