Context: McCarthyism 2.0

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La dernière initiative de Peter King, un député fédéral de Long Island, a des relents de maccarthysme que ses détracteurs n’ont pas manqué de relever. Ce politicien républicain, qui préside le Comité de la sécurité intérieure de la Chambre basse à Washington, a convoqué la semaine dernière une audience sur «la radicalisation des musulmans américains» dans les locaux mêmes où Joe McCarthy terrorisait jadis ceux qui ne partageaient pas ses idées ultraconservatrices en leur accolant l’étiquette de «communistes».

En 1954, les audiences du «Comité des activités non américaines» avaient duré 36 jours sans qu’on réussisse à prouver le complot communiste inventé par le bouillant sénateur. Le comité présidé par M. King n’a siégé qu’une seule fois sans qu’on n’entrevoie non plus les preuves d’un complot islamo-terroriste. En revanche, ce spectacle a déjà valu à son concepteur d’être encensé par plusieurs et d’être tout aussi largement qualifié de démagogue par d’autres.

Comme beaucoup de politiciens américains, M. King a souvent exploité la méfiance de ses concitoyens à l’égard de leur communauté musulmane. Celle-ci compte entre 1,3 et 7 millions d’individus. (Aux États-Unis, le recensement ne comporte pas de questions sur la religion). Il l’a encore fait ces dernières années, après la fusillade de Fort Hood (perpétrée par un psychiatre militaire musulman fanatisé) en novembre 2009 et l’attentat raté à Times Square en mai 2010.

Il faut préciser que Peter King n’appartient pas à la frange la plus extrémiste de sa formation politique. Avant septembre 2001, il entretenait de bonnes relations avec les musulmans de sa circonscription. Plus récemment, il a appuyé le resserrement des lois sur les armes à feu proposé par une sénatrice démocrate après une autre fusillade, celle de Tucson.

Il reste que le libellé même du mandat de l’audience du 10 mars — «l’ampleur de la radicalisation des musulmans américains et la réaction de cette communauté» — donnait vraiment l’impression que le but était de stigmatiser toute une communauté plutôt que de faire la lumière sur un problème de sécurité sans préjuger des résultats de l’enquête.

Un des principaux témoins ayant comparu devant le comité, le shérif Lee Baca de Los Angeles, a affirmé que les musulmans de sa région collaboraient avec les autorités dans la lutte contre le terrorisme, qu’en fait 48 des 120 musulmans arrêtés pour complot terroriste aux États-Unis depuis le 11-Septembre avaient été dénoncés par des coreligionnaires. Citant une étude universitaire, il a ajouté que la majorité des complots terroristes ourdis depuis lors aux États-Unis avaient été le fait de non-musulmans (77 cas, contre 41 attribuables aux fidèles de Mahomet).

On ignore combien d’autres audiences M. King convoquera sur le sujet. Celle du 10 mars a été précédée par des manifestations de soutien à la communauté musulmane américaine, et suivie d’un bon nombre d’éditoriaux virulents à l’égard du représentant de Long Island.

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