En 1801, le président John Adams, successeur de George Washington, perd la présidentielle et remet le pouvoir au vainqueur, Thomas Jefferson, inaugurant ainsi, très tôt dans l’histoire de la jeune démocratie, la tradition du respect du résultat des urnes et du « transfert pacifique du pouvoir ». C’est à ce fondement de la démocratie électorale américaine que Donald Trump a jugé utile de s’attaquer à nouveau en refusant mercredi soir, à Las Vegas, de dire s’il acceptera l’issue de l’élection du 8 novembre prochain — qu’Hillary Clinton remportera probablement.
En fin de soirée, sur les tribunes médiatiques, ses spins doctors poussaient le bouchon plus loin et défendaient les propos sacrilèges de leur candidat en affirmant mensongèrement qu’à l’élection de 2000, mal gagnée par George W. Bush, le démocrate Al Gore n’avait pas fait autrement quand l’imbroglio autour des résultats dans l’État de la Floride avait éclaté…
Vivement le 8 novembre qu’on en finisse avec ce cirque.
Une manipulation en attirant une autre, l’ambiguïté que M. Trump entretient autour de la reconnaissance des résultats du scrutin est induite par les accusations d’« élections truquées » qu’il lance depuis quelques semaines. Ce qui revient à faire l’impasse, faut-il le rappeler, sur le fait très bien documenté qu’en matière d’« élections truquées », les républicains sont depuis longtemps passés maîtres en tactiques de suppression du vote des minorités.
L’homme a continué pendant ce troisième et dernier débat de donner des signes d’autodestruction — tout en parvenant toujours à recueillir environ 40 % des intentions de vote, ce qui est proprement paniquant. En fait, pour tous les hauts cris provoqués par ses plus récentes déclarations, il se trouve qu’elles ne sont pas sacrilèges pour les Américains qui le soutiennent bec et ongles. Au contraire puisque sa contestation de la légitimité du processus électoral va dans le sens de la charge qu’il mène contre l’establishment et un monde politique incorrigiblement bicéphale.
Mme Clinton a été fort habile mercredi, à défaut d’être transparente. Elle a drôlement bien pirouetté autour des questions sur WikiLeaks et la Fondation Clinton. Elle a continué de voguer vers la présidence.
Vaincu, M. Trump finira par rentrer dans ses contrées télé-réelles. Mais la campagne aura laissé des traces, indubitablement. De quoi sera donc faite la présidence de Mme Clinton ? Entre M. Trump et Bernie Sanders, il faut espérer qu’en gestes et non seulement en paroles, elle fera l’effort de porter un projet national qui soit un peu moins sensible aux appétits des lobbys et des élites ; et un peu plus aux besoins des gens.
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