Navy Yard Pouvait-on l’éviter?
Philippe Coste
12 morts, un tueur fou, et les mêmes questions. Aaron Alexis, l’auteur du carnage du 17 septembre dans l’enceinte du Navy Yard, bureaux administratifs de la Marine américaine à Washington, entendait des voix depuis des années, et s’était plaint à la police, lors d’un séjour à l’hôtel un mois plus tôt, de mystérieux tourmenteurs qui « envoyaient des vibrations dans son corps » via le four à micro-ondes de sa chambre. A la suite de plusieurs incidents, il avait été exclu de la réserve militaire en 2011, mais son dossier, expurgé à la suite d’un recours, ne laissait transparaître aucun problème, ce qui lui avait permis de poursuivre une carrière de contractuel civil des forces armées. Alexis, responsable de deux incidents avec des armes à feu, s’est lui-même présenté deux fois dans un service psychiatrique. Sa schizophrénie n’a pourtant fait l’objet d’aucun suivi. Pour le professeur E. Fuller Torrey, psychiatre des hôpitaux militaires, le drame illustre « cinquante ans de déliquescence des politiques de santé publique américaine ». Mais aurait-on pu interner le malade de force ? Rien n’avait été tenté lorsqu’il avait tiré dans les pneus d’une camionnette mal garée près de chez lui à Seattle, ou, selon lui accidentellement, à travers son plafond, dans l’appartement d’une voisine.
De même, que dire du contrôle des armes à feu ? Si cet individu avait été déclaré malade mental, il n’aurait pu acheter une arme à feu aussi facilement. L’armurier de Virginie a d’ailleurs scrupuleusement suivi la règlementation en refusant de lui remettre immédiatement une arme d’assaut du type AR 15, en raison de sa résidence dans un autre Etat. Cela ne l’a pas empêché d’acheter un fusil de chasse et d’en bricoler la chevrotine (de la taille de roulements à billes) pour la rendre mortelle. Pour l’instant, la fusillade de Navy Yard n’a suscité aucun commentaire de la National Rifle Association, le lobby du droit au port d’arme tant décrié lors du massacre de Newtown, et le media américains se sont bien gardés d’aborder ce terrain, se contentant d’éloges funèbres émouvants des 12 victimes.
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