« Mother Emanuel » à Charleston : plus qu’une église, un symbole
L’auteur de la tuerie de Charleston (Caroline du Sud), mercredi 17 juin, savait-il qu’il visait un symbole ? L’homme qui a ouvert le feu aurait été arrêté jeudi matin à Shelby, en Caroline du Nord, selon les médias américains. Il avait été identifié comme étant Dylann Roof, 21 ans. L’église méthodiste Emanuel, où le suspect a été repéré par des caméras de surveillance, est un lieu de culte chargé d’histoire pour les Afro-Américains. Fondée au début du XIXe siècle en réaction à la ségrégation par une congrégation méthodiste noire, l’église est immédiatement considérée avec méfiance par le pouvoir blanc.
Une révolte d’esclaves à l’instigation d’une des figures de la paroisse, en 1822, entraîne sa destruction, rappelle la presse américaine. La congrégation passe dans la clandestinité et participe aux réseaux secrets qui permettent aux esclaves en fuite de gagner les Etats du Nord, abolitionnistes. Il faut attendre la fin de la guerre civile, en 1865, pour que le bâtiment soit rebâti. Victime d’un tremblement de terre en 1886, il est à nouveau reconstruit sous sa forme néogothique actuelle.
En 1962, Martin Luther King y prend la parole
A la lutte contre l’esclavage s’est substituée celle en faveur des droits civiques pour la congrégation méthodiste. « Mother Emanuel », le surnom donné au lieu de culte, accueille ainsi en 1909 Booker T. Washington. Née esclave, cette figure du nouveau combat de la communauté noire américaine n’est pas la dernière à s’y exprimer. En 1962, Martin Luther King vient également y prendre la parole, comme Roy Wilkins, pilier de la National Association for the Advancement of Colored People. Un an après la mort de Martin Luther King, en 1968, Coretta Scott King, sa veuve, organise une marche de soutien à des employés noirs d’un hôpital, renvoyés pour avoir demandé une augmentation de salaire, qui part de l’église.
Parmi les personnes tuées mercredi figure le pasteur de l’église, Clementa Pinckney. Également sénateur démocrate de l’Etat de Caroline du Sud, ce dernier avait milité activement en faveur d’un projet de loi visant à équiper la police de caméra au lendemain de la mort d’un Afro-Américain, Walter Scott, tué par un policier après un banal contrôle routier.
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