Le président pourrait s’adresser à l’ONU pour faire avaliser sa politique, au grand dam d’Israël
Pour Barack Obama, la réélection de Benyamin Netanyahou relève presque du scénario catastrophe. Le président américain l’a répété mercredi par l’entremise de son porte-parole: seule une solution à deux Etats est à même de réduire les tensions israélo-palestiniennes et une sortie négociée de la crise sur le programme nucléaire iranien est de loin la meilleure option. Le premier ministre israélien vient de faire volte-face pour s’opposer à l’émergence d’un Etat palestinien et a fait l’affront à Barack Obama de venir parler devant le Congrès américain pour saper la politique iranienne de la Maison-Blanche. Le premier est démocrate, le second a le soutien inconditionnel des républicains du Congrès. Mercredi, ces derniers furent les premiers à féliciter Benyamin Netanyahou. Pour les plus conservateurs, l’équation est simple: «Victoire de Netanyahou, défaite d’Obama.»
Hier, la Maison-Blanche n’avait pas encore félicité le vainqueur des élections. Les relations entre Netanyahou et Obama, déjà très mauvaises, pourraient encore se détériorer. Or Israël risque d’avoir plus que jamais besoin du soutien diplomatique américain. Le premier ministre israélien a accru l’isolement de son pays. Sa politique irrite de plus en plus les chancelleries européennes.
Les Etats-Unis ne vont pas abandonner soudainement leur soutien à Israël, inscrit dans l’ADN de leur politique. Sous la présidence Obama, Washington a développé les liens entre les deux pays. Washington verse 3,1 milliards de dollars par an d’aide militaire à Israël.
Sanctions universelles
Mais Barack Obama n’a plus grand-chose à perdre à moins de deux ans de la fin de sa présidence. Ce d’autant que la communauté juive américaine est désormais extrêmement divisée. La Maison-Blanche va néanmoins au-devant de vrais problèmes. Jusqu’ici, elle s’est systématiquement opposée, à l’ONU, à toute résolution allant à l’encontre des intérêts d’Israël. Selon l’ex-négociateur de l’administration Obama pour le moribond processus de paix, Martin Indyk, il n’est pourtant pas exclu que l’administration en réfère au Conseil de sécurité pour asseoir la solution à deux Etats. Il n’est pas exclu non plus qu’elle saisisse ce même Conseil pour faire avaliser un accord sur le nucléaire iranien afin de contourner un Congrès hostile.
Pour l’administration, il sera plus ardu de justifier son opposition à l’adhésion de la Palestine à certains organismes onusiens. Son ex-émissaire George Mitchell est lui-même atterré. Sur MSNBC, il l’admet: «Cette situation m’est très pénible. En 2009, j’avais rencontré une vingtaine de leaders arabes qui affirmaient presque tous qu’ils ne croyaient pas Netanyahou quand il disait être favorable à une solution à deux Etats.» Aujourd’hui, Netanyahou leur donne raison. Mais la plus grande crainte de George Mitchell a trait à un possible accord avec Téhéran. Si le premier ministre israélien et une partie du Congrès en empêchent la mise en œuvre, «il y aura de sérieuses conséquences». L’une d’elles serait de transformer des sanctions «universelles, donc efficaces», en des sanctions purement américaines et «inefficaces».
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